Tome IV - La Psychologie

Chapitre 7 - Psychopathologie ou Crise Spirituelle

par Anthony Ghelfo 2016

Introduction


À travers cet ouvrage, nous avons essayé de montrer que tout était une question d'équilibre et de sécurité psychique. Il existe donc un droit chemin, un juste-milieu, et une fitra qui permettent à l'homme de vivre sainement avec ses semblables, et préserver la vie. La vie physiologique, comme la vie mentale d'ailleurs.

Mais s'il y a équilibre, le déséquilibre lui aussi fait partie des potentialités de l'homme. Lorsque l'âme est dérégulée, que la passion l'emporte sur la raison, le Nafs sur le Rouh, l'homme peut être dépassé par ses conflits intérieurs lorsqu'ils se succèdent et s'additionnent. Cette somme de conflits intérieurs peut être si intense, qu'elle va resurgir dans l'attitude extérieure de l'homme, pouvant aller jusqu'à créer des comportements absurdes ou inappropriés en société.

Psychopathologie : Science qui étudie les maladies, les troubles psychiques.

Ces dérégulations, on peut les appeler des troubles psychiques. Troubles parce que justement absence de lucidité ou de limpidité, un dysfonctionnement incompréhensible qui n'a généralement pas d'origine biologique.

Où commence la folie ? À partir de quand sortons-nous de la normalité ? Qui est-ce qui est en mesure de diagnostiquer cela ? Comment diagnostique-t-on le déséquilibre ? À partir de quand y a-t-il déséquilibre ? A-t-on des outils standardisés adéquats ? Est-ce qu'une société où la morale est propre à chacun peut juger de cela ? Est-ce que la souffrance est une maladie ? Qu'est-ce que la folie ? Qu'est-ce qu'être malade mentalement ? Peut-on dire que les attentats commis en France sont commis par des fous ?

En ce début de siècle, le terrorisme à connotation religieuse est un phénomène qui prend de l'ampleur sur le plan international. Un climat proche d'une troisième guerre mondiale, comme si l'homme ne savait pas tirer les leçons du passé. Phénomène inquiétant, véritable rejet du Vivant, qui peut s'expliquer pour des raisons autres que purement psychologiques (par exemple, politiques et économiques). Mais peut-on dire que ces hommes sont habités de folie ? Faut-il être malade mentalement pour accomplir des attentats ? Ou cela s'explique-t-il seulement par leur idéologie et la manipulation ?

Nous aimerions rappeler dans cette introduction, que l'auteur est seulement diplômé en psychologie théorique, et donc, qu'il n'a pas l'expérience professionnelle d'un clinicien concernant les cas de patients diagnostiqués présentant des troubles mentaux. Ses théories seront donc issues de ses propres observations sur la littérature présentant des études de cas, ainsi que sur son vécu personnel du monde et ses intuitions.

( Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guérison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une miséricorde pour les croyants. )469

Le Coran est un livre qui explique toute chose, et qui vient apaiser les âmes. Quelle est la place de Dieu et de la religion dans la maladie mentale ? Y a-t-il une place pour le sacré ? Quel est le lien entre le déséquilibre et la spiritualité ? On verra que ce sont des questions qui ne doivent pas être ignorées notamment dans la voie de la guérison.

Dans nos chapitres précédents, nous avons parlé du Rouh, l'Esprit, et nous avions dit que c'était aussi ce qui donnait la vie. Et si le Nafs (l'ego) prend le dessus sur le Rouh, (le terrestre sur le céleste) alors, le déséquilibre apparaît. Le problème principal de la psychologie moderne, c'est la non-distinction de l'âme et de l'Esprit, depuis le cartésianisme. Le philosophe français, Descartes a fait de la partie invisible de l'homme une seule entité, et depuis, en occident, il est difficile de penser l'Âme avec cohérence. Et ne parlons pas du psychanalyste Sigmund Freud, qui, au début du XXème siècle, rayera l'âme de son vocabulaire, et nous sortira des topiques, des instances psychiques théoriques totalement spéculatives.

Dans ce dernier chapitre qui clôturera notre quatrième ouvrage, nous commencerons par définir la folie d'un point de vue islamique. Puis nous nous intéresserons au paradoxe religieux, et l'impact de la société dans l'implication de certaine psychopathologie. Ensuite, nous rappellerons l'importance du sacré, du spirituel, et de la conscience pour l'équilibre humain. Et pour terminer, nous montrerons quel doit être le positionnement du guérisseur, ce qu'on appelle aussi le thérapeute, pour essayer de faire retrouver l'équilibre à ses patients.

Qu'est-ce que la folie selon l'islam ?


On va essayer de répondre à cette question, en l'abordant sous différents angles, car l'utilisation de ce concept peut avoir un sens différent en fonction du contexte dans lequel il est utilisé, y compris dans le Coran, qui vient refléter la réalité des hommes.

Le sobriquet de « fou » est d'abord un anathème que l'on balance à celui que l'on ne comprend pas. Il est souvent adressé à celui qui est rejeté par la société. Ainsi, certains prophètes ont eu des difficultés à se faire comprendre par leur peuple respectif, car le message qu'il colportait venait remettre en cause leurs idées et leurs modes de vie.

Le Prophète Muhammad était traité de fou par une partie des Mecquois :

( Et ils (les mecquois) disent : « Ô toi sur qui on a fait descendre le Coran, tu es certainement fou ! )470
( Peu s'en faut que ceux qui mécroient ne te transpercent par leurs regards, quand ils entendent le Coran, ils disent : « Il est certes fou ! » )471

Le Prophète Noé, lui aussi, accusé de folie par les notables de son peuple :

( (23) Nous envoyâmes Noé vers son peuple. Il dit : « Ô mon peuple, adorez Allah. Vous n'avez pas d'autre divinité en dehors de Lui. Ne [Le] craignez-vous pas ? » (24) Alors les notables de son peuple qui avaient mécru dirent : « Celui-ci n'est qu'un être humain comme vous voulant se distinguer à votre détriment. Si Allah avait voulu, ce sont des Anges qu'Il aurait fait descendre. Jamais nous n'avons entendu cela chez nos ancêtres les plus reculés. (25) Ce n'est en vérité qu'un homme atteint de folie, observez-le donc durant quelque temps. )472

Et de même pour le Prophète Moïse, par Pharaon :

( (26) [Moïse] continue : « ... Votre Seigneur, et le Seigneur de vos plus anciens ancêtres ». (27) « Vraiment, dit [Pharaon], votre messager qui vous a été envoyé, est un fou ». )473

Dans le Coran, Dieu vient défendre le Prophète Muhammad en ces termes :

( Est-ce qu'ils n'ont pas réfléchi ? Il n'y a point de folie en leur compagnon (Muhammad) : il n'est qu'un avertisseur explicite ! )474
( (22) Votre compagnon (Muhammad) n'est nullement fou ; (23) il l'a effectivement vu (Gabriel), au clair horizon (24) et il ne garde pas avarement pour lui-même ce qui lui a été révélé. )475

Donc l'excuse principale qui se tient, c'est que le dernier Prophète de l'islam, en tant que messager, ne pouvait pas garder la Révélation pour lui seul. Et un autre élément vient prendre sa défense :

( Ou diront-ils : « Il est fou ? » Au contraire, c'est la vérité qu'il leur a apportée. Et la plupart d'entre eux dédaignent la vérité. )476
( Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait d'un autre qu'Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions. )477

Ce message étant dénué de contradiction, c'est-à-dire qu'il forme un tout cohérent, que l'on croit ou non en l'invisible, prouve que cela n'a rien à voir avec de la folie. Et le nombre de fidèles qui suivent aujourd'hui la Révélation est là pour en témoigner. Si le message était incohérent, il n'aurait jamais pu former une religion aussi importante, car l'incohérence ne lie pas les gens, surtout lorsqu'ils sont d'origines aussi diverses.

Une autre histoire vient prendre la défense du Messager de Dieu. Au temps du Prophète, Damad al-Azdî était un guérisseur, réputé dans l'Arabie du Sud-Est pour soigner les maladies mentales. Un jour qu'il était de passage à la Mecque, des gens l'avertirent de l'existence d'un "fou", qui se prétendait Envoyé de Dieu. Damâd décida alors d'aller rendre visite à celui que l'on désignait comme fou, qui n'était autre que Muhammad. Il lui prescrit d'abord un traitement médical. Mais après avoir discuté un peu plus longuement avec le Prophète, il finit par se convertir à l'islam, et devint l'un des premiers musulmans non-mecquois.478

La première utilisation du terme "fou" est donc très souvent une accusation pour lancer le discrédit chez l'autre. Cette fausse accusation sort de la bouche des hommes, même dans le Coran. On retrouve cela dans le mécanisme de projection qu'on a vu dans nos articles de mécanisme de défense479. Ils se défendent face à la vérité qui vient mettre à mal leur certitude, leur superstition et leur contradiction, et en conséquence, accuse l'autre d'incohérence, soit d'être fou.

Aujourd'hui, un vrai psychologue et vrai psychiatre, défenseur du droit humain, devrait savoir que la folie n'existe pas en tant que telle. Seuls les actes peuvent être connotés de folie, mais pas la personne en elle-même. Tout comme les actes de Khidr semblaient teintés de folie, mais Moïse n'a jugé que l'acte et pas la personne. Car effectivement, la compréhension d'un acte peut nous échapper, mais une fois que l'on remet l'acte dans son contexte et dans son but, alors tout peut s'éclaircir et s'expliquer, sans pour autant être excusable.

Imaginer que toutes les fonctions psychiques de l'homme fonctionnent comme des pendules. La majorité des gens ont les pendules qui se balancent sur une distance convenable. Nous avons tous cependant des petites irrégularités : cette distance de balancement peut dans certaines situations se rallonger ou diminuer, s’accélérer ou ralentir, ainsi l'homme a des hauts et des bas. Des hausses et des baisses de confiance en lui, des hausses et des baisses d'intelligence, des hausses et des baisses d'attention, des hausses et des baisses de foi, etc.

Dans ce que nous nommons le trouble psychique, ce pendule va présenter un mouvement inhabituel intense, contrasté ou brutal, dans une ou plusieurs fonctions mentales. Il peut y avoir une disharmonie entre les différents pendules. Le pendule de l'esprit du « malade » peut tout simplement être surexcité ou alors être d'une lenteur inappropriée. Ou encore, avoir des rallongements de distance de balancement ou des réductions de distance, supérieurs à la moyenne. Le pendule de l'esprit peu aussi littéralement se bloquer dans un sens, dans un extrême, ou dans une direction. Une absence d'activité d'une fonction psychique est généralement un mauvais signe pour la voie de la guérison.

Toujours selon cette même image, on en déduit un trouble lorsque ces balancements inhabituels sont non-maîtrisés, incontrôlés, parfois non-conscients chez le patient, mais surtout, que ces irrégularités lui gâchent la vie. Ce qui veut dire, que la demande doit venir du patient. On dit alors que ce patient a un déséquilibre spirituel, mais il n'est jamais question de maladie mentale au sens propre. Seules les maladies neurodégénératives peuvent être considérées comme telles, car l'origine biologique est établie, même si la cause de la dégénérescence en elle-même n'est peut-être pas biologique.

