Tome II - La Philosophie

Chapitre 4 - Les Limites de la Philosophie

par Anthony Ghelfo 2014

Introduction


Plafond décoré d'une Mosquée

Une des erreurs de la philosophie moderne est de considérer la métaphysique comme l'une de ses simples branches, lorsqu'elle mériterait d'être une discipline à part entière. Il n'aura pas échappé à l'esprit éclairé que lorsqu'un philosophe pratique la métaphysique, il adopte un statut de métaphysicien, voire parfois de théologien ou de mystique, délaissant son titre de philosophe. Si l'on trouve très peu de littératures fondamentalement métaphysiques, c'est parce qu'elle nécessite une véritable maitrise de l'esprit, et suppose parfois un renoncement de la vie d'ici-bas. En islam, le courant métaphysique peut être représenté par le soufisme, sans tomber dans ses excès.

Les limites de la philosophie sont assez claires, lorsque celles de la métaphysique semblent confuses. C'est surement la raison pour laquelle Kant place les connaissances de la métaphysique comme des croyances. Alors qu'il admet les limites de la philosophie, lorsqu'il formule dans son ouvrage, Critique de la Raison Pure, une prédisposition de la raison humaine, dans laquelle viendrait se lier la connaissance expérimentée, il évoque un fait métaphysique qu'il accepte pourtant comme fait objectif.

« Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant, d'une main, ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordants entre eux l'autorité de lois, et de l'autre, l'expérimentation qu'elle a imaginée d'après ces principes, pour être instruite par elle, il est vrai, mais non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qu'il plaît au maître, mais, au contraire, comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu'il leur pose. »

Emmanuel Kant

Même pour un philosophe comme Kant, construire un système entièrement cohérent, et sans contradiction semble difficile. Pourtant, nous reconnaissons la réalité de cette prédisposition de l'esprit à accueillir la connaissance extérieure à l'être humain. C'est à partir de ce dénominateur commun à l'ensemble des hommes que la Vérité existe, que l'objectivité existe, qu'elles sont nécessaires par essence, et légitimeront ainsi à leur tour la nécessité de la Métaphysique et de la Théologie comme discipline. Ainsi, marier la raison pure à la raison pratique, comme l'a fait Kant, de notre point de vue, ne devrait pas être dissociées, ni rentrer en contradiction. Ceux sont là, deux disciplines, la Métaphysique et la Théologie, qui n'ont pas le même objet d'explication, mais leur point commun est qu'elles se détachent du monde sensible. On parle alors d'explications transcendantales.

Transcendant :
Qui se situe au-delà du domaine pris comme référence; en particulier, qui est au-dessus et d'une nature radicalement supérieure.
Trésor de la langue française informatisé

Mais ce n'est pas pour autant, que ces explications ne doivent pas avoir de rapport avec la réalité. Selon nous, il ne faut pas opposer l'abstrait au concret, car ces notions abstraites pures, se doivent d'avoir un impact sur la vie de l'être humain, notamment à travers la Morale. Le principal danger du raisonnement philosophique, entièrement théorique, est la spéculation, qui peut entraîner des raisonnements absurdes et trompeurs, et amener à rejeter la métaphysique.

La Nécessité de la Métaphysique ?


Plafond décoré d'une Mosquée

Une Science se forme à partir du moment où il y a des objectivités, et particulièrement des invariances. Une connaissance scientifique doit pouvoir se vérifier à travers une méthode rigoureuse et doit être reproductible .

Est-ce que la Philosophie est une Science ? Et si oui, en quoi est-elle reproductible ? Elle a été longtemps considérée comme la Science des sciences, d'ailleurs le logos grec, dont nous avons déjà fait mention , représente les prémices de la Science. C'est parce que nous pouvons penser le monde et l'expliquer par des causes, que l'homme a construit ses premières connaissances.

Or aujourd'hui, nous pouvons clairement dire que la seule méthode de la philosophie classique réside dans la rhétorique. Nous pensons qu'il existe plus de subjectivités en philosophie sans logique appliquée, qu'il ne peut y en avoir en Métaphysique.

