Introduction
La recherche d'équilibre est donc l'effort ultime dans toutes les formes de jihad. Si l'équilibre existe dans un pays qui ne se dit pas musulman, alors, le jihad, peu importe la forme qu'il prend, est inutile. Car une société où la paix règne, c'est une société qui reflète l'équilibre intérieur des hommes qui la composent et la gouvernent.
Cette société idéale d'équité, l'Occident en est très loin, et ne semble pas vouloir s'en rapprocher. Totalement à l'opposée idéologique, l'harmonie ne peut pas laisser de place au capitalisme le plus vulgaire et à la globalisation du monde, puisque la nature en est tout l'inverse. Elle incarne à la fois la diversité, et la singularité de ses populations.
Cette rupture et cette froideur mécanique de notre monde matérialiste, n'est que le reflet de nos cœurs, vides, impassibles et dénués de toute humanité. Ce qu'on appelle généralement le système est cette rigidité étatique produite par le cœur malade des hommes éloignés du vivant, dont les hommes les plus intuitifs ont toujours su s'y opposer.
En distinguant le rural et l'urbain, l'occident a créé des villes totalement nécrosées. Le but ultime du jihad, avant même de préserver l'islam, c'est de préserver le vivant. Sans la vie, le musulman ne peut adorer son Créateur.
Après la révolution industrielle que l'occident a connue, son péché d'orgueil a été de croire qu'elle maîtrisait la nature parfaitement, alors que cette dernière à quelques centaines de millions d'années d'expérience et d'apprentissage de plus que l’humanité derrière elle. Au lieu de nous réaliser dans et avec la nature, et d'être à son écoute, nous l'avons au contraire rendue esclave de nos désirs, nous avons piétiné son savoir, et délaissé à la périphérie de nos villes. Nous l'avons modelée à nos envies, étouffée à notre confort, sans même nous soucier des conséquences que cela pouvait avoir sur la vie future.
Car tout ce qui constitue notre environnement est vivant, jusqu'à notre sol. Se rapprocher de la Vérité c'est aussi être au plus prêt de la Réalité, y compris celle de ce monde qui est naturelle et pragmatique. Voir même dogmatique, comme le sont les lois de la physique et de la chimie qui nous contraignent. Elles nous contraignent justement pour que nous cherchions cet équilibre dans notre relation au vivant.
Celui qui vit l'instant présent n'est pas celui qui ne se soucie guère des générations futures. Vivre l'instant présent n'est possible qu'avec des actes bénéfiques pour le futur, en tirant les leçons du passé. Vivre l'instant présent, c'est trouver l'équilibre entre le passé et le futur. Alors que celui qui se projette sans cesse dans un avenir imprévisible, ou alors celui reste bloquer dans la mémoire des événements passés, fuit incessamment le présent, et ne produira jamais rien de vivant.
« Dans une société accoutumée à dominer ou à « améliorer » la nature, cette imitation respectueuse [le biomimétisme] est une approche radicalement nouvelle, une véritable révolution. Contrairement à la révolution industrielle, la révolution biomimétique ouvre une ère qui ne repose pas sur ce que nous pouvons prendre dans la nature, mais sur ce que nous pouvons apprendre. »431
Le biomimétisme semble être ce nouveau jihad que l'humanité va devoir mener si elle veut construire un monde meilleur pour les générations futures. Reconnecter l'humanité à la création, et cela commence même dans sa forme la plus matérielle. Mais encore une fois, si le travail intérieur des peuples n'est pas réalisé, alors les résultats manifestes se feront absents dans la création.
Dans ce petit chapitre sur le vivant, nous reviendrons en premier lieu sur la sacralité de la vie dans l'islam afin de justifier l'importance de la préservation du vivant pour la survie de l'humanité. Dans un second temps, nous exposerons quelques bases du biomimétisme, dans le but d'expliquer en quoi cette nouvelle discipline à quelque chose de révolutionnaire, dans la façon de voir le monde chez les scientifiques, et aussi, son apport dans le domaine de la psychologie humaine.
La Sacralité du Vivant dans l'islam ?
L'un des attributs de Dieu dans l'islam est le Vivant (Al-Hayy). Le vivant biologique tel que nous le connaissons (du moins, du peu que l'on en connaisse) n'a rien de comparable avec ce que constitue la notion de Vivant pour Dieu. Allah ne présente aucun attribut qui Le décrirait comme étant lié à la mort.
( C'est Lui le Vivant. Point de divinité à part Lui. Appelez-Le donc, en Lui vouant un culte exclusif. Louange à Allah, Seigneur de l'univers ! )432
Cette absence d'attribution mortifère au Seigneur de l'Univers, nous indique le sens vers lequel les musulmans doivent se tourner. Toujours d'après la logique selon laquelle le musulman doit se rapprocher d'Allah au travers de Ses attributs, il doit donc rendre les choses autour de lui le plus vivant possible. À l'inverse celui qui sèmerait la mort, serait donc celui qui serait le plus éloigner de l'adoration de Dieu. Rappelons que le musulman doit lui vouer un culte exclusif, dans le sens où il ne lui est pas permis d'ajouter des attributs qui ne Lui appartiennent pas.
Il n'y a donc aucune possibilité pour justifier une culture de mort à l'intérieur de l'islam, puisque le culte de la Mort est une Association (Shirk), soit le plus grand péché pour celui qui se dit musulman.
