Introduction - La Psychologie
La psychologie est une science très récente en Occident. Le mot « psychologie », vient du grec « psukhê », qui signifie « âme », et de « logos », discours rationnel et logique. La psychologie est donc à l'origine la science de l'âme. Aujourd'hui, on la décrit comme l'étude des comportements humains et des processus cognitifs, c'est-à-dire des mécanismes psychiques d'acquisition du savoir. Les premières disciplines d'études psychologiques reconnues par les scientifiques, n'ont vu le jour en Europe qu'à la fin du XIXème siècle. La psychologie était, avant cette distinction, discutée par les philosophes.
L'âme, telle qu'elle est perçue selon la religion, est une notion incompatible avec les paradigmes positivistes. Elle tend ainsi à disparaître du vocabulaire des ouvrages de psychologie.
Et ils t'interrogent au sujet de l'âme, - Dis : “ l'âme relève de l'Ordre de mon Seigneur”. Et on ne vous a donné que peu de connaissance.— Coran 17:85Comme pour les théories évolutionnistes, la psychologie moderne cherche à prédire et à expliquer des phénomènes qui ne sont pas liés à la physique. La psychologie n'est donc pas une science exacte.
Est-ce que la conscience et la volonté des hommes sont soumises au principe de causalité ? Si oui, peut-on parler encore de volonté et de conscience ? Le bon sens veut que l'on réponde à ces questions par la négative. On ne pourrait se dire humaniste, et dans le même temps, défendre une psyché humaine totalement robotique.
C'est qu'en effet Allah ne modifie pas un bienfait dont Il a gratifié un peuple avant que celui-ci change ce qui est en lui-même. Et Allah est, Audient et Omniscient.— Coran 8:53La notion de libre-arbitre doit continuer à exister, car selon l'islam, il n'est pas acceptable de penser que Dieu nous contraigne dans un état d'esprit particulier. Dans le cas contraire, si l'homme ne pouvait modifier et améliorer son comportement, la Révélation de Dieu n'aurait servi à rien. Or l'idée que le Coran serait superflu n'est pas envisageable pour les musulmans. Pouvoir modifier radicalement son comportement est une preuve de responsabilité, d'une volonté propre à l'âme de chacun.
Pour les cognitivistes anglo-saxons, l'âme est réduite à l'esprit, lui-même réduit à l'activité cérébrale. Ils fabriquent des théories extrêmement réductrices sur les processus psychologiques d’acquisition du savoir par l'homme, et confondent parfois causes et effets, étiologies et symptômes. Ils s'inspirent notamment des modèles de la robotique, de l'informatique, et du numérique, en retranscrivant les mécanismes par analogie dans l'esprit humain, oubliant que l'homme est celui qui les a conçus, et que donc, l'intelligence à l'origine de ces modèles, est forcément supérieure. Il y a donc un déni d'une réalité transcendante et supérieure, et de l'existence de l'âme par la psychologie moderne également.
« Si le cerveau était suffisamment simple pour que nous le comprenions, nous serions si simples d'esprit que nous ne le comprendrions pas. »— Lyall WatsonQuelles sont nos dispositions psychologiques à croire en Dieu ? Sommes-nous maîtres de nos choix ? L'esprit de l'homme se limite-t-il au simple cerveau ? N'est-il qu'une machine programmée ? Et si tel est le cas, peut-on changer son programme ? Y a-t-il un programme plus vrai qu'un autre ? Peut-on modifier le programme d'un autre à ses dépens ? Pouvons-nous avoir une maîtrise totale de son propre programme ? Et, si l'on poursuit le raisonnement analogique, qui est le Programmateur ? Évidemment, le cognitivisme qui réduit l'esprit et l'âme, à la simple cognition, n'ira jamais au bout de sa logique.
La psychologie a été discutée très tôt par les théologiens et philosophes dans les grands écrits musulmans. Les premiers grands philosophes musulmans, comme Al-Kindi, Al-Farabi, Ibn Rushd ou encore Ibn Tufayl, n'ont pas hésité à discuter de l'âme. Reprenant et critiquant les conceptions d'Aristote, l'âme se manifeste à travers le corps humain, au moyen de comportements identifiables. On retrouve dans la littérature musulmane, les mêmes problématiques qu'aujourd'hui, entre l'innée et l'acquis, sur la nature de la conscience, des références à la « tabula rasa » de l'esprit à la naissance , des disciplines comme l'interprétation des rêves, la psychologie sociale, la neuroscience... Ce qui explique les grandes avancées en terme de neurologie, et de thérapeutique durant l'âge d'or de la civilisation musulmane. Ce furent les premiers à prendre en considération le suivie des maladies mentales, et notamment dans l'apport de nouvelles thérapies.