Le terroriste musulman typique est-il fou ? Si son but est de tuer un ou des innocents, alors, aucun doute que pour le Coran, même s'ils se disent musulman, ils sont dans l'impiété et la folie.

Les criminels sont certes, dans l'égarement et la folie.480

La vraie voie de la folie selon la Parole de Dieu, ce sont les impies, les gens qui vont dans le sens inverse de ce que Dieu a commandé : les criminels psychopathes ou sociopathes pour être clair. C'est à eux que Dieu réserve l'enfer comme mentionner à plusieurs reprises dans le Coran. Ici, la folie est un jugement moral. Rappelons que l'on a vu que Dieu est le Vivant (al-Hayy), et que semer la mort pour créer le désordre, est l'une des choses qui nous éloigne le plus de Lui. Le Coran condamne le meurtre d'innocents sans distinction de confession ou d'origine (c'est d'ailleurs pour ça que la condamnation du meurtre, dans le Coran, est directement définie dans l'histoire des deux fils d'Adam, pour être aux racines de l'humanité). Le Coran rappelle que le meilleur des hommes auprès de Dieu est le plus pieux (Coran 49:13). La piété pour le musulman, c'est la crainte référentielle (taqwa) envers Dieu, ainsi que l'observation des comportements fidèles à sa croyance. Le meurtre gratuit est un péché, soit un acte impie. Il fait partie des péchés majeurs, donc des actes les plus éloignés de ce qu'Allah a demandé de faire. Sans compter qu'associer le meurtre à Dieu est le pire des péchés.

Piété : Attachement fervent à Dieu; respect des croyances et des devoirs de la religion.

À partir du moment, où les hommes ont des hausses et des baisses de foi, et des hausses et des baisses de croyances, et donc, des baisses et des hausses de pratique, il ne fait aucun doute qu'un non-musulman peut être meilleur qu'un musulman même dans la piété. Ainsi, un homme d'église pieux, catholique par exemple, doté d'un noble caractère peut être meilleur aux yeux de Dieu qu'un musulman qui croit en Allah, mais qui est sans cesse dans l'impiété et le péché. Un homme qui ignore l'existence de Dieu, peut être meilleur que celui qui a une connaissance de Dieu. Il ne faut pas oublier que même pour Iblis (Satan) Dieu existe. Et l'homme peut faire pire qu'Iblis. Ce dernier ne s'est jamais pris pour Dieu, il s'est seulement rebellé contre le Seigneur de l'Univers. Alors que Pharaon, dans l'histoire de Moïse, lui, s'est pris pour un véritable dieu sur terre. Il a donc commis un affront qui surpasse celui d'Iblis. Iblis peut seulement attiser l'immoralité, mais n'est pas responsable de l'écoute de l'homme à ses provocations et des perversions qui en découlent.

En sachant tout ça, comment peut-on arriver au résultat que nous voyons dans la réalité ? Comment un musulman peut prendre un camion est écraser des centaines de personnes un jour de fête national, ou comment un jeune musulman peut-il égorger un prêtre catholique qui avait offert un terrain à la communauté musulmane pour la construction d'une mosquée ?

La religion n'a rien à voir là-dedans, elle n'est qu'un cache-misère pour se donner bonne conscience. L'hypothèse de Daesh en tant que telle, est également à mettre de côté puisqu'il n'y a jamais de réelle cible politique, mais uniquement civile. Quant à la radicalisation expresse, celle-ci aussi est un mythe, en réalité le cœur était déjà endurcis avant d’embrasser l'idéologie teintée d'islam.

À partir de là, deux types de profils se dégagent dans ce que nous avons pu observer en France, mais les deux se rejoignent sur la question de l'identité, la manipulation idéologique, et sur une fragilité d'équilibre psychique prédisposée.

Le premier profil est celui du déséquilibré dans la vie sociale de tous les jours, avec de fort antécédents : contexte familial difficile, consommation ou trafic de drogue, alcool, délinquance, prison, sexualité débridée, séjour en psychiatrie. Ajouté d'un contexte social, économique et politique difficiles du pays, et des bombardements de pays musulmans de la part des gouvernements occidentaux, il n'y a parfois pas besoin d'aller chercher loin pour comprendre qu'ils puissent exister des réactions de la même intensité de bêtise. Ce premier profil est plutôt d'ethnie extra-européenne, et a grandi en France, en ayant du mal à se sentir français. Ils étaient très éloignés de la religion, mais au lieu de parler de radicalisation express, on devrait plutôt parler de reconversion express.

En revanche, il y a un deuxième profil de terroriste, celui de ceux qui semblent plus pieux, avec un habit traditionnel religieux, type salafiste. Ce profil est récent. Ces derniers ont l'esprit plus faible que le premier profil, ils sont plus perméables aux manipulations du discours religieux. Ils ne sont pas forcément dans l'impiété quotidienne, mais ils ont un manque de spiritualité qu'ils compensent par l'apparence. Leur impiété se retrouve surtout dans la finalité de leur discours, et dans les actes qu'ils comptent accomplir. Ce manque de compréhension de la religion, et de foi en tant que al-imane et pas seulement en tant que loi (al-islam), fait qu'il va y avoir de grosses contradictions à l'intérieur d'eux. Ils vont parfois être dans l'adoration de l'islam, au lieu d'être dans l'adoration de Dieu. En revanche, comme les premiers, ils prennent également en considération les événements politiques et géopolitiques. On trouve dans ce profil autant d'européens que d'extra-européens. Eux, ce qu'ils rejettent, c'est l'Occident et ses valeurs. Mais, par manque de connaissance de l'histoire musulmane, ils ne savent pas faire la distinction entre ce qui fait partie de la dégénérescence de l'occident, et les valeurs que l'occident partage avec l'islam. Ils sont dans la logique du choc des civilisations. Leur allégeance à l'état prétendument islamique est plus crédible que le premier profil.

Donc, les premiers étaient dans l'impiété quotidienne, avec un problème d'identité et un contexte défavorable, avec de mauvaises fréquentations. Les seconds avaient reconnu l'islam, mais seulement dans sa forme extérieure (al-islam), et leur esprit faible les a faits tomber dans la manipulation. Qui dit manipulation, dit manipulateur. Le manipulateur est autant criminel que le manipulé qui passe à l'acte. Les manipulateurs sont capables de vendre un discours faisant oublier les bases de l'islam. C'est le cas de la revue Dabiq, qui est une propagande de Daesh, le prétendu état islamique. Une rhétorique, une somme de raisonnements non-rigoureux ainsi qu'une sélectivité des versets du Coran, qui les font perdre pied, jusqu'à comprendre l'inverse du message de la religion. Ils pervertissent le message de Dieu.

Perversion : (1) Action de faire changer en mal, de corrompre. (2) Action de détourner quelque chose de sa vraie nature, de la normalité. (3) PSYCHOPATHOL. ,,Déviation des instincts conduisant à des comportements immoraux et antisociaux`` (Carr.-Dess. Psych. 1976).

Certains diront qu'ils faut une certaine foi pour aller jusqu'à mener des attentats suicides, car les deux profils savaient très bien que la mort les attendait. Et pensaient finir martyrs, en raison d'une mauvaise compréhension de ce concept en islam. En réalité, leur foi n'était plus dirigé vers Dieu, mais ils recherchaient uniquement la récompense de l'au-delà. C'est cette méconnaissance de Dieu et de Ses Attributs, qui les a fait dériver vers des interprétations anti-religieuses. Car celui qui a une réelle crainte révérentielle envers Dieu (taqwa), devrait chercher au moins à savoir si l'acte qu'il cherche à commettre n'est pas un péché dans sa religion.

Mais ce qui est certain, c'est que pour les deux types, ils seraient incapables de sentir leur foi en baisse, tout simplement, parce qu'ils n'ont jamais dépassé la compréhension juridique de la religion. On a parlé du wahhabisme, dans une annexe de notre troisième ouvrage, et des littéralistes dans notre deuxième ouvrage. Nous avions dit que ces gens ne voyaient que l'extérieur du message, le côté apparent, mais n'en décelaient pas les trésors cachés. Certains textes rédigés par des religieux, sont des écrits dénués de science et d'enseignements, et peuvent avoir une emprise mentale inquiétante sur la jeunesse, et créer de véritables bombes à retardement. Tout en sachant que beaucoup de ces écrits sont disponibles gratuitement sur internet en version traduite.

Une mentalité, totalitaire, ou plutôt, totalement clivée et binaire, emprisonnée dans la dualité. Cette dualité les enferme dans une case et leurs opinions restent figées, difficiles à remettre dans le droit chemin, car ils ne souhaitent pas raisonner. Ils se méfient de cela, même si eux ne se gênent pas pour faire des extrapolations, et des raisonnements à l'emporte-pièce qu'ils ont entendus à droite et à gauche, et reproduisent sans même s'en rendre compte. Ils sont toujours dans la recherche du conflit perpétuel avec leurs adversaires. Et s'ils tombent face à des vrais gens de science, ou des musulmans qui les mettent face à leur contradiction, soit ils se mettrons à les traiter d'égarés, soit ils essaieront de les sortir de l'islam (takfirisme) par mécanisme de projection (parce qu'ils se rendront compte que leur comportement sont contradictoire avec les enseignements de l'islam, ceci étant intolérable à leur conscience intérieur, ils rejetterons la faute sur vous, comme Iblis a rejeté la faute sur Dieu).

Psychorigide : Qui, mentalement, manque de souplesse, d’autocritique, de fantaisie, qui fait preuve d’autoritarisme et de méfiance. (Wiktionnaire)481

Ils sont figés dans leur position, leurs pendules sont réglés sur une certaine musique idéologique, un certain son de cloches, et sont incapables de se remettre en question. À l'image du mythe de la caverne de Platon, ils sont comme ces hommes enchaînés dans une grotte à ne discuter que sur les ombres (l'apparence). Et lorsque les anciens leur expliquent d'où viennent les ombres, ils ne les croient pas et se méfient. Leur science de l'islam se limite aux commentaires des ombres, alors que les vrais gens de science leur montrent la provenance de celles-ci, ainsi que les objets qui leurs sont liés, et la lumière en dehors de la grotte. Mais ils ne veulent rien écouter au bout d'un certain temps d'endoctrinement.

Ils sont emprisonnés mentalement, et à l'intérieur d'eux, les tentions sont fortes et gagnent en intensité, car la foi peut être là, mais l'être incapable de se réaliser et de sortir de ses contradictions terrestres et apparentes.

Donc toutes les formes de terrorismes s'expliquent par différents facteurs, sans que cela soit pour autant excusable. Au contraire, celui qui ne cherche pas à comprendre, ne cherche pas à changer les choses pour éviter qu'elles se reproduisent à nouveau.

( Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer : car je crains Allah, le Seigneur de l'Univers. )482

La folie, c'est une forme de violence extériorisée gratuite, la recherche de conflit perpétuel, alors que la terre est assez vaste pour ne pas avoir à se marcher les uns sur les autres.

( Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez cru ! Craignez votre Seigneur ». Ceux qui ici-bas font le bien, auront une bonne [récompense]. La terre d'Allah est vaste et les endurants auront leur pleine récompense sans compter. )483

La folie est une forme d'immoralité selon le Coran. Car l'absence de moral, revient à l'absence du bon vivre-ensemble. Et mettre les autres en danger, c'est s'y mettre soi-même. C'est d'ailleurs pour ça que dans un hadith sur la lapidation à mort d'un homme ayant commis un adultère, le Prophète lui demanda s'il était fou. Car l'homme est venu de lui-même donner quatre témoins, ce qui était la règle et la condition pour pouvoir appliquer la peine.

{ Raconté par Abu Huraira : Un homme est venu au Messager d'Allah (P  ) alors qu'il se trouvait dans la mosquée, et il l'a appelé, en disant : « Ô Messager d'Allah ! J'ai commis des relations sexuelles illégales ». Le Prophète (P  ) tourna son visage de l'autre côté, mais quand l'homme a donné quatre témoins contre lui-même, le Prophète (P  ) lui dit : « Es-tu fou ? » L'homme a dit : « Non » ! Alors le Prophète (P  ) dit (à ses compagnons) : « Emmenez-le et lapidez-le à mort. » }484

Cet homme s'est mis, tout seul, en danger. Le Prophète a tourné le visage, montrant par-là qu'il souhaitait l'ignorer, il ne voulait pas entendre parler de cette affaire. Le Messager de Dieu voulait que l'homme passe son chemin et continue sa vie, qu'il garde son péché pour lui. Le Prophète (P  ) détestait donner la mort au gens, c'est pour ça qu'il lui donna une chance. Et lorsque le Prophète lui pose cette question sur son état mental : « Es-tu fou ? », on comprend que la folie est aussi liée au fait d'enlever la vie gratuitement et bêtement, y compris à soi-même. Le Prophète n'a pas eu d'autre choix que d'appliquer la peine en vigueur à cette époque.

La folie selon l'islam n'a donc rien à voir avec la maladie mentale en soit. La folie est plutôt une maladie du cœur. Ceux qui souffrent réellement de troubles psychologiques, mais qui ne portent pas atteinte à la morale, ni à la vie en société, ils ne peuvent en aucun cas être traités de fou.

Les religieux, parfois, se font encore assimiler a des fous lorsqu'ils parlent de Dieu, des anges, du paradis et de l'enfer. Alors que la folie n'a rien à voir avec le fait de croire ou non dans l'au-delà et dans l'invisible. Il y a toujours eu des mystiques qui ont eu des visions, parfois incompréhensibles en apparence. Certains ont des hallucinations, c'est-à-dire qu'ils voient des choses qu'un observateur extérieur ne peut pas voir. Il existe des "troubles" mentaux mystiques qui sont inexplicables. Mais on parle de trouble que lorsque cela est incontrôlé, c'est-à-dire que cela va gêner la personne dans son quotidien. C'est ce qui arrive très souvent dans ce que l'on appelle les psychoses.

Le psychologue ou le psychiatre, doit savoir faire la distinction entre une « hallucination » mystique, et un trouble délirant à connotation mystique. La différence n'étant pas toujours clairs entre les deux, c'est pour cela qu'il faut conseiller aux psychiatres et aux psychologues d'avoir des connaissances en théologie.

Comme cet homme, chrétien unitarien485 qui semble avoir eu une expérience mystique, qui relate un récit qui fait écho à ce qu'a pu voir le Prophète de l'islam :

« … ma première hallucination schizophrénique. Et c’était une vraie hallucination parce qu’en même temps, c’était aussi une vision béatifique. […] Une extase. Une expérience religieuse comme ça, c’est ineffable, vous ne pouvez pas la décrire. Même avec des métaphores. Si je vous dis que mon âme est sortie de mon corps. Ce sont des mots. Parce que vous n’avez pas eu cette expérience. J’espère [rire]. Alors l’âme sort du corps et on atteint une extase. Vraiment. Une extase énorme. Et puis on voit. On voit le royaume de Dieu. Et c’est comme si un voile d’ange couvrait la face de Dieu. Parce qu’on ne voit pas Dieu. […] Et on sent l’éternité. C’est ça. C’est l’éternité qu’on sent. C’est ça, la vérité suprême. […] Une des connaissances que j’ai eues, c’est que ce monde dans lequel nous vivons vous et moi, c’est ça l’illusion. C’est Dieu qui est réel. Et la vérité suprême, c’est que cette terre ici, notre monde à nous, est éphémère et passagère. »486

Sauf que, la notion « d'hallucination schizophrénique » est une simple appellation des psychologues modernes, pour faire peur au grand public, et stigmatiser les expériences religieuses, mystiques et,ou spirituelles qu'ils ne comprennent pas.

Et si ce jeune homme avait eu des connaissances sur l'islam, il aurait su que sa vision était celle d'un privilégié. Privilégié, non pas au sens d'élu, mais dans le sens où Dieu lui a donné la possibilité de voir des choses de l'au-delà, ce qu'on appelle aussi les choses du « ghayb » (de l'invisible, inaccessible au commun des mortels par les sens traditionnels). Tout ce qu'il décrit n'a aucune incohérence et ne rentre pas en conflit avec la théologie musulmane. Notamment sur deux choses significatives : la première, lorsqu'il parle de voir Dieu, mais en même temps de ne pas L'avoir vu, parce qu'il y a comme un voile porté par un ange qui l'en empêche ; et deuxième chose, lorsqu'il dit que les mots sont inefficaces et inadaptés pour décrire son expérience. Ces deux éléments sont des indices que l'on retrouve clairement dans les recueils de ahadith, pour décrire ce qu'a vécu le Prophète Muhammad lors de son ascension dans les sept cieux.

Le problème, c'est que l'islam fait peur a beaucoup de gens en occident, et que lorsqu'un patient souhaite étudier la théologie pour essayer de comprendre son expérience, il va très rarement se tourner vers la religion musulmane en premier lieu, voir même, il risque de s'en écarter. Et à cause de ces préjugés renvoyés sans cesse, peut-être ne jamais trouver la voie de la guérison. Ainsi, la dimension religieuse, ou plutôt spirituelle, ne doit pas être négligée chez le psychologue, avant de juger ce qui relève soit d'un véritable trouble psychique (comme un délire), soit d'une véritable expérience mystique (cohérente, contrairement au délire).

Le paradoxe religieux de l'ère moderne ?


Le mode de vie des gens est fait de schèmes. Nous avons nos habitudes et nos croyances qui rythment nos actes quotidiens. Si le patient et le traitant vivent dans la même matrice mentale, la même culture, les mêmes croyances, les mêmes idoles, s'ils y restent accrocher, alors ils ne dépasseront jamais les troubles mentaux. Car la réalité de ces troubles surpasse le cadre matriciel psychique pré-existant. D'ailleurs, il y a des troubles mentaux qui ne sont pas universels et qui n'apparaissent que dans certains endroits du monde. C'est ainsi que les « hallucinations schizophréniques » qui sont parfois de vraies expériences mystiques (pas systématiquement), ne vont avoir aucun sens pour celui qui n'a aucune connaissance en théologie, que ce soit pour celui qui le subit, ou le thérapeute. Alors que dans certaines cultures où le sacré a encore sa place, ces hallucinations risquent d'être moins choquantes et handicapantes. Donc nos modes de vie, nos croyances, notre attachement à l’inconscient collectif, et notre manque de connaissance, peuvent rendre incompréhensibles nos expériences.

Dès qu'un comportement commence à sortir des normes, il va forcément devenir suspect. Mais si la norme est déjà très étroite à la base, alors la suspicion se fera de plus en plus injustifiable. Et c'est ce qui se passe de plus en plus dans les sociétés occidentales dans lesquels la culture et les médias jouent le rôle d'éducateur, et influencent idéologiquement les gens dans le consumérisme, le matérialisme et l'individualisme487. Un nivellement par le bas entraînant de l'angoisse et de l'uniformisation, et permettant ainsi à ceux qui ont le pouvoir de contrôler le peuple plus facilement. Et dès qu'une personne a un comportement qui sort des cases définies par la propagande, alors celui-ci est systématiquement montré du doigt et stigmatisé, d'autant plus s'il a une notoriété publique.

Dans la majorité des pays d'occident, la liberté de croire ou de ne pas croire est un droit acquis. Et pourtant, nous observons ce qu'on appelle le paradoxe religieux. Le paradoxe religieux est le constat selon lequel les individus vivant dans les pays prétendument les plus développés et les plus riches, ont tendance à quitter les institutions religieuses ou à ne pas s'affilier à une religion particulière, alors que dans le même temps, les personnes qui pratiquent une religion, témoignent d'un meilleur bien-être488, et sont moins susceptibles de présenter des psychopathologies sociales. Et ce paradoxe a été observé sur l'ensemble de la population mondiale au travers d'une étude réalisée en 2011489.

( (1) Bienheureux sont certes les croyants, (2) ceux qui sont humbles dans leur Salat, (3) qui se détournent des futilités )490
( Ceux-là sont sur le chemin droit de leur Seigneur et ce sont eux les bienheureux. )491

Dans cette étude, on a posé la question suivante : « Est-ce que la religion a une part importante dans votre vie quotidienne ? » : 0,27% seulement ont répondu « Oui » pour la France. La France fait partie des pays au monde les plus touchés par l'athéisme. Plus de la moitié des français seraient non-croyants, avec 1/3 de français sans religion, 1/3 de Français athées convaincus, et un peu moins de 40% de croyants492. Alors qu'à l'échelle de la planète, on constate l'inverse, c'est-à-dire près de 70% de croyants. Les athées ne seraient que 13% dans le monde.

Pourquoi les gens qui vivent dans les pays où il y a la liberté du choix de culte, ont tendance à quitter les institutions religieuses ? L'étude de 2011, qui était plutôt sous forme d'enquêtes et de sondages statistiques, n'apporte aucune réponse à la question qu'elle pose.

Il ne faudrait pas s'y tromper concernant ces observations. Ce n'est pas la liberté de pratique du culte dans un pays, qui est la cause de ses retraits de la religion. Le problème est plus complexe que cela. Les pays où il y a la liberté de croire en ce que l'on veut, ce sont aussi les pays les plus touchés par la propagande et les lobbys, dans lesquels on peut librement être anti-religieux, et faire l'apologie de l'excès et de la démesure, sur la scène culturelle, littéraire, philosophique, cinématographique, musicale, mais aussi politique.