La Métaphysique ne peut être considérée comme Science que si sa méthode reste la logique et l'expérience. Or, son expérience concerne la manifestation productive de la pensée des hommes. Concernant sa reproductibilité, nous savons que deux esprits ne s'étant jamais côtoyés et ayant médité sur des phénomènes similaires purement abstraits, sur les premiers principes de notre monde, peuvent se retrouver à dire les mêmes conclusions dans le fond, mais peuvent différer dans la forme. Nous le constatons dans l'expression des interprétations religieuses, par leur proximité conceptuelle, y compris chez celles qui ne sont pas abrahamiques .

Lorsque vous êtes un penseur, ou lorsque vous méditez, vous pouvez être témoin de ce phénomène. Par exemple, vous trouvez une idée suite à un long cheminement intellectuel. Puis, en lisant d'autres auteurs, vous prenez conscience que certains d'entre eux avaient fait le même travail et trouvez la même explication. Vous êtes satisfait de partager les mêmes idées qu'un grand auteur, ce qui vous rassure et vous réconforte, dans votre réflexion.

Que se passe-t-il alors ici ? Vous rencontrez une idée partagée par une autre personne, vous semblez donc faire preuve d'objectivité à première vue. Or, pour être purement objective, votre pensée doit être confortée par tous les points de vue. Si un troisième auteur pense autrement, il se peut que se soit ce dernier qui ait raison.

En effet, il se peut que deux individus qui partagent la même idée, se soient construits sur un préjugé. Par exemple, si l'on prend pour vrai, que tous les juifs sont pro-israéliens (ce qui est objectivement faux), alors tout individu qui se proclamera juif, devra être automatiquement pro-israélien. Et dans ce système de pensée, tout juif qui ne s'en revendiquera pas, ne pourra être pensé comme juif, à moins de remettre en question le préjugé initial. À partir de cet exemple, nous rentrons en contradiction avec la réalité. De même, si nous aurions accepté que tout Palestinien serait musulman. Un Palestinien juif ne serait pas, dans ce schéma de pensée, considéré comme un Palestinien. Donc, ce que nous voulons montrer, c'est que lorsque nous ne prenons pas en considération la complexité du monde, nous élaborons nos idées en fonction de certains de nos préjugés, parfois communs avec un groupe d'individus, qui entraînent des conclusions, par déduction, d'éléments contradictoires. Et donc deux personnes ayant les mêmes préjugés, auront les mêmes conclusions. Ce qui explique, qu'un monde théorique entièrement spéculatif, et entièrement partager par un ensemble de personnes est possible. Si l'Éducation Nationale enseigne les mêmes choses à des milliers d'élèves, et que parmi cet enseignement, il y a des préjugés, alors cette instance est capable de formater une partie de la population, qui rentrera en conflit avec la réalité.

Les préjugés, par l'expérience, peuvent encore être remis en cause. Par conséquent ils restent moins dangereux que ce que l'on va appeler les spéculations. Ces dernières peuvent parfois être de l'ordre de la métaphysique, et sont le résultat de conclusions hâtives à partir d'une accumulation de préjugés. Les plus grandes spéculations métaphysiques que nous pourrions évoquer sont les mythes présents dans une discipline qui se nomme l'alchimie. L'alchimie avait comme prétention de recherche : la transformation du plomb en or, la pierre philosophale (qui permettrai de rallonger la vie) et la création de la vie à partir de rien. Toutes ces élucubrations sont en réalité des contre-vérités métaphysiques, et traduisent une pensée matérialiste intéressée par le pouvoir, et apeurée par la mort. L'or symbolise la toute-puissance, quant à la recherche du secret de la vie, elle, symbolise le rejet de la mort. Les alchimistes cherchaient en réalité à contredire les dogmes fondamentaux des religions, et de ce qu'ils ne voulaient accepter comme réalité. Si les trois mythes que nous avons évoqués se retrouveraient ne pas en être, alors on pourrait admettre l'inexistence de Dieu, et s'attribuer soit même les attributs de Dieu.