Associé la mort à Dieu est une incompatibilité théologique avec l'ensemble de l'orthodoxie sunnite. Rappelons également que Dieu a rendu la vie sacrée (Coran 6:51 ; Coran 17:33 ; Coran 25:68). Ces deux faits coraniques, dogmatiques sont suffisants pour annuler toutes les lectures déviantes de l'islam, promouvant des formes d'oppression sur la vie, et réaffirmer l'amour pour le vivant que doit exercer le musulman.
( (10) Quant à la terre, Il l'a étendue pour les êtres vivants : (11) il s'y trouve des fruits, et aussi les palmiers aux fruits recouverts d'enveloppes, (12) tout comme les grains dans leurs balles, et les plantes aromatiques. (13) Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? )433
Les quelques versets cités ci-dessus de la sourate nommée Le Miséricordieux, nous indiquent que la terre n'appartient pas uniquement aux hommes, mais à tous les êtres vivants. Dieu a créé d'eau tout être vivant (Coran 21:30 ; Coran 24:45 ; Coran 25:64434). Ainsi, les plantes et les animaux sont de même constitution physique que les hommes, et ont aussi leur besoin et leur droit de vie sur la terre. Il n'est donc pas permis a un musulman d’ôter la vie, que ce soit celle d'un homme, d'un animal ou même d'un végétal, en dehors de toute justice, soit, en dehors de ce que Dieu a permis. Car l'islam est une religion réaliste. Dieu a permis d'ôter la vie à celui qui sème le désordre sur la terre, et dont il n'y a aucun autre moyen possible de l'arrêter dans sa corruption (Coran 5:32-33). Ainsi, pour donner un exemple, la police française applique parfaitement le Coran à la lettre lorsqu'elle abat les terroristes qui sèment le chaos dans la société. Elle n'a pas à se justifier de leur mort, dans ces cas de dernier recours, et tout le peuple y consent, sans pour autant s'en réjouir, ni en tirer une quelconque satisfaction. Il faut distinguer celui qui retire la vie pour préserver et rétablir l'ordre, et celui qui retire la vie pour créer le désordre.
Pour les animaux, rappelons que Dieu, selon la théologie juive, chrétienne et musulmane, a commandé à Noé de les sauver lors du déluge, laissant entendre, d'une part, que les animaux sont innocents de toute corruption sur terre, en d'autre terme, les animaux ne sèment pas le désordre (il n'y a pas d'animaux terroristes), et deuxièmement, ce sauvetage indique que les animaux sont et seront utiles pour le futur de l'humanité.
En islam, il n'est pas permis aux musulmans de détruire la faune et la flore gratuitement, par pur plaisir. Même la bête la plus insignifiante dotée de vie, tel le moustique, le musulman n'a aucune légitimité de le tuer, mais il doit seulement le repousser ou faire preuve de patience.
Et le Coran nous donne un exemple concret. À l'image du Prophète Souleyman (Salomon), il faut que le monde animal soit pris en considération par l'homme. Que nous soyons à l'écoute, en quelques sortes, de ces derniers dans ce qu'ils ont à nous apprendre. Ainsi, l'histoire du Prophète Souleyman présente dans la sourate du Coran intitulé Les Fourmis, nous montre que nous ne devons pas, et c'est un exemple, perturber même le plus petit des insectes.
( (18) Quand ils arrivèrent à la Vallée des Fourmis, une fourmi dit : « Ô fourmis, entrez dans vos demeures, [de peur] que Salomon et ses armées ne vous écrasent [sous leurs pieds] sans s'en rendre compte ! » (19) Il [Souleyman] sourit, amusé par ses propos et dit : « Permets-moi Seigneur, de rendre grâce pour le bienfait dont Tu m'as comblé ainsi que mes père et mère, et que je fasse une bonne œuvre que tu agrées et fais-moi entrer, par Ta miséricorde, parmi Tes serviteurs vertueux ». )435
Dieu a donné le don à Souleyman d'être à l'écoute de la création, et de cette manière, à épargner les fourmis d'un potentiel piétinement de ses hommes. Il a fait preuve de patience et leur a laissé le temps de se protéger, avant de pouvoir à son tour, faire avancer son armée. Ce Prophète avait une telle harmonie avec la création qu'il comprenait le langage des oiseaux (Coran 27:16). Ainsi, après l'écoute des fourmis, la sourate donne l'exemple de la huppe. Mais l'histoire de Salomon en relation avec la nature ne s'arrête pas ici.
( Je l'ai trouvée, elle et son peuple, se prosternant devant le soleil au lieu d'Allah. Le Diable leur a embelli leurs actions, et les a détournés du droit chemin, et ils ne sont pas bien guidés. )436
Le prophète Souleyman va également convertir la reine de Saba à l'islam. Il va la convaincre alors qu'auparavant, elle et son peuple, pratiquaient un culte envers le Soleil. Ce que nous enseigne cette histoire, c'est que la considération que l'être humain devrait avoir pour la nature, ne doit pas aller jusqu'à son adoration, puisque, adorer la nature, en dernière instance, c'est adorer la matière, et donc l'éphémère. Le soleil finira par s'éteindre un jour, même si nous ne serons certainement plus là pour le voir. Le soleil étant aussi le symbole de l'ego, on peut supposer que la reine de Saba, avant de se convertir à l'islam, était égocentrique.
