Conclusion
Pour terminer ce second livre, nous reprendrons de nouveau chacun des grands chapitres pour en faire un résumé.
Nos deux premières parties traitaient des arguments favorables ou non à l'existence de Dieu. Nous avons vu alors que si l'on suit la méthode logique, il était possible de déduire l'existence de Dieu par différents procédés, mais impossible d'en inférer sa non-existence, pour la simple et bonne raison que la vérité ne peut s'opposer à la vérité. Sous la seule condition de bien définir Dieu préalablement comme le Dieu des religions monothéistes révélées.
Tout autre argument était soit irrationnel, soit incomplet, ce qui nous a amenés à différencier ces démonstrations de celles du philosophe Kant, plus sérieuses et construites. Dans une pensée complexe qui n'a pas lieu d'être, pour Emmanuel Kant, le concept de Dieu est une idée subjective spéculative, qui n'a de rapport qu'à la croyance, ce n'est pour lui qu'une hypothèse en laquelle chacun d'entre nous à la liberté d'adhérer. On voit alors se dessiner, les prémisses du culte réservé au domaine privé. En réalité, Kant, en refusant le dogmatisme de l'idée de Dieu, rejette alors le dogmatisme de la vérité et d'un monde réel.
À travers son excès de rationalisme, Kant réduit la métaphysique à la simple philosophie, et ne franchit pas la véritable nature métaphysique de la connaissance. Ce qui nous a conduit à nous interroger sur les limites de la philosophie et la nécessité de la métaphysique. Cette dernière, extrêmement controversée en raison de sa proximité avec la morale, et la connaissance ésotérique du monde, permet le lien entre la réalité terrestre et la réalité céleste, soit le lien des sciences physiques et de la théologie.
L'Occident a vu sa métaphysique se fragiliser, en raison de l'idéologie individualiste et spéculative dominante des Lumières, préparant la révolution. Nous avons alors démystifié cette philosophie idéalisée, qui s'est opposée bien plus loin que le simple pouvoir religieux, s'engageant également idéologiquement dans les contre-valeurs des religions traditionnelles, à savoir l'ethnocentrisme, le racisme, l'égoïsme, l'élitisme, voir même le suprématisme, par une vision de l'universel complétement étriqué.
Nous ne pouvons certes pas mettre tous les philosophes des Lumières dans le même panier. On nous reprochera d'avoir réduit le courant des Lumières a quelques intervenants, mais ce que nous aimerions préciser que ce qui compte, ce sont les actes et non simplement les dires et les écrits. Il y a eu globalement deux visions opposées dans le courant des Lumières, l'un aurait pu se faire en continuité avec l’Église, constituant un courant proche de l'humanisme, l'autre a voulu s'en émanciper et rompre avec le spirituelle, pour donner place à la spéculation, et à l'intérêt de quelques-uns. Il se trouve que sur le plan politique, la seconde a eu lieu, et ceux qui idéalisent les Lumières, font en général référence à des écrits qui n'ont pas été appliqués ni mis en place, et sont souvent incompatibles, avec la vision des Lumières qu'ont nos élites d'aujourd'hui.
Par la suite, nous connaissons les conséquences de cette révolution de 1789. Une révolution industrielle qui va suivre, dont le progrès technologique et technique fut exponentiel, et aucunement égalé dans l'histoire, tout simplement dû au fait que l'on ne se posait plus la question des conséquences, à savoir si ce que l'on faisait était bien ou si cela était mal. C'était nouveau, donc forcément bien pensaient-ils, toujours au nom de la Raison.
« Aujourd'hui, — et c'est là le fruit, le produit de la Renaissance, de la Réforme et de la Révolution, — le point de vue a changé, le but n'est plus le même; ce qui est voulu, ce qui est poursuivi, non par des individus isolés, mais par l'impulsion donnée à toute l'activité sociale, c'est l'amélioration des conditions de la vie présente pour arriver à une plus grande, à une plus universelle jouissance. Ce qui compte comme « progrès », ce n'est point ce qui contribue à Une plus grande perfection morale de l'homme, mais ce qui accroît sa domination sur la matière et la nature, afin de les mettre plus complètement et plus docilement au service du bien-être temporel. Pour atteindre ce bien-être, ont été successivement proclamées nécessaires l'indépendance de la raison vis-à-vis de la Révélation, l'indépendance de la société civile vis-à-vis de l'Eglise, l'indépendance de la morale vis-à-vis de la loi de Dieu : trois étapes dans la voie du PROGRÈS poursuivi par la Renaissance, la Réforme et la Révolution. »— Mgr Henri DelassusLe Siècle des Lumières fut une fracture avec la religion pour la civilisation occidentale. Ce que nous voulions montrer, c'est que l'Histoire ne va pas forcément en progressant, ce n'est pas parce que c'est demain que c'est mieux, ce n'est pas parce que c'est nouveau que c'est bien. Le progrès technique n'est pas forcément le progrès humain, telle est l'illusion que l'on nous inculque. D'ailleurs, l'innovation aujourd'hui est souvent entreprise en fonction du profit qu'elle peut rapporter et non en fonction de son utilité, simplement parce que le système est construit ainsi.