Il fut un temps où la France était le premier pays consommateur d'antidépresseur. Aujourd'hui, ce sont l'Island et l'Australie. Ce sont également deux pays dans lesquels l'athéisme est supérieur à la moyenne. Nous pouvons faire une corrélation évidente entre cette crise de bien-être, et la dé-spiritualisation d'un pays, dû à la politique menée par cette dernière. Depuis le début du XXIème siècle, le peuple de France est en train de se spiritualiser à nouveau, grâce à l'islam, mais aussi, pour certains, par la redécouverte des écrits catholiques disponible sur internet. Contrairement aux décisions politiques loin des réalités et des préoccupations, le peuple de France est en voie de guérison, et est en phase de mutation.

Dans les pays dont le peuple est encore malade, c'est la course à la richesse, à la consommation, la recherche de biens matériels, et le culte de l'ego qui deviennent des religions, parfois sans dieux, chez beaucoup de personnes non-croyantes, sans qu'elles n'en aient forcément conscience. Une surestimation de soi, en cherchant à se croire important par les images apparentes que l'on renvoie aux autres, et on tombe dans la pathologie sans s'en rendre compte, parce qu'on devient petit à petit ce faux monde que l'on s'est construit.

« Ainsi l'esprit trouve dans ses habitudes une certaine sécurité, disant : “ Ma famille, mes enfants, mes meubles, ma maison. ” Et quand vous dites : “ Mes meubles ”, vous êtes ces meubles. Vous riez, mais quand ce meuble particulier que vous aimez vous est enlevé, vous êtes en colère ; vous êtes ce meuble, cette maison, cet argent, ce drapeau. Mais vivre ainsi c'est vivre non seulement une vie bête et superficielle, mais vivre dans la routine et l'ennui. Et quand on vit dans la routine et l'ennui par force on a la violence. » — Jiddu Krishnamurti »493

Une bulle de fausseté qui nous aliène et retire petit à petit notre humanité. On devient cette image que l'on créé de toute pièce, en attachant nos cœurs aux illusions de ce monde.

( Ni vos biens ni vos enfants ne vous rapprocherons à proximité de Nous. Sauf celui qui croit et oeuvre dans le bien. Ceux-là auront une double récompense pour ce qu'ils œuvraient, tandis qu'ils seront en sécurités, aux étages supérieurs (du Paradis). )494
( Les biens et les enfants sont l'ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes œuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance. )495
( (34) (Nous aurions pourvu) leurs maisons de portes et de divans où ils s'accouderaient, (35) ainsi que des ornements. Et tout cela ne serait que jouissance temporaire de la vie d'ici-bas, alors que l'au-delà, auprès de ton Seigneur, est pour les pieux. )496

La recherche de possession, l'entretient de l'avoir au détriment de l'être, n'est qu'une fuite en avant. Les gens souhaitent collectionner les images et les souvenirs de ce monde pour se rassurer, calmer leurs angoisses du non-sens apparent de cette vie, qu'ils ne cherchent même plus. Ils s'occupent l'esprit en stimulant sans cesse leur sens par les stimuli proposés par la société du spectacle et de la marchandise. La socialisation se fait dans des activités en dehors de la tradition. Ainsi, les nouveaux phénomènes de selfies, ces photos de soi-même prises par soi-même, pour soi-même, rendus publique sur les réseaux sociaux, pour exposer leur propre vie, sont des comportements typiquement narcissiques. Les photos sont parfois retouchées, reproduisant les codes et les modèles de beauté télévisuels, médiatiques et culturels, cherchant à se valoriser devant les autres par l'apparence d'un bien-être. Mais cela ne reste qu'apparence, et celui qui sait lire à travers les apparences, peut voir toute la détresse et la prison mentale dans laquelle sont enfermées certaines de ces personnes.

Or, une partie de la jeunesse voit nécessairement ce monde factice qui les attend497. Ce maquillage auquel ils devront se conformer un jour ou l'autre, s'ils veulent continuer à survivre. Ce système inhumain qui va créer une fracture avec la fitra, la saine nature. Une société vide de sens, créant des populations

entières de gens malades.
Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être bien adapté à une société profondément malade. Jiddu Krishnamurti

Nous n'encourageons pas les gens à rester à la marge, au contraire, cela arrange ceux qui entretiennent ce système. Car, vivre à la marge est aussi une fuite de responsabilité dans l'autre sens. Faire un jihad social, c'est s'impliquer au sein de la société pour, justement, rendre les institutions républicaines plus compatibles avec la nature humaine. Faire en sorte qu'elles s'améliorent, car le projet républicain français reste une construction humaine imparfaite à parfaire. Mettre en évidence ses contradictions, ses hypocrisies, ses mensonges, poussent ses dirigeants à montrer leur vrai visage. Faire en sorte de l'immuniser contre les pressions extérieures étrangères, et autres lobbys faisant l'intérêt de particuliers au détriment du peuple. C'est la raison pour laquelle les assassinats politiques ou les attentats meurtriers, sont inefficaces en générale, car cela n'affecte en rien les institutions, puisque dans des systèmes uniformes et mécaniques, les hommes ne sont que des unités numériques remplaçables. Bien au contraire, la violence ne fait que renforcer les crispations et les lois liberticides, raison pour laquelle, des attentats arrangent souvent les pouvoirs en place, et sont souvent réalisés sous faux-drapeaux. Mais si l'on fait ce travail, les dirigeants vont retirer de plus en plus de leviers d'action au peuple, jusqu'à ce que le système oblige la population à l'abattre.

« Si ce système ne s’effondre pas de lui-même, alors il faudra l’y aider. Nous allons le faire. Nous sommes nombreux. Des millions de fois plus nombreux que notre ennemi. Il a peur de nous. Il tremble de terreur car il sait que son pouvoir est fragile et ne repose que sur du bluff et le crédit que nous lui accordons. Toute sa force ne repose que sur des représentations auxquelles nous avons cru. Cessons d’y croire, cessons d’obéir et le réel apparaîtra : nous sommes plus fort que lui. Le roi est nu. En outre, son propre pouvoir le fait souffrir car il sait bien au fond de lui qu’il repose sur le mensonge. Inconsciemment, il nous demande de le frapper pour le ramener à la raison. Ne nous privons pas. Il nous remerciera à la fin. »498

Mais les sociétés occidentales restent championnes du monde dans la production de diagnostique psychologique. En effet, une société où règne l'angoisse, entraîne plus de clients potentiels. Et plus vous faites croire aux gens qu'ils sont malades, donc inaptes à se prononcer politiquement, plus vous les rendez spectateurs en société, car ils vont se croire inapte à réfléchir. Mais tous ses symptômes et ses dérégulations psychiques sont en réalité des manifestations quasi-normales dans un monde qui n'est pas compatible avec l'humain. Les modes de vies imposées par le monde du travail ne sont pas toujours adéquats pour un épanouissement personnel. D'ailleurs, on peut se demander, comment se fait-il que les gens ne soient pas épanouis dans leurs activité de vie de tous les jours, et comment se fait-il que les relations dans le monde du travail sont très souvent factices ? Des notions comme le "stress", ou les "burn-out" sont finalement très récents dans l'histoire de l'homme. Être confronté au conformisme administratif ou encore l'obligation d'être rangé dans une case du système réduit la liberté de l'homme. Ainsi, beaucoup de ces troubles naissent en raison de certaines structurations injustes, arbitraire et dogmatique de notre société499. En détruisant les relations et les rapports humains sincères, on détruit la manifestation du Vivant au sein de celle-ci.

Les pays où il y a la liberté de culte correspondent également aux pays où la culture peut être librement immorale, et par désensibilisation, faire l'apologie de l'excès et du déséquilibre pervers. Et ce prosélytisme des comportements à risques, venant très souvent des séries et films américains, mais aussi du monde des affaires politiques, se répercutent sur la psychologie de la population, entraînant des addictions, de la violence, des suicides, des dépressions. Car la réalité est très souvent plus contrastée que la fiction, les images et les stéréotypes trompent nos attentes sur le monde. Contrairement aux religions, qui, à l'aide de récits ancestraux, décrivent le monde et la réalité psychologique des hommes avec une précision, qui ne fera jamais défaut. C'est pour ça que les études montrent globalement que les personnes religieuses sont moins soumises aux comportements à risques500.

« Le lien entre religion et santé mentale est le sujet de beaucoup de controverses à travers les années, et nombreux psychologues et psychiatres restent sceptiques, en partie parce que la plupart des recherches sont basées sur des analyses transversales de petits échantillons. Les études à ce jour suggèrent une association entre l'engagement religieux et de meilleurs résultats de santé mentale, y compris une plus grande estime de soi, une meilleure adaptation au deuil, une plus faible incidence de la dépression et de l'anxiété, une plus faible probabilité d'abus d'alcool et de drogues, et une plus grande satisfaction de la vie et du bonheur en général (Koenig et al., 2001). Les analyses longitudinales récentes des sous-groupes de la population fournissent des preuves supplémentaires à l'appui de ce lien (Zuckerman et al 1984;. Levin et al., 1996). »501

Ils sont moins soumis, d'une part parce que les prescriptions de leur religion respective les mettent en garde face au danger des dérives, des comportements déviants, directement à la racine, mais aussi parce que la composante spirituelle pousse l'individu à se connaître lui-même et à se maîtriser psychiquement. Et lorsqu'on se connaît soi-même, nous sommes moins dans la peur, et il est alors plus facile d'aller vers l'autre pour créer des liens.

Mais l'argument le plus important est celui du sens que l'on donne à sa vie. Sigmund Freud a dû admettre que seules les religions répondaient aux questions du mystère de la vie.

« Il n'est décidément que la religion pour savoir répondre à la question du but de la vie. On ne se trompera guère en concluant que l'idée d'assigner un but à la vie n'existe qu'en fonction du système religieux. » — Sigmund Freud502

Car le nihilisme occidental, qui découle d'une analyse du monde purement matérialiste et positiviste, entraîne nécessairement l'angoisse du vide, la peur consciente ou non d'une vie de non-sens. D'où la naissance d'une grande partie des troubles psychiques en raison de cette idéologie, que l'on constate en Occident. Le nihilisme détruit totalement la pensée symbolique naturelle qui fait l'homo sapiens.

Les différentes classifications des pathologies mentales sont toujours arbitraires. Nous rappelons que la maladie mentale, en soit, n'existe pas. Ce sont des sommes de troubles, de symptômes, que l'on regroupe sous une étiquette.

Or, aucun patient n'est jamais atteint d'une étiquette particulière, en revanche, il va présenter des troubles, et des syndromes qui vont orienter le thérapeute pour comprendre quel type de maladie théorique s'en rapproche le plus pour comprendre la structure du dysfonctionnement psychique. Ces troubles n'ont aucune origine biologique, mais ils témoignent nécessairement d'une angoisse et d'un conflit, qui risquent d'altérer la personnalité, les comportements et les caractères. Le vécu, l'histoire, les croyances, le rapport au monde, à soi, aux autres, et à l'imaginaire, sont des éléments propres à chaque patient, qui vont rendre la maladie singulière.