Celui qui crée est-il semblable à celui qui ne crée rien ? Ne vous souvenez-vous pas ?

أَفَمَن يَخْلُقُ كَمَن لَّا يَخْلُقُ ۗ أَفَلَا تَذَكَّرُونَ

Coran, Sourate An-Nahl, Les Abeilles, Verset 17

Toute âme goûtera la mort. Ensuite c'est vers Nous que vous serez ramenés.

كُلُّ نَفْسٍ ذَائِقَةُ الْمَوْتِ ۖ ثُمَّ إِلَيْنَا تُرْجَعُونَ

Coran, Sourate Al-‘Ankabût, L'Araignée, Verset 57

Le Coran évoque des vérités métaphysiques, qui sont des principes intransgressibles, et démontrent les limites de la volonté et de la puissance de l'homme. L'homme ne peut rien créé à partir de rien, comme il est destiné à mourir. Par définition, l'homme est né d'un monde qu'il n'a pas créé et dont il dispose pour faire sa vie. La vie est, parce que la mort est. La vie aurait encore moins de sens sans la mort. Rien n'échappe à la Volonté divine.

Pourtant, l'inconscient collectif des sociétés occidentales matérialistes, émanant de nos élites déviantes, est imprégné de ces mythes de toute-puissance de l'homme, présent dans la littérature alchimiste, reflétant leur déni des dogmes rationnels religieux.

Ce qui explique pourquoi des hommes vivent comme s'ils allaient rester éternellement sur la terre, par exemple en accumulant des richesses inutilement, et faisant du tort aux autres, qui eux aussi ne sont pas là éternellement, et fort heureusement pour eux. Ce sont ces mêmes mythes qui expliquent la peur de la mort en Occident, car rechercher le confort, c'est inconsciemment rechercher à vivre plus longtemps. Or en islam, le but n'est pas de vivre longtemps, même si la vie reste sacrée, mais nous devons être prêts à tout moment à rencontrer la mort, car seul Dieu sait quand cela peut arriver.

Une petite parenthèse de réflexion : en quoi sommes-nous semblables et en quoi sommes-nous différents dans notre approche du monde (Weltanschauung). Ce qui nous différencie principalement, c'est notre perception externe du monde, puisque nous ne voyons que ce qui est sensible, c'est-à-dire l'expérience, le vécu. Le vécu est ce qui fonde notre subjectivité.

Weltanschauung :
Vue métaphysique du monde, conception globale de la vie, de la condition de l'homme dans le monde.
Trésor de la langue française informatisé

À l'inverse, ce que nous avons en commun, nous l'avons déjà vu également dans le premier livre, c'est la raison, interne, qui représente alors l’objectivité. C'est d'ailleurs la raison qui nous unit, lorsque nos vécus sont différents. Fin de la parenthèse.

Lorsque les préjugés sont encore modifiables, altérables, les dogmes eux sont plus ancrés et imprégnés, car ils constituent l'axe central de l'idéologie. Une personne qui a du bon sens, qui se sert de la raison, sont axe idéologique sera droit : le fameux droit chemin. Mais celui qui a l'esprit remplit de préjugés peut faire pencher cet axe, et le dévier du droit chemin.

Il ne faut surtout pas croire que l'individu qui vit le plus d’expérience est celui qui est le plus dans le droit chemin, mais c'est d'abord celui qui tire de sa vie, de son vécu, de son expérience le plus d'enseignements. Car, en effet certaines personnes vont faire le tour du monde, mais seront incapables de tirer des leçons.