( Si tu leur demandes : « Qui a créé les cieux et la terre, et assujetti le soleil et la lune ? », ils diront très certainement : « Allah [Dieu] ». Comment se fait-il qu'ensuite ils se détournent (du chemin droit) ? )437
Le respect de la faune, va de soi dans l'islam, puisque c'est l'intérêt premier de l'homme de rester en vie. Or, avant les productions industrielles, quasiment tout ce que nous mangions provenait soit de la terre, soit des animaux.
( (24) Que l'homme considère donc sa nourriture : (25) C'est Nous qui versons l'eau abondante, (26) puis Nous fendons la terre par fissures (27) et y faisons pousser grains, (28) vignobles et légumes, (29) oliviers et palmiers, (30) jardins touffus, (31) fruits et herbages, (32) pour votre jouissance vous et vos bestiaux. )438
Dieu parle de nourriture comme d'une jouissance pour l'homme. Une infinité de bienfaits et de plaisirs, sans tomber dans le péché, nous dit le Coran.
( Et Allah propose en parabole une ville : elle était en sécurité, tranquille ; sa part de nourriture lui venait de partout en abondance. Puis elle se montra ingrate aux bienfaits d'Allah. Allah lui fit alors goûter la violence de la faim et de la peur [en punition] de ce qu'ils faisaient. )439
Selon l'islam, l'état naturel du monde (sans l'homme) est par essence paisible. C'est la raison pour laquelle une des règles principales en islam est que tout dans ce monde est permis, et l'interdit est l'exception. En d'autre terme, l'infinité des comportements potentiellement réalisables dans ce monde jouit d'une incroyable liberté pour celui qui se réalise dans l'islam. Face à eux, les actes antisociaux réprimandés dans le Coran sont insignifiants.
( Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues : « Ceci est licite, et cela est illicite », pour forger le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne réussiront pas. )440
Le problème vient de nos sociétés occidentales qui, au travers d'une propagande idéologique prosélyte, véritable viol du libre-arbitre, oriente et étrique les consciences vers des choix de vie contra-religieuses, et des comportements anti-sociaux (et pourtant qui permettent la socialisation, voir la réussite matérielle illusoire dans ce monde pour un temps). Si celui qui a l'esprit étroit, comme le pervers, ne voit dans la religion que de l'interdit, c'est simplement parce que son champ comportemental est réduit par des actions pécheresses, et si on devait lui retirer ces derniers, il deviendrait instable psychologiquement. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant.
( Il vous a accordé de tout ce que vous Lui avez demandé. Et si vous comptiez les bienfaits d'Allah, vous ne sauriez les dénombrer. L'homme est vraiment très injuste, très ingrat. )441
Un autre indice de la positivité de la nature dans la théologie musulmane, est le champ lexical utilisé pour décrire le paradis dans le Coran. Le Paradis, en arabe se dit Jannah, et a pour racine « janna », qui signifie jardin. Ainsi, le paradis de l'au-delà semble avoir des caractéristiques communes avec la nature de notre monde. À travers cela, le Coran nous enseigne trois choses. D'abord, que l'environnement naturel présent sur terre est la meilleure des places pour l'évolution de l'homme dans son épanouissement physiologique. Deuxièmement, qu'un paradis terrestre est possible, puisque Dieu a utilisé les créatures terrestres du monde d'ici-bas pour décrire le paradis de l'au-delà, (ex: les fruits, les rivières, les nectars et autres délices charnels). Enfin, ces esquisses du paradis sont là pour nous indiquer ce que nous devons respecter et préserver, pour rechercher une équité et une harmonie paradisiaque sur terre. Qu'aspirer au paradis, ne peut se faire qu'en s'efforçant de rendre le monde d'ici-bas à l'image de celui-ci, tel qui nous l'est dépeint dans le Coran. Et cela n'est possible qu'en détachant notre cœur de ce monde matériel, car l’ego conduit à des pulsions destructrices.
Pour terminer, une des dernières sourates du Coran exprime ce droit pour la terre d'être respectée. Il s'agit de la sourate Az-Zalzala (Les séismes) du Coran. Elle est la plus terrifiante pour l'homme qui craint Dieu.
( Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. (1) Quand la terre tremblera d'un violent tremblement, (2) et que la terre fera sortir ses fardeaux, (3) et que l'homme dira : « Qu'a-t-elle ? » (4) ce jour-là, elle contera son histoire, (5) selon ce que ton Seigneur lui aura révélé [ordonné]. (6) Ce jour-là, les gens sortiront séparément pour que leur soient montrées leurs œuvres. (7) Quiconque fait un bien fût-ce du poids d'un atome, le verra, (8) et quiconque fait un mal fût-ce du poids d'un atome, le verra. )442
On peut supposer que cette sourate nous informe que les séismes et les tsunamis se propageront avec plus ou moins de violence en fonction de la corruption des hommes sur la terre.