En occident, ou plus particulièrement en France, ces étiquettes sont souvent classées en trois grandes structures que sont : les névroses, les psychoses, et les états-limites (borderline) :

On distingue généralement le psychotique par rapport aux deux autres, par la perte de contact avec la réalité. Le psychotique n'a pas conscience de son incohérence et de ses altérations psychiques au moment de ses crises. Chez le psychotique, pour fuir une réalité qui ne semble pas cohérente, il va mettre en place une somme de mécanismes de défense inconsciemment, de manière exagérée, en vue d'altérer sa perception de la réalité, et donc, le sens donné à celle-ci. On va reconnaître assez facilement le fonctionnement psychotique, par son étrangeté et son incohérence qui dépasse les limites de l’irrationalité admises. Se prendre pour un super-héros, voir des choses que personne ne voient, ou croire être en permanence suivi et espionné par les services secrets, sont des symptômes fréquents dans nos cultures occidentales, car cela permet de rendre sa vie moins monotone, et donc moins angoissante lorsqu'on a une perception positiviste du monde. C'est une création de sens symbolique par l'imaginaire de manière inconsciente. La limite entre la réalité et l'imaginaire a été brisée, étant la seule issue qui a été trouvée par le psychisme pour calmer une angoisse ingérable. Ce sont des individus avec des immaturités du développement psychologiques à des degrés importants. Mais ce n'est pas une question d'intelligence. L'imaginaire ne va plus jouer son rôle de régulateur entre le réel et le fantasme. Les psychotiques peuvent aussi être fragmentés intérieurement, d'où les troubles de la personnalité, identitaires, et les troubles du discernement et de l'interprétation du réel. Dans les psychoses, on y range généralement les schizophrénies, les paranoïas ainsi que certaines formes du trouble bipolaire (maniaco-dépressif). La structure psychotique est certainement celle qui va présenter le plus grand handicape, socialement parlant.

Pour le fonctionnement névrotique, il n'y a aucune altération de la réalité. L'altération se trouve au niveau du sens symbolique de certaines expériences. L'individu a pleinement conscience de sa maladie, mais il ne comprend pas l'origine de son état de souffrance. Il subit la réalité, par une conscience de soi qui n'atteint pas la spiritualité. Il manque de science, et ne peut agir sur sa réalité extérieure comme intérieure. Chez le névrotique, les choses ne font pas sens, ou alors, celui-ci est altéré, ce qui ne lui permet pas d'identifier ses propres conflits intérieurs. Le refoulement est le mécanisme de défense principal du fonctionnement névrotique. Le conflit échappe à la conscience, parce qu'une réalité intérieure (une pensée, un souvenir), contraire à la réalité, vient troubler le bon fonctionnement. Si cette pensée trouble la sécurité psychique, c'est parce qu'elle est attachée à un affect ou un souvenir traumatique, souvent très chargé émotionnellement. On trouve dans les névroses, la conversion hystérique, la phobie et la névrose obsessionnelle. La psychanalyse définit la névrose comme un dysfonctionnement psychique, dont les symptômes sont l'expression d'un compromis entre le désir et l'interdit. En d'autre terme, le trouble va être un indicateur important pour comprendre le conflit intérieur, même si le lien entre le conflit et le symptôme n'est pas toujours évident à saisir.

Enfin, les états-limites, en règle générale, sont ceux que l'on situe entre les deux autres organisations psychiques503. Les personnes ont généralement une relative conscience intérieure, ainsi que de la réalité extérieure, mais vont présenter des troubles en commun avec les psychoses. Notamment les troubles de la personnalité, et de l'altération de la réalité. Sauf qu'au lieu d'inventer, de fantasmer ou de corrompre la réalité extérieure à soi, ils vont directement agir sur elle de manière destructrice, impulsive, violente, à chaque fois qu'ils se sentent en difficultés. Faible tolérance à la frustration, les états limites sont de plus en plus diagnostiqués, résultant des enfants rois que nos codes sociétaux occidentaux ont engendrés504. Des gens sans repères, ni limites. C'est la recherche systématique de son propre intérêt quitte à aller au détriment des autres. Il peut aller jusqu'à détruire ce qui l'entoure pour son bien-être. Si bien que chaque chose dans la réalité qui viendrait mettre la personne en difficulté, le fonctionnement limite ne se remet pas en question, mais au contraire, il va tout faire pour détruire ce qui lui a causé la gêne. Très grande difficulté avec l'altérité, à entretenir des relations stables. Il veut se maintenir dans un état de toute-puissance, de domination (parfois dans certain domaine seulement). La mentalité de ses personnes est entièrement compatible avec le système capitaliste. Car le capitalisme ne propose pas de limite, quitte à détruire et ruiner des millions de vies sur terre. Le fonctionnement limite active également des mécanismes de défense tels que le clivage et la projection, pour une extériorisation systématique du conflit. Ce sont les personnalités narcissiques, perverses, masquées, qui sont dans la dénégation de leur moindre faiblesse ou erreur, en raison d'un d'orgueil surdimensionné. Ils vont présenter de fait une psychorigidité. Ce sont les personnes qui sont en perpétuel conflit avec le destin, le dogmatisme du réel qu'ils n'acceptent guère.

Nous avons beaucoup simplifié notre exposé, car en réalité, la classification n'est pas aussi claire que cela. Un même trouble peut se retrouver sous une étiquette ou une organisation différentes, et jouera un autre rôle. Il faut bien comprendre que ces troubles ne sont pas des choix, et c'est dans ce sens que, même s'il n'y a pas de maladie mentale en soit, il y a bien des gens malades psychiquement. Les noms des maladies ne sont que des appellations qui viennent mettre une étiquette en haut d'une colonne d'un tableau de classification théorique. Ça n'a rien de réel. Les troubles sont très souvent des économies psychiques nécessaires pour la stabilité interne du patient, mais ils utilisent et dépensent des énergies folles pour maintenir un équilibre factice. D'où la souffrance et l'épuisement du malade.

S'il y a conflit, c'est qu'il y a destruction de l'unité intra-psychique, ou de l'unité interne/externe. Ce conflit entraîne de l'angoisse. Et s'il y a angoisse, c'est qu'il n'y a plus de sécurité psychique. Cette insécurité psychique peut être due à des parcours et des expériences individuelles traumatiques, ou alors à des manquements à certaines étapes du développement psychique nécessaires à l'équilibre mental.

Mais lorsque la psychopathologie n'est plus un phénomène rare, exceptionnel, on peut légitimement se poser la question de la mise en cause de certaines structures idéologiques de nos sociétés, qui auraient un impact important sur les mentalités, et favoriseraient le déclenchement de troubles mentaux, comme les fonctionnements limites.

« Si l'on dégage le judaïsme des prophètes et le christianisme, tel que Jésus-Christ l'a enseigné, de tous les accessoires ultérieurs, en particulier des prêtres, il reste une doctrine qui serait en état de guérir l'humanité de toutes les maladies sociales. L'homme de bonne volonté a le devoir d'essayer fermement, dans son milieu, de rendre vivante cette doctrine d'humanité pure, autant qu'il est en son pouvoir. S'il fait cet effort sincèrement, sans se laisser pousser ni annihiler par ses contemporains, il peut s'estimer heureux, lui et sa communauté. » — Albert Einstein505

Les religions monothéistes ont compris comment détruire le conflit, en rappelant sans cesse à l'humanité la recherche de l'unicité divine. Cela a été la mission des prophètes. Car une société de gens déséquilibrés, en perpétuel conflit avec eux-mêmes et avec les autres, c'est une société qui va finir par s'autodétruire.

Lorsque les publicités, les médias, et les œuvres culturelles, arrivent à créer des univers mentaux fantasmatiques inaccessibles, ils peuvent créer de la frustration au sein du peuple. C'est ce que fait parfaitement le capitalisme, par l'inégalité qu'il créé, tout en promettant des marchandises et des biens de ce monde, qu'en réalité, une toute petite partie de la population pourra profiter pleinement. Mais encore une fois, ce n'est pas l’inaccessibilité à ces choses qui créer le danger, car ils ne sont que des biens matériels, donc futiles. Mais le danger vient du désir, de l'envie de posséder ces choses, que le capitalisme arrive à créer chez l'être humain grâce au marketing. Le marketing est la sorcellerie du XXIème siècle. C'est pour cela que l'on croit, très souvent à tort, que le fonctionnement névrotique est normal, alors qu'en réalité, le désir n'est pas dans l'homme, mais d'autres humains malveillants souhaitent, pour leur intérêt, que celui-ci soit susciter dans la population, pour mieux la contrôler. Ainsi, le marketing est partout aujourd'hui dans nos vies, et suscite en nous des désirs interdits, qu'en l'état normal des choses, nous n'aurions jamais développé.

Et lorsque des êtres humains sont fatigués de lutter contre les désirs interdits suscités chez eux, ils finissent très souvent par devenir violents et destructeurs.

Trouver ou redéfinir le sens de sa vie est certainement la chose la plus difficile quand il a été altéré, et que l'on ne souhaite pas reconnaître l'existence d'un Unique Dieu Créateur à l'origine de toute chose. Mais cela est d'autant plus difficile lorsque l'on ne connaît pas ou ne maîtrise pas sa vie intérieure. Car l'on risque d'être attaché à toute sorte d'images et de souvenirs dans ce bas-monde, liés à des affects, qui vont nous handicaper dans notre développement personnel, notamment pour la spiritualité.

Thérapies : Conscience de soi, rappel et sacralité ?


Une nation qui souhaiterait retrouver un statut homéostatique, ne peut y revenir que lorsqu'un nombre significatif de gens conscients, éveillés contre les manipulations, deviennent capables de se défendre et de proposer eux-mêmes leur vision politique.

Or, dans la société du spectacle marchand, tout est fait pour stimuler sans cesse les sens extérieurs des hommes. La musique, le cinéma, le théâtre, le sport spectacle, la télé, les jeux vidéos, les magasins, les vitrines, les restaurants. L'attention de l'homme est perpétuellement dirigée vers l'extérieur, vers les images de ce monde. L'être humain n'a plus le temps de s'ennuyer et de se retrouver seul avec lui-même.

L'ennui est un vide créateur. Dans une société du divertissement, cet ennui n'a plus de place, et donc, la civilisation stagne par le matérialisme qu'elle véhicule, jusqu'à la dégénérescence programmée d'un monde artificiel qui n'avait que pour destin de s'écrouler.

Les écouteurs dans les oreilles, les téléphones et les tablettes numériques à la main, connectés à internet à tout moment, l'homme n'a plus besoin de se déplacer pour stimuler ses sens, mais c'est le monde du spectacle qui se déplace à lui, grâce à la technologie. Sous prétexte de confort, il s'immisce dans la vie de l'homme, pour fragmenter son psychisme, en devenant une sorte d'addiction inconsciente aux dégâts invisibles.