« L'homme lutte pour chercher la vie en dehors de lui sans se rendre compte que ce qu'il cherche est en lui. »

Gibran Khalil Gibran

Il existe des gens qui ne tirent aucun enseignement de leur vécu, mais à l'opposé, il y a celui qui spécule, reste beaucoup trop dans la théorie, et oublie de relier le concept avec la réalité. C'est un des dangers de la métaphysique spéculative. C'est pour cela que donner des exemples concrets est un bon marqueur de vérité. Car si l'on nous parle de Liberté, et que l'on nous dit qu'elle se définit comme telle, ou comme cela, sans argumenter, sans exemple raccordé au réel, on risque de s'éloigner de la vérité. C'est un danger malheureusement très fréquent chez nos politiques. On a tendance à prendre pour acquis des idées reçues complètement abstraites, sans lien avec le réel. Par exemple, parler de Liberté, en omettant de dire qu'elle ne concerne qu'un petit groupe, ou alors parler d'Égalité en faisant une confusion avec l'uniformité. Cette manière de penser ne peut s'harmoniser avec le réel.

Spéculer :
(1) Compter sur quelque chose pour en tirer un profit, un avantage. (2) Se livrer à des études, des recherches abstraites, théoriques.
Trésor de la langue française informatisé

Il existe chez l'homme, le voyage du monde, l'expérience vécue, sensible, mais également le voyage intérieur, qu'il ne faut surtout pas négliger, car sa perception intérieure du monde est une expérience tout aussi enrichissante.

« Sans sortir de ma maison, je connais l'univers ; sans regarder par ma fenêtre, je découvre les voies du ciel. Plus l'on s'éloigne et moins l'on apprend. C'est pourquoi le sage arrive (où il veut) sans marcher ; il nomme les objets sans les voir, sans agir, il accomplit de grandes choses. »

Lao Tseu

L'homme n'a pas besoin de se déplacer très loin pour comprendre son univers, bien que la beauté des paysages puisse différer d'un endroit du monde à l'autre. Ici, il n'est pas question de culture, c'est-à-dire de lecture de livre ou connaissance acquise par un tiers. L'homme qui vit l'instant présent peut décoder sa réalité sans avoir à se déplacer, puisque les lois et les dogmes sont les mêmes partout sur la surface de la terre. Être en perpétuel mouvement, comme le cosmopolite, ne permet pas la méditation, contrairement au sédentaire, qui lui s'enracine à sa terre, pour mieux la comprendre.

La Métaphysique repose également sur le fait que la Vérité existe. Puisque s'il n'y a plus de vérité il n'y a plus de logique, et s'il n'y a plus de logique, plus de science. Nous y reviendrons pour le démontrer.

Ainsi, les concepts de notre monde sont limités, même notre compréhension de Dieu reste limitée. S'il n'y avait pas de vérités, chaque concept ne posséderait pas de limites et nous pourrions spéculer indéfiniment sur leur essence et leur nature, si bien qu'il ne pourrait y avoir de science, ni même de cohérence sur la terre.

Si vous comprenez tout cela, vous comprendrez alors que la Métaphysique est légitimée par l'invariance et la prédisposition de notre vision interne.

La Métaphysique en Lien avec la Morale ?


Si la métaphysique est une science si controversée, c'est particulièrement du fait qu'elle entretient des liens étroits avec la morale.

Morale :
(1) Tout ensemble de règles concernant les actions permises et défendues dans une société, qu'elles soient ou non confirmées par le droit.
(2) Ensemble des règles que chacun adopte dans sa conduite, d'après l'idée qu'il se fait de ses droits et de ses devoirs.
(3) Ensemble des règles de conduite reconnues comme absolument et universellement valables.
Trésor de la Langue Française Informatisé

Lorsque l'on parle de morale, il faut savoir faire plusieurs distinctions. Tout d'abord, établir une différence entre la conscience morale, qui est entièrement subjective, est ce que nous pensons bon pour nous-même, puis nous l'extrapolons pour les autres ; à différencier de la véritable morale, qui correspond à ce qui est réellement bon pour les autres et le bien commun, mais pas forcément avantageux pour soi, en premier lieu.

La religion est fondamentalement morale, et tout religieux doit pouvoir faire abstraction de sa propre conscience morale, c'est-à-dire de ne pas chercher à savoir ce qui est bon pour soi, mais plutôt connaître ce qui est bon pour les autres.

Anas rapporte que le Prophète () a dit : "Aucun de vous n'aura la foi jusqu'à ce qu'il souhaite pour son frère ce qu'il aime pour lui-même".