Ce qu'a dit le Prophète de l'islam au sujet du Verset 4 :
{ Abou Hourayra rapporte : « Le Prophète récita le verset suivant : « Ce jour-là, la Terre racontera son histoire » (Coran 99:4), puis il demanda : « Savez-vous de quelle histoire il s'agit ? » - « Dieu et Son Prophète sont plus savants », répondirent les Compagnons. Le Prophète dit alors : « Son histoire sera le témoignage que portera la Terre concernant chaque serviteur et servante à propos des œuvres qu'ils auront accomplies. La Terre dira : « Tu as commis ceci et cela tel jour. » Voilà l'histoire qu'elle racontera. } (Rapporté par Tirmidhi)443
Tout comme Dieu dans le Coran a traduit le langage de la fourmi, Il fera témoigner la terre en faveur ou en défaveur de l'homme en fonction de son comportement sur elle. Chaque chose dans la création a son langage. Il peut être chimique, physique, électrique, vocal, et de tout autres natures qui échappent aux perceptions humaines. Dans tout langage, il peut y avoir des grossièretés, et des corruptions de sens, qui altéreront le fonctionnement correct de la création. Et dans la création, seul l'homme a ce pouvoir d'altération.
Même si la Terre, dans ce hadith, peut désigner la matière de ce monde, elle peut désigner aussi la planète, mais plus simplement, la surface terrestres comme les champs de cultures.
De nos jours, de nombreux paysans se plaignent de la qualité de la terre qui se détériore en raison des pesticides et d'une agriculture intensive, imposés par des restrictions politiques, soumis à des lobby agro-alimentaires, qui ne permettent plus à la terre de continuer à produire des aliments et des denrées de qualités444. De même qu'en 2016 en France, nous avons eu des inondations, la Seine a débordé de son lit, en raison d'une maltraitance de la terre par les hommes, qui n'est plus capable d'absorber l'eau comme elle le devrait, sans compter l'utilisation du bitume à outrance sur la surface du sol dans nos villes, qui n'est pas innocent dans ces faits.
Donc nos actes ont directement un impact sur la biosphère, et peuvent perturber les écosystèmes si nous ne les respectons pas. L'idiot voudra détruire ou modifier la création, pour éviter les catastrophes, voyant la cause du problème là où elle n'est pas.
« Le fait d'atteindre nos limites, si nous décidons d'admettre que nous en avons, pourrait donc nous offrir l'opportunité de passer à une nouvelle phase de résolution des problèmes, au cours de laquelle nous nous adapterions à la terre plutôt que l'inverse. »445
Nous transformons la nature, oubliant qu'elle est notre berceau. La terre est notre lit, et le ciel notre toit, dit le Coran (Coran 2:22). Le ciel est d'un bleu sans fissure, et la terre stabilisée par son relief diversifié. Il n'y a pas de meilleur environnement pour l'homme, dans la Création. Le Coran est rempli d'exemples interpellant l'homme sur la beauté de ce monde qu'il l'entoure, et dont il est incapable de reproduire un seul atome.
Il ne faut surtout pas la corrompre en la modifiant, prétextant que nous savons mieux qu'elle, mais seulement l'observer pour en tirer des enseignements, et essayer de reproduire ses expériences et ses phénomènes physico-chimique bénéfiques, les retranscrire à notre échelle pour en tirer partie, au niveau pratique. Ainsi nous pourrons améliorer les conditions humaines, mais cela ne pourra se faire que dans le juste milieu, c'est-à-dire trouver notre juste place, sans que cela soit au détriment d'une autre espèce qui ne nous a jamais menacé.
Les efforts de demain : le biomimétisme, ou l'art d'imiter le vivant ?
L'univers est une véritable bibliothèque à ciel ouvert. Néanmoins, il est pourvu de différents langages, certains encore inconnus, que la science nous révélera certainement dans le futur, si Dieu veut, et si l'humanité survie. Un homme ne peut à lui tout seul comprendre tous les codes de la création. Ainsi, chacun par son métier, sa spécialité ou encore sa vocation, sera plus ou moins capable de déchiffrer les signes de la création. Les langages mathématiques, logiques, chimiques, physiques, électriques, moléculaires, atomiques, corporels, psychologiques, sont autant de langues dans ce monde, qui parfois constituent une discipline à elle toute seule. Une science n'est autre qu'une étude d'un langage particulier de la création.
Le biomimétisme est une discipline récente qui voit le jour dans le monde occidental, et qui éprouve de la difficulté à se faire reconnaître. Pourtant, elle propose une véritable révolution pratique, écologique pour la survie de l'espèce humaine, mais aussi une révolution intérieure, psychologique concernant le rapport de l'homme à la création.
Lorsque nous plongeons aussi profondément notre regard dans celui de la nature, le souffle coupé, nous sortons de notre bulle, pour le meilleur. Nous nous rendons compte que toutes nos inventions existent déjà dans la nature, sous une forme plus élégante et bien moins coûteuse pour la planète.446
La biomimétique consiste à s'inspirer des formes, des matières, des propriétés, des processus et des fonctions du vivant. Copier les modèles de la nature afin de les reproduire dans différents secteurs de la société. Elle est donc à la recherche de ces mécanismes naturels qui, toujours aujourd'hui, surpassent de loin nos connaissances et nos applications technologiques, et cela, en vue de les comprendre, et d'améliorer nos relations avec le vivant. Elle s'en aspire à trois niveaux.
Le premier niveau du biomimétisme est l'imitation par la forme. Ainsi, les premières machines volantes prenaient la forme d'oiseaux, jusqu’à l'avion moderne d'aujourd'hui, dont les ailes ont certaines de leurs courbures semblables à celles de l'oiseau.
Abbas ibn Firnas447, premier homme à voler à l'aide d'une machine volante, observait la nature des oiseaux, et Léonard de Vinci fit de même. Les ailes des avions d'aujourd'hui sont le résultat de l'observation de la technique de vol des oiseaux. En revanche, le corps de certains avions est inspiré des poissons.