Ce que souhaite gagner le pouvoir qui ne cherche que son intérêt personnel, peu importe comment il se nomme, c'est la conscience de ses sujets. Fragmenter les gens, en créant chez eux de la contradiction, est la meilleure manière de les rendre inconscients de certaines informations clés. Grâce aux médias, ils détournent l'attention en créant des tâches aveugles. Or, ces tâches aveugle permettent aussi d'empêcher que la volonté du sujet soit diriger vers le véritable conflit à l'origine des troubles, faire en sorte qu'il ne puisse le détecter, car dans le cas contraire, il commencerait à agir et réfléchir par lui-même, et devenir un danger pour le pouvoir. Ce dernier créé intentionnellement des névrosés. De manière grossière, par exemple, médias et politiques, lorsque l'on parle pendant deux semaines sur le burkini, en stigmatisant les musulmans de France, on détourne l'attention des Français, on créé une tâche aveugle sur les thématiques les plus importantes, pendant une période déterminée (l'été de l'année 2016). Tant que le conflit échappe à la conscience, la volonté de l'homme ne pourra s'émanciper de l'univers mental proposé par le système médiatique. Il ne raisonnera qu'avec les concepts et les outils de son maître, et restera prisonnier psychiquement. Mais s'il arrive à surpasser cette bulle idéologique, alors il accomplira une prise de conscience.

La conscience consiste à commencer les opération sur la science par soi-même. Être capable de mettre les connaissances les unes avec les autres pour en déduire d'autres, sans que l'on soit forcer de le faire par des causes extérieures : c'est le début de la conscience. Mais, il faut aussi être capable d'agir soi-même pour aller chercher la science, chercher là où personne ne vous a obligé à aller, lire des livres que personne ne vous a recommandé, ne pas dépendre des autres, faire ses propres recherches, ses propres constats.

Le manque de conscience est lié à l'oublie et au manque d'attention intérieur. Le premier signe du manque de conscience, c'est lorsque chez une personne, les actes sont dissociés du discours.

( Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? êtes-vous donc dépourvus de raison ? )506

Le but d'un psychothérapeute, c'est très souvent d'essayer de faire regagner conscience au patient, notamment en dirigeant son attention, sur des choses qu'ils ne voient pas. Or, le thérapeute, qu'il soit croyant ou non, ne peut pas imposer la foi à son patient. On ne peut pas guider quelqu'un à reconnaître l'existence de Dieu.

( Tu (Muhammad) ne diriges pas celui que tu aimes : mais c'est Allah qui guide qui Il veut. Il connaît mieux cependant les bien-guidés. )507

Même le Prophète de l'islam, n'a pu guidé qui que ce soit, même parmi les gens qu'il aimait. Ce qui signifie que tous les compagnons, et les croyants qui les ont suivis, ont cru à son message par leur propre réflexion. Or, le patient ne doit pas être spectateur de sa guérison, cela ne fonctionnera jamais. Il faut pouvoir lui redonner sa volonté d'agir librement.

« Il y a deux athéismes dont l'un est une purification de la notion de Dieu. » — Simone Weil508

Le véritable problème n'est pas l'athéisme en soit, mais le nihilisme qu'il peut engendrer. Car l'athéisme peut prendre deux directions différentes, dont l'une qui est bénéfique, et vient justement détruire toutes les fausses croyances, conformément à la première partie de la shahada islamique, consistant à dire : « Il n'existe aucune divinité qui mérite d'être adorée [...] ».

La première démarche du psychologue, est de poser un diagnostique, essayer d'identifier les causes (étiologie), et enfin de proposer un traitement thérapeutique en fonction de l'évolution et de l'intensité des troubles, en vue de les éliminer. Cela va surtout consister à faire des exercices pour essayer de relier le corps à l'esprit, les actes et les discours, et essayer d'engendrer des prises de conscience, permettant ainsi de balayer certaines fausses croyances (les fausses divinités). Car, sans conscience intérieure, il n'y a pas de maîtrise de soi, et sans maîtrise de soi, pas d'équilibre.

Il existe tout un tas de techniques psychothérapiques, et cela, pour la simple et bonne raison, que l'Âme humaine reste et restera un mystère pour la science. Ainsi, chaque modèle théorique de la psyché, de la plus réductionniste à la plus spiritualiste, aura son approche thérapeutique, même si, la théorie n'explique pas tout à fait la pratique de guérison.

L'approche psychodynamique, pouvant prendre la forme d'une cure psychanalytique, utilise essentiellement la parole, la libre association. Le but est de faire prendre conscience au patient où se situe le conflit intérieur échappant à son attention, pouvant être lié à un souvenir traumatique. Plutôt utile aux souffrances névrotiques.

D'ailleurs, les thérapies psychodynamiques qui se sont développées ultérieurement à Freud, ont des objectifs très proches avec la religion. Les thérapeutes ont délaissé les délires autour de la sexualité infantile, et ce sont intéressés de plus prêt à : « 1) l'environnement social actuel du patient (on insiste moins sur son passé) ; 2) l'influence continue des expériences de la vie (pas uniquement les conflits de l'enfance) ; 3) le rôle de la motivation sociale et des relations d'amour interpersonnelles (plutôt que les instincts biologiques et les préoccupations égoïstes) ; 4) l'importance du fonctionnement de l'ego et le développement de l'auto-conception (moins d'intérêt est porté au conflit entre le ça et le surmoi). »509

Les thérapies comportementales s'attaquent directement aux comportements en tant que tel, sans considérer la dimension intérieure de l'être humain. Elles mettent généralement le patient en situation. Ils utilisent l'apprentissage, le dés-apprentissage, le ré-apprentissage, le contre-conditionnement, le renforcement positif, l'imitation, l’entraînement. C'est efficace lorsque les problèmes psychologiques sont seulement liés à des inadaptations sociales ou environnementales. Le principal défaut est qu'il ne s'attaque qu'à la forme des troubles, et si l'origine de ceux-là est plus profond, ils risquent de revenir progressivement.

Les thérapies cognitives cherchent à modifier les fausses croyances, les irrationalités de l'individu, en réaménageant son fonctionnement cognitif, ayant un impact important sur ses comportements et sa manière de voir le monde. Nous avions dit que s'il y a reconnaissance d'irrationalité, alors on admet que la Vérité n'est qu'une. D'où la question : est-ce qu'un psychologue adopte véritablement une position neutre religieusement lorsqu'il conseille son patient contre les fausses croyances ? Car détruire les fausses croyances revient à chercher à imposer la première partie de la shahada islamique !

Les thérapies systémiques, ne prennent pas seulement le fonctionnement psychique de l'individu isolément, mais l'évalue dans ses interactions avec le groupe, c'est-à-dire l'environnement naturel dans lequel il évolue tous les jours. Cela peut-être la famille, le couple, mais on peut aussi faire des interactions avec des inconnus, comme les groupes de soutien communautaires, parfois anonymes, notamment concernant les addictions. Nous pourrions les lier avec les questions d’écosystèmes, et si nous pouvions en apporter une critique, c'est que cette méthode a tendance à ne pas remettre en cause des fonctionnements de société ou de certaines institutions, qui peuvent être à l'origine du trouble au sein d'un groupe. On peut se poser la question sur le fonctionnement de certaines institutions républicaines françaises, entraînant systématiquement des comportements pervers.

Les thérapies inspirées des traditions humanistes, insistent sur les valeurs et les aspirations de l'individu en tant que tel, lui faire prendre conscience de ses potentialités notamment dans sa liberté d'agir.

Les thérapies biomédicales font appel à la psychopharmacologie : antidépresseurs, neuroleptiques, anxiolytiques, psychochirurgie. Le problème est le même que celui des thérapies comportementales, elles ne s'attaquent pas à la cause première, mais aux troubles physiologiques, et donc, s'il peut permettre de diminuer l'intensité de ces troubles, si l'origine est plus profonde, ils sont susceptibles de revenir à la charge.

Il existe autant de thérapie qu'il y a de modèle théorique. On parlera des ruqiyas dans le prochain article. Nous aimerions évoquer rapidement la logothérapie, destinée à responsabiliser l'individu sur le sens de sa vie. Elle a été créé par Viktor Frankl, professeur autrichien en neurologie et en psychiatrie, au début du siècle dernier. Prendre en considération la dimension spirituelle de l'homme, est ce qui manque à la plupart des modèles théoriques. Frankl dénonçait déjà les théories freudiennes, tournant beaucoup trop autour du principe de plaisir et de la sexualité, ainsi qu'un parti-pris contre les religions, notamment dans l'œuvre de Freud intitulé L'Avenir d'une illusion publié en 1927.

Dans l'islam, beaucoup de rites cultuels sont justement des sortes de « thérapies » quotidiennes afin que le musulman garde la conscience de Dieu. Le rappel et l'évocation de Dieu, ce qu'on appelle le dhikr, vient remédier à l'oubli, aux pertes de conscience de l'être humain.510

( Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont [certains versets] se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent (à l'entendre); puis leurs peaux et leurs cœurs s'apaisent au rappel d'Allah. Voilà le [Livre] guide d'Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah égare n'a point de guide. )511

S'il est recommandé aux musulmans de faire des invocations (répéter 33 fois Subhân-Allâh wal-Hamdulilâh wal-Allâhu Akbar, après la prière par exemple), de dire « Bismillah » (Au nom de Dieu) avant de commencer un repas, ou « Salam 'aleykoum » (Que la Paix soit sur vous) en rentrant chez soi, qu'il est recommandé de manger de la main droite ou encore de rentrer dans la mosquée avec le pied droit, tout cela, ne sont pas des recommandations qu'il faut appliquer bêtement et qui seraient juste là pour conditionner le fidèle, mais c'est pour faire en sorte que ses actes quotidiens soit liés sans cesse à la présence de Dieu. Sacraliser les actes quotidiens permet d'être constamment dans le souvenir de Dieu, et ainsi, atteindre des états de conscience plus développés, où notre esprit est en harmonie avec le corps.

Pour remédier au stress, qui peut entraîner des contractions musculaires intenses, et une pression artérielle élevée, notamment en raison des stratégies thérapeutiques qui peuvent être lourdes et pénibles pour le patient, on peut faire appel à la relaxation. Or celle-ci doit être faite dans quatre conditions pour obtenir un résultat : « (1) un environnement calme, (2) des yeux fermés, (3) une position confortable et (4) une routine mentale répétitive telle que la récitation en boucle de phrases courtes. Les trois premières conditions visent à diminuer l'impact des stimulations extérieures sur le système nerveux central, tandis que le quatrième diminue l'influence des stimulations internes. »512

Se couper des images extérieures de l'environnement, et redonner de l'attention intérieure par la récitation, sont des conditions optimales pour la pratique du dhikr. Et le rappel le plus puissant dans l'islam est certainement la prière.