Rapporté par Bukhari, Muslim, Tirmidhi, an-Nasa'i et ibn Majah

https://sunnah.com/bukhari/2/6

https://sunnah.com/muslim/1/78

https://sunnah.com/urn/678210

https://sunnah.com/nasai/47/33
https://sunnah.com/nasai/47/55

https://sunnah.com/urn/1250660

La morale est un sujet très difficile à aborder, elle a une composante à la fois extérieure et intérieure à l'homme. La morale est-elle innée ou acquise ? Innée, surement parce qu'elle ne concerne que les hommes et leur jugement, mais acquise parce qu'elle ne peut provenir à l'origine que de l'extérieur de l'homme, puisqu'il ne peut être celui qui a créé la morale. Ce juste-milieu d'innéité et d'acquisition, dans tout débat, sur n'importe quel sujet, n'a pas de nom, et c'est en cela que se manifeste la métaphysique. Si nous faisons un effort de décentration, notre soi intérieur est un soi extérieur pour une autre personne. La conscience intérieure de l'homme reconnait l'existence d'éléments réels qui dépassent la rationalité, et le monde extérieur se manifeste en donnant un sens à ce qui ne peut être conceptualisé pour l'homme. La métaphysique est une science qui ne peut être systématisée, et c'est surement sur ce point que beaucoup de philosophes l'ont rejeté.

La philosophie n'a pas accès à l'essence absolue des choses, car si l'on posait la question « Qu'est-ce que la Liberté ? », une vie entière ne suffirait pas pour y répondre, car il faudrait prendre toutes les situations existantes dans lesquelles la Liberté se manifeste, or il en existe une infinité. Mais il existe également une infinité de points de vue sur chaque situation, qui peuvent être tout aussi vrais que contradictoires en apparence. Cette question n'est pas philosophique mais métaphysique, car l'étude de la liberté ne peut être systématisée.

Il existe des philosophes qui nient cette innéité de jugement du bien et du mal chez tous les hommes. Ils pensent que s'ils culpabilisent, par exemple en ayant commis un acte immoral, cela serait à cause de la religion, et donc de pression de la norme sociale présente depuis des millénaires dans l'inconscient collectif. Cette manière de penser est dangereuse, car elle rejette à l'extérieur de l'homme ses comportements déviants, c'est ce qu'on appelle une projection. C'est aussi une manière de fuir toute responsabilité, et de ne pas penser les conséquences de ses actes. Pour eux, la morale n'est pas une affaire collective mais individuelle. Ce qui est un contre sens, car la morale sert à vivre de la meilleure des manières avec les autres, et non à s'accepter soi. D'ailleurs, plus on suit la morale, plus on s'accepte, car nous sommes moins en conflits avec l'extérieur. Ceux qui sont en conflit suivent en réalité leur conscience morale (subjective).

Les psychologues n'ont pas encore démontré l'universalité de la morale, mais les expériences établies peuvent être largement critiquées du point de vue des critères choisis, comme la justice, ou l'entraide . Est-ce que deux criminels qui s'entraident est une conduite qui peut être qualifiée de morale ? Est-ce qu'un état non fondé sur la religion, mais sur la loi des hommes, possède une justice qui peut être qualifiée de morale ? Est-ce que toujours respecter l'autorité est moral ? Le problème des expériences de psychologie est qu'elles supposent souvent un monde idéal, et donc irréaliste. La morale ne peut être un objet d'étude de la psychologie, car son universalité n'est pas dans le comportement humain même, mais ce sont avant tout ses critères qui sont universels. Le fait que les religions prônent les mêmes conduites morales montrent cette universalité qui dépasse la raison humaine, et qui ne peut être étudiée que par la métaphysique.

Faire de la métaphysique, c'est prendre de la hauteur sur les choses. Cela commence par ne pas dire comment la morale doit s'appliquer, mais plutôt quels en sont ses critères. Car d'un peuple à un autre, la Liberté ou la Justice, vont être pensés et développés en pratique de manière différente. Tout simplement parce qu'un concept a toujours plusieurs facettes.