L'homme est devenu de plus en plus asservi par une structure de société pyramidale, entièrement guidé par le capitalisme, depuis l'époque de la Révolution. Les volontés humaines n'ont plus leur mot à dire, mais le profit est prioritaire. L'inversement métaphysique du projet maçonnique fonctionne bien, car l'Ordre naturel est substitué, on passe de l'être à l'avoir, du spirituel harmonisé au terrestre, au tout terrestre, soit au matérialisme. Ce matérialisme lié au capital fait naître des idéologies spéculatives et mortifères pour l'humanité. Cela reste cohérent avec la vision élitiste et pessimiste de l'homme qui s'étend bien entendu jusqu'à la vie dans toutes ces formes, faisant naître des cultures de mort et de désenchantement du monde.
« Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité. »— Albert EinsteinLorsque nous n'avons pas la culture historique, souvent, nous pensons avoir des idées progressistes, or ces connaissances que l'on nous cache sciemment, permettraient de nous faire comprendre que nos idées sont rétrogrades. Par exemple, le matérialisme des Lumières n'est rien d'autre qu'une réapparition du matérialisme de l'Égypte Antique, sous une forme différente, évidemment, liée au contexte de l'époque.
Chaque chose à une conséquence, y compris les idées des hommes. Nous avons encore les moyens de renverser ce nouvel ordre, pour en revenir à la tradition, que l'on retrouve à travers l'ensemble des écrits révélés.
Il était important de comprendre dans quel contexte, les musulmans d'aujourd'hui en France évoluent, d'où vient l'hostilité envers les religions révélées de la part des milieux sécularisés. Par le passé, la majorité des hommes étaient croyants, et cet athéisme omniprésent en France n'est en réalité que très récent, lié à la laïcité de 1905. Il est important de comprendre tout cela pour ne pas reproduire les mêmes erreurs et tomber dans les mêmes pièges que les Chrétiens, tout en tirant les leçons nécessaires.
À l'époque, la crainte de Dieu nous faisait craindre seulement notre propre sort dans l'au-delà. Ce qui permettait un certain ordre social, parce qu'il suffisait de respecter la morale pour espérer le paradis. Aujourd'hui, la peur de l'au-delà n'est plus, parce qu'elle ne parait plus comme une certitude aux yeux de certain, et cette peur s'est transférée dans la vie d'ici-bas, en témoigne l'angoisse de la mort, du lendemain, qui est bien pire d'un point de vue morale, et ce reflète chaque jour dans le désordre de nos sociétés occidentales.
Enfin, nous avons développé une partie des fondements et des principes de la philosophie islamique, fortement ignorée par la communauté musulmane, ou du moins, si elle n'est pas ignorée, son éthique est loin d'être encore reflétée. L'Islam a vécu un âge d'or en tant que civilisation, mais il ne faudrait pas se tromper en disant que le Coran aurait à lui tout seul, permis l'illumination de cette partie du monde. Le Coran a provoqué le sursaut, le réveil du monde arabe, qui s'est alors intéressé aux sciences du monde entier. Aussi bien la philosophie grecque que la littérature perse, renforcèrent la compréhension du Coran, et surtout de rationaliser, sans désacraliser, les dogmes de l'islam.
Le monde arabe d'aujourd'hui, de plus en plus matérialiste, sur les traces de l'Occident, commence à avoir une approche de lecture très ethnocentrique de la compréhension de l'islam, et se refuse parfois à penser que la connaissance puisse venir de l'extérieur du monde musulman. Pourtant, toutes les découvertes des sciences du monde occidental, entraînèrent, à la fin du XXème siècle, et au début du deuxième millénaire, de dévoiler l'incroyable puits de science qu'est le Coran, et les nombreux miracles qu'il renferme. Toutes ces découvertes de la science moderne seront le sujet incontournable de notre prochain livre.