Au niveau de la forme, nous avons beaucoup à revoir sur l'architecture et la structure de nos villes pour qu'elles puissent être en adéquation avec les manifestations de la nature. Elles devraient être pensées en terme de géométrie sacrée. Puisque l'on remarque que les bâtisses et les monuments conçus selon ce mode opératoire, résultant d'une véritable science, et d'un savoir faire, résistent plus facilement au temps. Les pyramides d’Égypte en sont l'exemple le plus flagrant. Existe-t-il encore des hommes capables de recréer une Notre-Dame de Paris, avec toute la technique et les connaissances en architecture que cela implique ?
Le deuxième niveau concerne l'inspiration du vivant dans la production d'énergie et de matériaux. La nature produit gratuitement ce qui pourrait être utile à l'homme. Chaque chose qu'elle fabrique à son utilité, y compris ce qui peut être nocif pour l'homme. Cette inspiration est récente, car elle nécessite la compréhension des mécanismes chimico-moléculaires. C'est ici qu'on se rend compte que la nature est une véritable bibliothèque de technologie dont l'homme n'a pas encore saisi toute l'envergure. Lorsque nous parlons aujourd'hui de conquête de l'espace, nous devrions redescendre un peu sur terre de nos idéaux mégalomane, alors que nous n'avons toujours pas conquis la science naturelle et ses phénomènes sur notre propre planète.
Les exemples dans la nature ne manquent pas448:
« En architecture, nos poutres et nos étais les plus sophistiqués sont déjà présents dans les feuilles de nénuphar et les pousses de bambou. Les termitières, avec leur température constante de 30°C, surpassent notre chauffage central et notre climatisation. Notre radar le plus performant est dur d'oreille si on le compare à la transmission multifréquence des chauves-souris. Quant à nos nouveaux « matériaux intelligent », ils ne sauraient rivaliser avec la peau des dauphins ou la trompe des papillons. Même la roue, que nous avons toujours prise pour une création exclusivement humaine, a été retrouvée dans le minuscule moteur rotatif qui propulse le flagelle de la plus ancienne bactérie du monde.Une leçon d'humilité nous est ainsi donnée par la multitude d'organismes accomplissant nonchalamment des prouesses dont nous ne pouvons que rêver. Les algues bioluminescentes projettent des produits chimiques les uns contre les autres pour transformer leur corps en lanterne. Les poissons et grenouilles arctiques gèlent avant de revenir à la vie, ayant protégé leurs organes des dommages causés par la glace. Les ours bruns hibernent tout l'hiver sans s'empoisonner avec leur urine, tandis que leurs cousins, les ours polaires, restent actifs, un manteau de poils creux et transparents recouvrant leur peau comme les parois d'une serre. Les caméléons et les seiches se cachent sans un mouvement, modifiant les motifs et la couleur de leur peau pour se fondre instantanément dans leur environnement. Les abeilles, les tortues et les oiseaux se dirigent sans cartes; les baleines et les manchots plongent sans scaphandre. Comment y parviennent-ils ? Comment les libellules font-elles pour surpasser nos meilleurs hélicoptères ? Comment les colibris traversent-ils le golfe du Mexique avec moins de trois grammes de carburant ? Comment les fourmis font-elles pour porter l'équivalent de centaines de kilos à travers la jungle, sous une chaleur accablante ? »449
Un simple mollusque, comme une moule peut produire une colle très puissante capable de résister aux milieux hostiles dans lesquels elle vit, et rester accrochée avec une aisance déconcertante aux rochers malgré vents et marrées.
Une araignée peut produire un fil de soie dont le composite peut être plus solide que l'acier. Il serait plus élastique et plus résistant que le kevlar que l'on trouve dans les gilets pare-balle. Si l'on arrivait à percer le secret de sa fabrication, les chercheurs en biomimétique projetteraient de s'en servir pour fabriquer des câbles dans les grandes infrastructures tels que les ponts suspendus.450
Au niveau énergétique, une des dernières grandes créations connues, directement inspirait du fonctionnement de la nature, sont les panneaux solaires. Les panneaux photovoltaïques consistent à capter les rayonnements solaires pour les convertir en énergie thermique ou électrique. Mais pour maîtriser la lumière du soleil, les scientifiques se sont inspirés directement du phénomène de la photosynthèse des végétaux, qui pratiquent cette conversion d'énergie depuis plusieurs millions d'années. Cette couleur verte de certains végétaux provient de la chlorophylle, pigment des chloroplastes, de petits organites présents dans les cellules végétales. Le chloroplaste est le siège de la photosynthèse. Il est capable, à l'aide d'eau et de dioxyde de carbone, de capter littéralement la lumière naturelle du soleil, et de s'en servir comme énergie, pour produire de l'oxygène et des sucres riches en énergie bio-chimique. Et nous, les hommes et les animaux terrestres, consommons cet oxygène et ces glucides, et rejetons de l'eau et du dioxyde de carbone, dont les plantes se serviront de nouveau pour reproduire le cycle.
Un exemple d'énergie libre produit par l'animal, est l'anguille électrique, un poisson possédant de véritables organes électriques capables de produire des charges d'électricité à forte intensité.451
Que ce soit dans la production de substances chimiques, de matériaux technologiques, ou d'énergies libres, la nature produit gratuitement sans déchets, et durablement, c'est-à-dire, sur le long terme avec le moins d'impacts négatifs possibles sur son environnement.