( (45) Et cherchez secours dans l'endurance et la Salat : certes, la Salat est une lourde obligation, sauf pour les humbles, (46) qui ont la certitude de rencontrer leur Seigneur (après leur résurrection) et retourner à Lui seul. )513
« Prier n'est pas demander ; c'est une aspiration de l'âme. » — Mohandas Karamchand Gandhi

La prière musulmane n'est pas un acte aussi simple qu'il n'y parait. Elle souhaite harmoniser le corps et l'esprit. L'attention doit se situer dans un juste équilibre, un isthme entre la transcendance et l’immanence, raison pour laquelle il est conseillé de garder les yeux ouverts pour garder un contact avec la réalité matérielle. Les récitations de versets et invocations dans la prière, sont spirituelles, elles doivent être dirigées vers le Seigneur, et sont couplés à des mouvements corporels articulés, donc à notre réalité terrestre humaine. Il est parfois très difficile de rester concentré entre les deux, notamment lorsque nous sommes seuls. Car à force de réciter parfois trop mécaniquement, en oubliant de mettre de la foi dans nos actes, nous pensons à autre chose, on peut perdre le fil, on ne sait plus à quel étape sommes-nous dans la prière, combien d'unités de prière avons nous faites, et si nous nous sommes inclinés avant de nous prosterner ? Cela demande de la concentration. Et cet oubli est arrivé également au Prophète de l'islam, qui, un jour, s'est mis à faire cinq unités de prière au lieu de quatre.514

Lorsqu'un musulman atteint l'excellence (ihsan), il vit avec la présence de Dieu, comme s'il Le voyait. Sa conscience se développe par sa crainte révérencielle. On ne peut pas être toute sa vie dans cet état de d'unicité de conscience, car le Prophète lui-même avait des baisses et des hausses d'attention. Cependant, le musulman qui atteint l'ihsan est, dans ces moindres faits et gestes, dans une perpétuelle louange au divin. Il peut alors atteindre les degrés du fana, jusqu'à l'extinction en Dieu, dans laquelle ce n'est plus lui qui agit, mais c'est Dieu qui agit par lui.515

Le rôle du thérapeute : vers la guérison, retour au juste équilibre ?


La première chose que fait l'homme lorsque des problèmes psychologiques se présentent à lui, c'est de consulter son entourage. Avant même d'avoir recours à un spécialiste, parfois de simples discussions, avoir un regard extérieur à soi, est suffisant pour résoudre une angoisse, une frustration ou un conflit intérieur. Mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir un appui extérieur favorable. « On est toujours le thérapeute et le malade de quelqu'un. » — Cheikh Khaled Bentounes516

En général, les gens commencent à se tourner vers les professionnels lorsque leurs problèmes deviennent sérieux et persistants. Cela peut être un conseiller religieux, un professionnel de la santé (médecin, psychiatre), un psychologue conseiller (clinique ou social) ou un psychanalyste. Chacun d'entre eux ont des protocoles thérapeutiques différents, mais peuvent être tout aussi efficaces.

Il faut savoir que le but d'un psychothérapeute n'est pas de s'attacher à une seule approche, même s'il a certainement eu une formation théorique qui risque de l'influencer fortement. Néanmoins, il peut combiner des thérapies différentes, pour les adapter aux cas des patients.

Il n'est pas question non plus de raccrocher un patient à une religion particulière, puisque tous les hommes ont déjà un fonctionnement religieux même s'ils l'ignorent. Le développement religieux peut-être plus ou moins développé en fonction de leur conscience du divin, et de leur science sur l'univers. ( (56) Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent (57) Je ne cherche pas d'eux une subsistance; et Je ne veux pas qu'ils me nourrissent. )517

Les musulmans ont très souvent l'habitude de comprendre l'adoration, uniquement en terme de rite cultuel. Mais en réalité, l'adoration peut se faire à travers la manière de se comporter au quotidien. Quelqu'un qui adopte un bon comportement, qui fait ce qui est juste, et qui s'éloigne de tout mal, avec sincérité, qu'il soit musulman ou non, est en train d'adorer Dieu.

Une religion n'est pas comme un système, qui devrait être alimenté par l'homme. Dieu n'a pas besoin des hommes. La prière des hommes est inutile à Dieu. Il n'a pas besoin que nous prions pour Lui. Dieu existe sans nous, et sa religion, l'islam est la manifestation naturelle de la Création. Le Coran n'est qu'une partie de la Révélation, celle qui est adressée aux êtres humains. Elle leur enseigne comment trouver leur juste place dans ce monde en tant qu'espèce (humanité), et en tant que groupes politiques et peuples (nations et tribus). Et la prière est le meilleur moyen de trouver l'équilibre.

Trouver sa juste place dans ce monde, et faire les choses pour lesquelles nous sommes faits, et y exceller si possible. Soit arrêter de vouloir être autre chose que ce que l'on est.

( « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie. » Voilà ce qu'Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. )518

Toute personne qui se trouve dans le chemin de Dieu, est en état d'adoration, à la condition que son esprit et son cœur soit en phase avec ses actes. Ainsi, en suivant cette voie droite, on peut atteindre la piété, ce qui sous-entend l'apaisement de l'âme.

L'objectif d'un thérapeute face à son patient, est de l'orienter vers ce droit chemin, et il faut nécessairement que, celui-ci est une idée de l'apaisement de l'âme. Aujourd'hui, en occident, on peut devenir psychologue en obtenant un simple diplôme après cinq années d'études. L'évaluation se fait sur le savoir théorique, et pratique, après des supervisions de stages et autres expériences dans le milieu. Mais il n'y a aucune demande de compétence morale. Même si théoriquement, le psychologue clinicien se doit d'être bienveillant, celui qui ne l'est pas, tout en ayant acquis le diplôme ne risque rien. Nous parlons du psychologue, mais il en va de même dans la médecine, avec les psychiatres.

Dans l'islam, il y a ce qu'on appelle ijaza, qui est l'autorisation ou la permission d'enseigner et de transmettre les sciences islamiques. Auparavant, le maître prenait en considération le bon comportement de ses élèves, et non pas uniquement leur savoir théorique ou leur compétence.

« N'importe qui peut comprendre que soigner commence par tendre un verre d'eau, ne serait-ce que cela, à celui qui à soif. » — Cheikh Khaled Bentounes519

Cette phrase du Cheikh Khaled Bentounes, qui peut paraître anodine, en réalité, nous enseigne le rôle du thérapeute :

Sur l'apport nourricier. Si le thérapeute est consulté, c'est qu'on attend de lui une solution, des conseils. Le psychothérapeute doit apporter de la nourriture psychique, ou faire en sorte d'aider le patient pour qu'il acquière lui-même ces manquements spirituels. Par exemple, en le mettant en situation, comme dans les thérapies comportementales, ou en l'aidant à prendre conscience d'une information qui, jusque-là, échappait à la conscience du patient. Lorsque nous avions dit que l'ennui était vide nourricier, c'est aussi de cela dont se sert la psychanalyse. Quand le patient est allongé sur le divan, c'est comme si celui-ci payait pour pouvoir s'ennuyer, alors qu'il pourrait le faire seul. Le psychanalyste n'est finalement là que pour souligner, diriger ou guider la réflexion, en mettant l'accent sur les mots et les expressions les plus importantes. Il doit faire le tri également dans les questions, et balayer celles qui sont futiles, qui n'ont pas d'importance dans l'élaboration psychique, notamment celles sur lesquelles le patient est focalisé, et l'empêche de progresser.

Sur la bienveillance dont doit faire preuve le thérapeute. Une chose que l'on nous apprend en théorie dans la psychologie clinique, c'est que le psychologue clinicien se doit d'être bienveillant. Encore une fois, dans une société laïque où la définition du bien dépend de chacun, comment peut-on prétendre à la bienveillance ? Puisque les psychologues en France ne sont pas formés, ni à la théologie, ni à la philosophie, ni à la métaphysique, et n'ont donc aucune science de la morale, si ce n'est par leur expérience personnelle. Peuvent-ils conseiller leur patient en fonction de leur propre vision du bien ? Car le code de déontologie des psychologues n'est qu'un simple texte, qui vient uniquement mettre des limites éthiques très vague et facile à contourner, comme le sont très souvent les codes déontologiques520. Cette bienveillance, si elle simulée, non-sincère, hypocrite par simple intérêt de clientélisme, elle n'apportera aucun résultat concret.

( (7) Ils accomplissent leurs vœux et ils redoutent un jour dont le mal s'étendra partout. (8) et offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l'orphelin et au prisonnier, (9) (disant) : “C'est pour le visage d'Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude. )521

Sur l'écoute du malade. Le thérapeute doit se mettre au même niveau que son patient. Rappeler à ce dernier qu'il n'est pas une créature plus défectueuse que les autres, et que l'humanité est faite de faiblesse. Chaque patient est différent. Pour reprendre notre analogie, chaque pendule psychique est déréglée de différentes façons. Il faut que le thérapeute ressente la "fréquence" de son patient. En se mettant au même niveau, au même rythme de pendule, le thérapeute s'aligne avec son patient, afin d'essayer de savoir où se situe l'origine du déséquilibre. Sauf que, s'il garde le même rythme, en revanche, il ne faut pas qu'il commette les mêmes excès. Cela demande une maîtrise de soi, et une connaissance de soi, qui ne s'apprend certainement pas dans les universités. Il faut ensuite changer la petite musique sur laquelle se base la fréquence du pendule psychique malade. Il faut l'amener à changer de station, en lui faisant comprendre où sont ses stagnations, et ce qui l'empêche de progresser. Le psychologue peut-être comme un miroir pour le patient. Si ce dernier voit le thérapeute sur le même plan que lui, sans l'expression des excès, il comprendra la non-nécessité de ces derniers.

Le malade, très souvent, sait lui-même qu'il ne va pas bien, et donc qu'il possède des signes cliniques, qui doivent être soignés, et auxquels le thérapeute doit apporter des réponses, s'il en a la capacité. Ces signes peuvent être tout simplement une demande du patient. Parfois, le patient sait lui-même comment guérir, mais il a besoin d'une tierce personne pour le faire. Ou pour d'autres cas, les signes sont inconscients, et très souvent, ces personnes ne viennent pas consulter d'eux-mêmes. Le thérapeute doit donc être à l'écoute des moindres paroles, des faits et gestes de la personne, qui peuvent trahir un état intérieur désordonné inconscient.

Enfin, le fait de donner un verre d'eau à celui qui est déshydraté, symbolise le don de celui qui possède, à celui qui est en manque. Et donc, le retour à l'équilibre homéostatique. Le but du thérapeute n'est pas seulement de détruire les symptômes juste pour faire plaisir au patient. C'est de rétablir l'équilibre intérieur, pour que le symptôme disparaisse et ne revienne pas. L'état psychique peut être aussi comparé à un château de cartes, si les bases ne sont pas solides, les étages supérieurs seront d'autant plus fragiles. Et plus votre construction intérieure est instable, plus votre pendule psychique aura d'irrégularités. La nourriture spirituelle que doit apporter le psychologue vient justement combler les lacunes dans les fondements de votre édifice mental, en rappelant ce qui est essentiel. Car c'est lorsque les fondations sont manquantes, que l'on gaspille énormément d'énergies, futilement, pour maintenir sa construction de carte en équilibre. Cette nourriture spirituelle peut être une situation, un mot (du vocabulaire), une compréhension de son fonctionnement psychologique ou une simple présence.