Si la psychologie n'est pas une science dure, cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas en tirer quelques connaissances. De notre point de vue, la psychologie devrait être une méta-science, peut-être la première dans l'histoire occidentale. Car si l'on veut connaître les structures de notre esprit, il faut pour cela être conscient de ses contours, ce qui demande une réflexion supérieure. Sigmund Freud semble être le premier à évoquer le terme de « métapsychologie », mais nous ne partagerons en rien ses modèles spéculatifs. La transcendance psychologique s'oppose à la systématisation théorique. Elle devrait s'intéresser à formuler les premiers principes de la psyché, et nous en exposerons quelques uns à travers cet ouvrage,
Quant à la psychologie, que l'on qualifierait d'empirique, n'est contrainte qu'à discuter des manifestations de l'âme à travers l'interprétation des comportements humains. Interprétations très subjectives, au moyen de différentes techniques d'observations, puisque cela consiste à assigner arbitrairement une intention, une volonté, un processus, à un type de comportement, sans que l'on en ait réellement la preuve.
Une autre problématique que nous traiterons concerne la maîtrise de notre âme. Depuis le début du XXème siècle, les connaissances en psychologie sont des moyens utilisés pour la propagande et la guerre en Occident. Maintenir les individus dans la peur et l'ignorance, et les faire consentir à ce qui va à l'encontre de leurs intérêts. Si l'on connaît les faiblesses de l'âme, nous connaissons les moyens de l'affaiblir, de la manipuler et de la diriger vers nos attentes. Les peuples ont toujours un temps de retard sur leurs élites, parce qu'ils ne maîtrisent pas ces techniques, et tombent dans un nombre incalculable de pièges. On verra que la religion est un excellent moyen de s'en prémunir, et notamment au moyen du jihad contre les passions de l'âme.
Si l'on reconnaît différents stades du développement psychologique chez l'homme, il est alors possible d'en empêcher certaines étapes, d'inhiber certains processus en vue d'assujettir l'homme. À l'inverse, dans certaines thérapies, ont fait travailler certaines mécaniques de la psyché qui manquent d'activité. L'activité mentale est similaire à celle d'un muscle, sans exercice, l'esprit reste faible. Le sage cherche à résoudre les problèmes humains. Il est celui qui fait constamment travailler son esprit. Il est le moins fou des hommes, même s'il peut en avoir les apparences.
{ Selon Abû Hurayra, le Prophète () a dit : L'homme fort n'est pas celui qui excelle en matière de lutte, mais c'est celui qui se maîtrise sous l'emprise de la colère. }À l'image du Prophète de l'islam, l'homme fort dans ce monde, est celui qui a un bon comportement. Celui qui se comporte de manière noble, c'est celui qui n'est pas influencé par la provocation, par la subversion, par la dénaturation et les différents penchants de son âme. Sans rechercher à écraser les autres, sans appliquer la loi du plus fort, tant défendue par les évolutionnistes, car, quelle preuve de faiblesse et d'individualisme que de chercher à rabaisser son prochain ! Mais au contraire, s'élever soi-même pour élever son semblable. Être fort dans ce monde, selon l'islam, c'est être fort mentalement. Cela consiste à posséder de la science et de la sagesse en relation avec la maîtrise de soi. Et cela passe par la psychologie.
Dans ce quatrième opus, nous commencerons par définir l'âme, en particulier celle de l'homme, et les limites que nous pouvons en définir. Nous continuerons au travers d'un grand chapitre sur le développement de la rationalité et de la foi, de l'enfant à l'adulte, correspondant à notre choix de traiter une partie choisie de l'ontogenèse humaine. Nous verrons par la suite les moyens utilisés ces derniers siècles, les idéologies ainsi que les différentes techniques de manipulations, et mécanismes pour faire dévier l'âme de la foi. On abordera alors une première définition du jihad, correspondant à cette lutte pour l'incorruptibilité de son être. Puis nous exposerons une partie du comportement animal, des signes du monde dont il faut s'inspirer. Le bon comportement est tellement important en islam que nous en accorderons un chapitre dans notre livre sur la théologie, dans lequel nous répondrons également à l'apparente contradiction entre la prédestination (islamique) et le libre-arbitre de l'âme humaine. Pour terminer, nous discuterons des psychopathologies sociales et affectives, névrotiques et psychotiques, de certaines dérives de traitements médicamenteux des patients ainsi que de catégorisations excessifs de la pathologie, et enfin de l'utilisation de la religion au niveau thérapeutique et leur résultat.