L'écume d'étang semble peut-être primitive, mais les minuscules organismes qui la composent surpassent sans difficulté les techniques humaines les plus avancées, s'agissant de capter l'énergie solaire. Certaines bactéries pourpres répondant à cette description peu flatteuse utilisent l'énergie solaire avec une efficacité atteignant presque 95% soit plus de quatre fois celle des meilleurs cellules solaires fabriquées par l'homme.452
En réalité, cette gratuité n'est pas tout à fait réelle pour toute énergie ou tout matériau, même si c'est le cas pour l'énergie tirer des océans et du soleil. La lumière du soleil est à l'origine de plusieurs sources d'énergies renouvelables, c'est-à-dire, quasiment inépuisables à l'échelle de l'humanité. Cette énergie est totalement gratuite, et, étant fabriquée en dehors de la planète (la lumière du soleil est le résultat de la fusion de deux atomes d'Hydrogène à la surface du soleil), sa fabrication ne pollue pas. En revanche, cela ne veut pas dire que l'utilisation de cette énergie ne va pas polluer. Et c'est là qu'intervient le troisième point le plus important.
Le dernier niveau est celui sur lequel nous avons le plus de retard, parce qu'elle demande une certaine humilité. Elle concerne la prise en considération des relations et des interactions entre les êtres vivants. L'étude des éco-systèmes, des comportements intra et inter-espèces, des communautés animales, et leur façon de consommer.
Nulle bête marchent sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre. Puis, c'est vers leur Seigneur qu'ils seront ramenés.453
L'homme a su s'adapter à travers les époques, mais sa façon de survivre se faisait en fonction de son intérêt et de son savoir. Il ne sait pas rendu compte que le monde du vivant formait un cycle et une biodiversité utiles au bon développement de la nature, de la terre, dont l'homme fait partie intégrante. Notre survie en tant qu'espèce est donc totalement dépendante du bien-être de la planète.
Principales interactions biologiques454
Contrairement à ce que pensait Darwin, aujourd'hui, nous savons par l'étude des éco-systèmes que la compétition est une nuisance pour les espèces, et qu'elles ont justement tendance à vouloir absolument sortir par tous les moyens de cet état de compétition pour chercher l'équilibre. Ce qui explique pourquoi une idéologie comme le capitalisme finira par s'effondrer, puisqu'il est, par essence, la compétition des hommes dans la richesse matérielle.
Objectivement, cela va consister à faire un effort (jihad) psychologique pour être en harmonie avec la création. Non pas nous comporter comme des animaux, ni comme des végétaux, mais connaître les interactions des différentes espèces biologiques, afin de savoir comment elles coexistent de la meilleure des manières, et pour ainsi, trouver notre juste place dans ce monde, nous, fils d'Adam, avec notre diversité, et nos singularités. Et cela, sans agir systématiquement en parasitage.
Les animaux ont leur propre technique, qu'ils ont acquises durant des siècles d'évolution (évolution ici compris comme évolution d'un même type d'espèce, s'adaptant aux milieux, aux climats et aux époques, tout comme l'homme). Ils ne sont pas capables de haine, incapables de préjugés et n'utilisent pas de monnaie pour vivre. Il ne tue que par nécessité. Et pourtant, cela ne veut pas dire que leur comportement sont toujours transposables pour l'humanité, et que leur absence de haine signifie que leurs actes sont dépourvus de violence à nos yeux.
Nos codes comportementaux sont différents du monde animal, mais même à l'intérieur de l'espèce humaine, d'une culture à l'autre, les codes sociaux relationnels diffèrent d'un coin du monde à l'autre. Ce qui peut être perçu comme une vulgarité dans une culture, peut être une manière courante de saluer dans une autre.
Nos modes de vie et nos comportements ne peuvent donc être plaqués sur les animaux. Par exemple, l'homme a besoin d'argent pour évoluer en société. Si certaines tribus sur la planète ont pu faire sans, c'est parce que ces populations ont réussi à s'auto-suffire et s’adapter à leur environnement. Mais surtout, ils fonctionnent en petit nombre, et n'ont pas d'échanges commerciaux (même par le troc) avec l'extérieur de leur village. Une population d'un millier de personnes ne pourrait fonctionner de cette façon, et l'attitude de devoir quelque chose à quelqu'un naîtrait nécessairement par la nature de l'homme. Ce n'est que ce petit nombre qui leur permet de former psychologiquement un seul corps, un tout auquel chaque bien appartient à chaque membre du corps.
Jusqu'à preuve du contraire, l'homme n'est pas l'inventeur des mécanismes qui ont permis à la nature d'être aussi pérenne. La nature fonctionne indépendamment de l'homme.
La nature a mise au point, sur des milliards d'années, des systèmes fonctionnant en harmonie les uns avec les autres et faisant d'un sol mince, rocailleux et nu des forêts luxuriantes. Sans l'intervention de l'homme, les processus de la nature ont développé des forces autorégulatrices caractérisées par la beauté, l'élégance et l'efficacité. Note défi consiste à apprendre à les respecter et à s'inspirer de leur simplicité pour imaginer de nouveaux systèmes et de nouvelles valeurs culturelles.455
Les précurseurs du biomimétisme ont déjà développé cette mentalité : faire preuve d'humilité en acceptant d'être les élèves de la nature.
