Islam, Vote et Démocratie

Avant-Propos

par Anthony Ghelfo 2019

Introduction


Ce présent ouvrage nʼa pas été conçu dans un esprit partisan. Il nʼa pas été réalisé dans le but de vous dire pour qui voter, quelle tendance idéologique ou quelle famille politique, car nous nous refusons à lʼidée même quʼil puisse exister un vote confessionnel. De plus, nous ne sommes pas là pour vous intimider ou vous dire qu’il faudrait obligatoirement voter. Cet écrit sʼadresse avant tout aux musulmans de France, et résulte d’un sentiment d’injustice devant une problématique dont les réponses sont encore nourries par des discours idéologiques, et par l’incapacité de certains de nos imams français à répondre clairement à ces questions. Il sʼagit du caractère licite du vote musulman en République française, bien fondé du point de vue des sources islamiques authentiques. Depuis quelques années maintenant, un groupe d’activistes fait pression sur la communauté musulmane francophone, à l’aide des réseaux sociaux, en vue d’appeler celle-ci à s’abstenir de toute participation au vote électoral, et ceci, pour de fallacieux motifs. Des non-musulmans opportunistes reprennent et diffusent ces mêmes allégations. Le moindre appel à la participation des musulmans aux élections de la part de nos imams en France est interprété, par ces milieux sectaires, comme un ordre venant directement du système républicain : tout imam bénéficiant dʼun peu de visibilité médiatique rentre officiellement dans la catégorie renommée des soi-disant « imams du système » ; tel est le discours convenu dans les sectes dʼinternet.

Dans cet ouvrage, nous allons défaire cet argumentaire, montrer toutes les contradictions et les incohérences auxquelles il conduit. Nous nous aiderons des outils méthodologiques reconnus par les grandes écoles de lʼislam. Cela nous permettra de revenir sur lʼarchitecture, lʼorganisation et lʼagencement des sciences dites « islamiques », pour essayer dʼy voir plus claire, et pourquoi pas, lʼactualiser en la rendant beaucoup plus compréhensible et moins idéologique. Enfin, nous proposerons quelques réflexions plus profondes sur la démocratie, revenir sur ces fondements en vue de faire une critique du régime français, toujours en liant notre développement avec les textes fondateurs de l’islam.

Cet ouvrage sʼadresse avant tout à ceux qui ont déjà un minimum de connaissances sur lʼislam. Il cible en particulier les musulmans, qui sont les principaux intéressés et concernés par ces questions.

Notre réponse en cinq points


Pour déconstruire ce discours, et démontrer sa fragilité, nous diviserons notre réponse en cinq grandes parties. Nous commencerons par la critique d’une vidéo circulant sur le web, qui expose tout un ensemble d’arguments souvent repris par les partisans cherchant à rendre illicite le vote au musulman en Occident. Dans un second temps, à l’aide d’un raisonnement par analogie, décliné sous deux formes, nous répondrons à la question suivante : le vote en République, est-il du Shirk ? Pour compléter les deux premières parties, nous expliquerons en quoi, selon le Coran, à Dieu Seul appartiendrait le Jugement, ce qui permettra la mise en garde d’une compréhension biaisée de cette expression coranique et des différents niveaux de lois qui peuvent exister dans lʼunivers. Nous distinguerons ainsi, dans cette troisième partie, ce qui relève de Dieu, de lʼislam et de lʼhomme. Puis nous sortirons, un tant soit peu, du discours religieux, pour argumenter sur l’abstention dans le contexte français, et expliquer par ailleurs, pourquoi ce ne saurait être une solution bénéfique. Pour finir, nous proposerons une longue réflexion sur la démocratie et sa compatibilité avec l’islam. Une démocratie inscrite dans la constitution, que nous devons redécouvrir et réformer, à la lumière de ses fondements originels que présentent la démocratie athénienne. Ce travail ne peut être que salutaire pour les musulmans sʼils sʼinvestissent dans un processus constituant digne de ce nom, afin de préserver le bien commun national.

« Dis : “Dieu est le mieux Informé du temps qu’ils y ont passé, car Il détient le mystère des Cieux et de la Terre. Et nul n’entend ni ne voit mieux que Lui ! Les hommes n’ont point d’autre protecteur que Lui, car Il n’associe personne à Son autorité.” »
Coran, Sourate Al-Khaf, La Caverne, Verset 26.

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