C'est ce dernier point qui a le plus d'importance. Comme nous l'avons reprocher aux thérapies médicamenteuses, qui servent souvent à faire taire les symptômes et rétablir physiologiquement un équilibre factice homéostatique, et si l'origine du trouble n'est pas d'ordre biologique mais psychique, alors il réapparaîtra si le patient ne change rien en lui.

Ce qu'un thérapeute ne doit surtout pas faire :

Utiliser le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) de manière dogmatique. Les DSM sont des livres de classifications des maladies psychologiques. On appelle « maladie » un ensemble de troubles retrouvés chez plusieurs personnes, qui réapparaissent dans de mêmes configurations. Pour chacune d'entre elles, il y a une liste de symptômes et de syndromes qui les caractérisent et permettraient de les identifier. Il est alors précisé pour chaque maladie, le nombre de symptômes significatifs dans cette liste qui doivent être présents pour pouvoir diagnostiquer le patient de la maladie correspondante. C'est une absurdité, comme la plupart des classifications « scientifiques ». Chaque individu est différent, et certains ne rentreront dans aucun critère, ou pire encore, certains psychologues risqueraient de vouloir absolument confirmer une maladie en interprétant des troubles pour qu'ils correspondent avec ceux de la liste. Un praticien ne doit en aucun cas prendre un DSM au pied de la lettre, il risquerait de commettre un affront au droit humain.522

Dire au patient ce qu'il doit penser. On peut apporter du vocabulaire, car le manque du mot est souvent présent chez les patients, mais on peut aussi tout simplement poser des questions, sans pour autant apporter les réponses. Les questions doivent être tournées de façon à ce que le patient s'interroge sur lui-même, et sa façon de se comporter, sans le culpabiliser. La question bien formulée en elle-même, est bien souvent la réponse que cherche le patient. Il ne faut surtout pas apporter des réponses toute faites, et laisser le patient construire ses propres réponses. Lui laisser le temps nécessaire pour y répondre, il n'est pas question d'apporter des réponses forcément durant la séance thérapeutique.

Utiliser le même type de thérapie pour chaque patient. Le thérapeute doit s'adapter en fonction du patient, et de l'efficacité prouvée par les études scientifiques, des différentes méthodes employées, que ce soit pour le diagnostique, ou le traitement des symptômes correspondant. Selon sa formation, s'il n'est pas qualifié pour pouvoir poursuivre une thérapie particulière, il se doit de rediriger son patient vers des spécialistes.

Se positionner en autorité. Cela pourrait avoir un effet inhibiteur dans l'expression du patient. Un bon psychologue peut dénouer les conflits avec de simples mots, mais il a besoin tout de même que la personne en face de lui, s'exprime ouvertement, sans retenu, ni gène. Il faut gagner la confiance du patient pour qu'il ait l'impression de pouvoir tout vous dire sans être inquiété.

Comme il n'existe en réalité aucun cadre réglementaire à respecter, même en France, lorsqu'on est psychologue, il existe donc toutes sortes de thérapies admises, jusqu'aux plus paranormales.

Et les ruqyas ont leur place même si elles sont controversées. Ce sont les thérapies exorcistes du monde musulman. Dans la manière dont elles sont pratiquées aujourd'hui, il n'est pas étonnant que leur inefficacité soit la même que les thérapies de surface, si elles ne déclenchent aucun travail psychique chez le patient. D'après nos informations, le traitement est aléatoire, et les troubles reviennent très souvent. Comment cela fonctionne ?

On sait depuis toujours que des paroles positives agissent de manière bénéfique sur l'âme. Sauf que, à l'époque du Prophète de l'islam, le Coran est en langue claire, et donc audible et compréhensible dans la langue des Arabes.

Aujourd'hui, la plupart des musulmans ne comprennent pas l'arabe coranique. L'effet positif sur l'âme est donc amoindri, et il est beaucoup plus puissant de réciter au patient un verset du Coran par une bonne traduction rapprochée dans sa langue maternelle, que de le faire avec la Révélation en arabe qui est incomprise. Et cela, sans avoir à interagir avec les jinns, car toute la controverse se situe dans cette interaction.

En admettant que les jinns puissent posséder le corps des hommes, ce que nous ne pouvons confirmer, ceux-ci ne peuvent s'exprimer que lorsqu'il y a un conflit intérieur. Un conflit se forme entre deux opposés. Par exemple, le Prophète demandait aux gens de ne pas rester entre l'ombre et la lumière du soleil, car entre les deux se créer une brèche pour l'expression des diables523. De manière identique, dans l'âme humaine, la dualité des opposés peuvent créer des conflits dans lesquels les diables peuvent siéger. Donc, ce sont bien les diables (shayatins), et non pas les jinns, qui aiment les conflits.524

En temps normal, un bon thérapeute se doit de refermer la brèche, et cela, uniquement par la parole, des invocations et la récitation du Coran, mais il faut que le patient comprenne ce qu'on lui dit. Car, si l'on ne fait qu’interagir avec les diables ou les jinns, en rentrant en contact avec eux, et en les convertissant à l'islam, comme certains musulmans prétendent le faire, au travers des corps, soit celui du patient, soit d'un autre corps récepteur, vous ne vous attaquez pas à la cause du problème. Si la brèche dans l'âme n'est pas fermée, les diables reviendront.

Le Coran nous informe que l'être humain ne peut pas guider vers l'islam celui qu'il aime, alors il est très étrange que certains arrivent à convertir des jinns aussi facilement après une simple récitation de quelques versets. La Révélation ne nous informe nullement d'un tel procédé. Nous pensons que les « jinns » de ces interactions sont des archétypes, des complexes autonomes comme disait Carl G. Jung. Ce ne sont pas de vrais jinns, mais c'est l'expression inconsciente de certains musulmans de ce qu'ils se font des jinns dans leur imaginaire. Des sortes d'archétypes mythologiques qui dépendent des espaces de l'inconscient collectif auxquels on est connecté. Ainsi, en Europe, les non-musulmans ont le même phénomène, mais on ne peut pas les appeler jinns. Jung parlait de kobolds, c'est-à-dire, d'elfes dans la tradition germaniques.

« Ces manifestations curieuses ont suscité de bonne heure des tentatives d'explications : les complexes, c'est-à-dire les entités présentant des singularités que nous avons relevées, ont été ressentis dans le passé comme étant des kobolds et des elfes, des êtres sans cœur et à l'âme glacée. Les complexes, en effet, sont à l'origine de la représentation des kobolds, qui, à proprement parler, sont des fragments psychologiques faits hommes, du fait d'un mécanisme qu'il nous faut préciser. Tout fragment psychologique a en soi indubitablement la tendance à s'arrondir en personnalité. Ainsi, par exemple, chez les aliénés, les voix que ceux-ci entendent sont des pensées qui leur échappent, qui se sont émancipées du contrôle du moi et qui sont devenues audibles. Or, ces voix, et c'est ici l'essentiel pour nous, ne se contentent pas d'exprimer les pensées qui les inspirent, mais prétendent en outre être l'expression d'une personnalité donnée, d'un moi défini. C'est pourquoi le malade est immanquablement victime de la conviction que ce sont des êtres qui parlent par ces voix et qui le pourchassent. » — Carl G. Jung525

De nos jours, les complexes peuvent prendre la forme extra-terrestre, et construire une histoire cohérente autour de la technologie avancée et la réincarnation.526

Ce sont des créatures mythologiques, qui se sont formées dans l'inconscient collectif, et il faut bien comprendre qu'elles n'existent pas, même si on les retrouve chez des personnes ne s'étant jamais côtoyées, parce que l'inconscient collectif appartient à l'humanité. Et certains, sont capables de manifester les déchets que sont les complexes autonomes. Pour revenir aux diables, toute la subtilité est de comprendre que ce sont eux qui donnent vie à ses complexes, tant que le conflit qui créer la fragmentation est présent, mais ils ne sont nullement les personnalités qui se manifestent. Et contrairement à ce que peuvent dire certains savants, ce n'est pas le jinn qui choisit de posséder qui il veut, au hasard, et n'importe comment. La faiblesse est d'abord humaine.

On prétend très souvent que certains malades sont dans leur monde, alors qu'en réalité, c'est notre monde qui n'est plus connecté au leur. Depuis la mondialisation, et surtout depuis l'idéologie de la modernité, qui ne sait plus réfléchir sur le long terme, les espaces du monde ont été rétrécis, mais les espaces mentaux des masses également. C'est-à-dire que les archétypes prennent de plus en plus de place, et recouvrent de plus en plus la Vérité qui a besoin d'espace libre pour s'exprimer. Les normes sont rétrécies et celui qui dérive n'a plus de limites, de garde-fous. C'est ce qui explique pourquoi, à trop vouloir contraindre les libertés individuelles, on engendre des comportements de plus en plus excessifs.

Tout est une question d'équilibre. Et pas seulement dans nos comportements, mais également dans notre utilisation de la création. Par exemple, le nucléaire a d'abord été utilisée pour fabriquer des bombes, et aujourd'hui, on l'utilise pour l'énergie civile. Le réseau informatique Internet également, a d'abord été utilisé par l'armée américaine, et aujourd'hui, c'est un système d'échange d'information accessible à tous.

Et cela en va de même pour les drogues, comme l'alcool. Certains se demandent pourquoi Dieu a créé l'alcool et, dans le même temps, en a interdit la consommation aux hommes dans le Coran. Parce que la juste utilisation de cet élément n'est pas de créer l'ivresse. L'alcool a des propriétés qui sont destructrices pour le corps humain et la santé mentale, lorsqu'il est ingurgité par voie orale527. Et au contraire, l'éthanol a des vertus antiseptiques par exemple.

Donc, le mal ne vient pas de l'alcool en lui-même, mais de son utilisation à mauvais escient par l'homme. Et pour revenir sur les absurdités comportementales, certains consommateurs d'alcool boivent très souvent sans même ressentir la soif, mais uniquement par plaisir mondain et recherche d'ivresse. Triste constat, lorsque l'on sait la souffrance que l'alcool peut engendrer au sein des familles, et qu'il existe encore des gens qui meurent de soif dans ce monde.

Dans le Cosmos, chaque chose à sa place, et seul l'Homme est responsable du désordre qu'il commet sur terre. Chaque élément retiré de sa juste place, corrompt la création, qui risque d'influencer psychologiquement l'homme, et sur le long terme, c'est le devenir de l'humanité qui est mise en cause si les erreurs commises ne sont pas corrigées à temps.

( Ce qu'ils dépensent dans la vie présente ressemble à un vent glacial qui s'abat sur un champ appartenant à des gens qui se sont lésés eux-mêmes, et le détruit. Car ce n'est pas Allah qui leur cause du mal, mais ils se font du mal à eux-mêmes. )528

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 7 - Psychopathologie ou Crise Spirituelle

Tome IV - La Psychologie | Chapitre 7 - Psychopathologie ou Crise Spirituelle