« En substance, nous devons cultiver la terre comme la nature le fait » — Wes Jackson456
Cette compréhension, on la retrouve dans la permaculture, qui fait partie des fondements de la biomimétique. Il existe plusieurs façons de la pratiquer, en fonction du milieu géographique, des cultures et des traditions des hommes. Très souvent, la permaculture consiste à laisser faire la nature, car elle ne fait jamais rien au hasard. La laisser faire dans son déploiement de diversité, et faire en sorte que l'homme interviennent le moins possible dans son évolution. Tout comme les éleveurs d'animaux, affirment que moins l'homme intervient mieux les animaux se portent.
Des chercheurs américains ont remarqué que les prairies naturelles résistaient plus facilement aux catastrophes naturelles et aux différents changements de climats, en raison justement de leur variété importante d'espèces. C'est dans cette diversité que l'on trouve des combinaisons physico-chimiques aux effets parfois surprenants et inattendus, où chaque espèce va se servir d'une autre pour sa survie. En étudiant les interactions entre les différentes espèces, on découvre des propriétés qui ne se seraient jamais manifestées si elles avaient été isolées. Certaines plantes épargnées dans certaines conditions, par les animaux, par les catastrophes naturelles, sont capables de secréter des substances pour se défendre, en s'aidant de leur environnement. Certaines espèces animales attirées par certaines plantes, et en repoussent d'autres. C'est tout cela qu'il faut observer pour comprendre un éco-système.
Des peuples ont même observé la consommation naturelle des animaux, pour pouvoir calquer leur consommation de plante, et ainsi discriminer celles qui étaient toxiques. Les animaux sont d'incroyables auto-nutritionnistes, capables de connaître instinctivement l'alimentation dont ils ont besoin, et de délaisser les plantes néfastes à leur organisme.
« Les peuples autochtones, qui vécurent sur ces terres bien avant nous, vénéraient la Terre ; ils étaient éduqués par elle. Ils n'avaient pas besoin d'écoles et d'églises : leur monde était un tout. »457
C'est de cette manière que procède la recherche biorationnelle de médicament458. Le vivant est utile à l'homme en tant qu'indice et fournisseur de médecine, productrice naturelle d'agents actifs. La biomimétique fait actuellement des recherches dans les fonds marins dans lesquels la diversité du vivant est la plus importante et encore la plus méconnue. Au début du siècle, il y avait plus de 400 000 plantes et autant d'entités chimiques, aux effets encore inconnus, représentant un potentiel important d'agents médicamenteux et nutritionnels.459
Mais ce troisième niveau de la biomimétique, est aussi très intéressant dans son apport dans le domaine de la psychologie de l'économie, rattaché à l'écologie et la gérance des entreprises.
Sur le plan écologique, le travail a déjà commencé sur le plan pratique, en réintroduisant de la nature dans les grandes villes, mais ce projet n'a que quelques années. Une ville comme Paris, pendant ces trois derniers siècles, était quasiment dépourvue de verdure, en dehors de quelques arbres, pour la décoration, l'ombrage, ou la symbolique460, sinon elle était exclue à sa périphérie, à l'exception de quelques parcs. À la Renaissance, le mouvement d'essor urbain se remarque par les rues pavées des principales grandes villes, à l'image des rues romaines, pour faciliter les transports commerciaux. Ce qui, sur le long terme, a engendré des problèmes d'hygiène et de canalisation, puisque les gens jetaient souvent leurs ordures et leurs eaux salles sur la voie principale, ce qui entraînait des odeurs désagréables. En réalité, les scientifiques se sont réveillés, il n'y a que quelques dizaines d'années, uniquement après avoir vu les conséquences néfastes de la pollution sur la santé. C'est alors que les populations aisées se sont rendus compte qu'ils n'étaient pas à l'abri de ces problèmes, et que les projets écologiques ont commencé à voir le jour.
Nos villes devraient s'inscrire dans l'éco-système naturelle général pour être en harmonie et en équilibre avec le reste de la terre et non pas s'inscrire en rupture. Elles ne devraient pas constituer un contraste et une violence pour l'environnement, au point de créer une dualité artificielle, un voile de plus sur la création et sur l'invisible qui mènera l’humanité à sa perte. Les villes d'aujourd'hui sont de véritables tours d'ivoire, des petites Babel dont l'architecture est pensée uniquement en fonction des besoins de l'homme et ne prenant pas en compte la création. Il faut éviter le plus possible la construction de structures verticales, en priorité pour les logements ou les lieux de travail.
Au niveau des entreprises, la biomimétique apporte son savoir dans les méthodes de coopération, que ce soit intra ou inter-entreprises, dans le renouvellement, et l'optimisation de la production. Les entreprises vont également avoir un impact économique comme écologique sur les villes. Le capitalisme a été la production à outrance, ce qui a conduit nécessairement au gaspillage. Le monde produit chaque jour de quoi nourrir la planète entière, et pourtant, nous sommes incapables de répartir cette nourriture convenablement. Durant toute la deuxième période du 20ème siècle, 80% des céréales produites les États-Unis n'ont pas été destinées à nourrir sa population, mais son bétail461. Donc il y a des problèmes de coopérations, qui dépassent parfois le simple domaine des entreprises, et dont la responsabilité doit revenir aux politiques. Tout est une question d'optimisation, car le problème n'est pas de produire autant, l’indécence vient du gaspillage. Il y a environ 1,3 milliard de tonnes de nourritures gaspillées dans le monde chaque année462, lorsqu'on sait qu'il y a 2 milliards d'individus sur la planète en sous-nutrition463. Depuis seulement l'année dernière (2015), en France, les grandes surfaces de distribution, sont dans l'obligation de donner leurs invendus à des associations caritatives, alors qu'auparavant, et nous parlons de nourritures, il était question de la jeter à la poubelle, et de la javelliser pour qu'elle ne puisse pas être récupérée (une pratique incompréhensible et scandaleuse !)464.
Dans la nature, il n'y a pas de gaspillage. Tout à son utilité, et les choses se décomposent facilement. Il n'y a que l'homme qui a produit des objets assez toxiques pour la planète, tels les pneus, et les résidus domestiques dangereux, qui ne sont pas biodégradables465. Sans parler des déchets nucléaires qui seront toxiques pendant des centaines de millénaires.
Dans les sociétés industrialisées, le secteur de l'énergie est probablement le secteur de l'économie qui contribue le plus à la dégradation de l'environnement, au niveau mondial.466
Et c'est en cela que nous disions que tout n'est pas gratuit dans la nature. Nous pouvons payer les conséquences de nos erreurs en polluant et en intoxiquant la planète. En jouant aux apprentis sorciers, et en brisant les équilibres naturels, nous mettons la vie sur terre en danger. D'ailleurs, cela va nous permettre de revenir sur un préjugé très répandu aujourd'hui, qui serait de dire que nos ressources seraient limitées. En réalité, à l'échelle humaine, il y a assez d'eau, de terre et de lumière du soleil, largement pour permettre à la vie de se développer. La nature fonctionne comme un cycle, nous l'avons vu avec la photosynthèse, ce qui permet un éco-système, et donc une production cyclique infinie. La nature a quelques milliards d'années sur la terre, alors pourquoi est-elle si malade en notre 21ème siècle. Parce qu'au lieu de produire en cycle, nous avons produit de manière linéaire, d'où nos déchets et nos gaspillages, qui ne sont pas réutilisés, voir réutilisables. Et nous avons forcé la terre à faire pareil, avec prétention, nous avons accéléré le rythme du cycle de la nature, sans lui laisser le temps nécessaire pour produire, si bien que notre demande dépasse ce qu'elle est en capacité de nous offrir gratuitement. En d'autre terme, nos ressources ne sont pas limitées à partir du moment où la physique et la chimie agissent en tout lieu et en tout temps. Mais c'est encore une fois dans notre manière déviante de gérer nos productions, et dans notre façon de prendre à la nature en brisant ses éco-systèmes, qu'il faut comprendre cette limitation.
L'utopie que nous nous faisons du futur serait la conception de villes intelligentes et dynamiques, qui seraient capables de s'adapter elles-mêmes aux circonstances naturelles. Elles devraient être capables de ces trois niveaux : une forme harmonieuse avec le reste de la création inspirée du nombre d'or, une productivité et une activité industrielle à faible consommation énergétique ou utilisant les énergies durables comme celles du soleil ou des océans. Une économie circulaire, optimisée qui permettrait de minimiser les déchets et le gaspillage, par le recyclage de tous les objets manufacturés, conçus pour pouvoir l'être, tout en étant biodégradables. Enfin, une qualité relationnelle avec le reste du vivant, en le respectant, et le laissant à sa juste place, sans le sacraliser, et sans l'humaniser par projection. Il faudrait que l'homme apprenne à interagir avec l'animal et le végétal sans l'apprivoiser, mais directement dans leur état sauvage. Évidemment, ce paragraphe n'est fait que de grands mots...mais c'est la direction que nous devrions prendre…
Tant que l'homme se rendra esclave de l'argent et du marketing, le monde n'arrivera à rien467. Il se doit de maîtriser son pouvoir d'achat. Ce pouvoir illusoire, doit être pris en compte dans notre manière de consommer. La biomimétique, par la permaculture, va par exemple conseiller à l'homme de consommer le plus possible des produits locaux, et saisonnier, en d'autre terme, d'arrêter ses caprices concernant la consommation de fruits et de légumes, en dehors de leurs saisons et régions respectives. Ce qui permet de créer des entreprises locales, loin de la grande distribution, et limite les transports de produits « frais » sur de longue distance, ainsi, on évite également l'utilisation de conservateurs. Et enfin, cela permet de respecter le cycle de la terre, sans avoir à utiliser des OGM (Organisme Génétiquement Modifié), créant de la nourriture totalement carencée, aux belles apparences mais aux qualités nutritives déficientes.
Tout l’enjeu du 21ème siècle va se jouer sur notre capacité à (re)trouver notre juste place dans la nature, et nous y reviendrons dans le chapitre suivant, concernant la conscience de soi. Ce chapitre a pour but d'enseigner l'humilité de l'homme dans la création, que le monde se porte bien sans nous, et que Dieu n'a pas commencé la création par l'homme.
( (12) Allah, c'est Lui qui vous a assujetti la mer, afin que les vaisseaux y voguent, par Son ordre, et que vous alliez en quête de Sa grâce afin que vous soyez reconnaissants. (13) Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, le tout venant de Lui. Il y a là des signes pour des gens qui réfléchissent. )468
Car même si Dieu a assujetti la création pour l'homme, ce n'est pas pour la corrompre, ni l'altérer, et encore moins l'opprimer et la détruire.