Par exemple, si l'on prend le concept du carré, et que l'on essaye de le décrire : un quadrilatère à quatre cotés égaux, parallèles deux à deux, avec quatre angles droits. Cette liste détaillée décrit la forme. Mais parmi cette description, il y a des informations inutiles. Avec l'expérience, nous révisons nos concepts, nous les « sculptons », en enlevant les informations superflues jusqu'à l'essence irréductible. Ainsi, un carré pour celui qui pratique la géométrie, peut le définir soit comme un polygone à quatre cotés égaux avec un angle droit (Facette 1), soit comme un quadrilatère avec trois cotés égaux et deux angles droits (Facette 2). Avec moins d'informations, nous pouvons arriver au même résultat de différentes façons. Donc, le carré a en réalité une essence irréductible, qui peut se présenter sous plusieurs formes, et nous aurions pu, trouver d'autres facettes du carré, en l'analysant, par exemple à travers ses diagonales.

Comme pour le carré, les concepts et les règles liés à la morale, peuvent être révisés de différentes façons. Et un peuple va définir et développer telle facette de la Liberté lorsqu'un autre se penchera sur une autre facette. Tous les concepts et les règles d'une morale doivent pouvoir cohabiter de manière cohérente, ainsi, une certaine vision de la liberté sera liée à une définition particulière de la justice. La manière de les définir, en fonction de la facette que l'on se préoccupe, permet une multitude de morales en pratique. Les définir autrement entraînerait alors le changement de la morale pratique, et parfois d'idéologie.

C'est la raison pour laquelle, même pour l'islam, on ne peut pas dire qu'il y ait une seule morale pratique pour tous les musulmans sur la terre, même si le Coran et la Sunna restent la ligne directrice. Nous ne percevrons jamais les textes de la même façon, même entre les savants d'un même pays, car nous nous concentrerons chacun sur des éléments différents. Mais il reste évident que nous ne pouvons interpréter sans méthode, car nous pourrions entrer dans la spéculation, dans la réflexion uniquement théorique du concept, sans prendre en considération la réalité. Nous verrons que c'est ce qui est arrivé en Occident durant le siècle des Lumières, et nous en payons toujours le prix aujourd'hui . De même en islam, on reconnait un mouvement sectaire spéculatif, lorsqu'il prétend être le seul à comprendre le Coran, et à rejeter du monde de l'islam tous ceux qui ne partagent pas les mêmes idéaux.

Un dernier aspect de la morale que nous n'avons pas encore traité, est l'aspect ésotérique. Un type de combinaison de définitions de concepts moraux entraine une idéologie qui lui est propre. Nous avons vu que tous les concepts de la morale doivent être liés les uns aux autres, et que selon les facettes privilégiées, on obtient des combinaisons différentes. En réalité, il y a des combinaisons qui sont antinomiques, et qui produisent un retournement total de la chaîne.

Par exemple, celui ou celle qui pense que l'adultère n'est pas un acte immoral, l'être humain étant naturellement bon, va se soucier tout de même des conséquences de ses actes. Ainsi, s'il commet l'adultère, sans culpabilisation, parce qu'il ne veut pas faire de mal à son conjoint trompé, à l'aide de sa propre conscience morale, il cachera nécessairement la vérité, pour que l'acte reste acceptable à ses yeux. Ainsi, l'acceptation de l'adultère entraine l'acceptation du mensonge.

Accepter certain comportement entraine l'acceptation d'autres comportements. C'est pour cela que les concepts de la morale sont liés entre eux comme une chaine, qui, lorsqu'un concept se retourne, les autres suivent et se retournent à leur tour. Et c'est de cette manière, que fonctionnent les idéologies, entrainant l'être humain à suivre une ligne directrice, dont il n'a pas toujours conscience, et dont les conséquences peuvent le dépasser.

On pourrait mettre cette chaîne de concepts en lien avec les attributs de Dieu. En islam, nous avons un concept savant appelé Tawhid (L'Unicité d'Allah), composé de trois dimensions. Une de ses dimensions est l'unicité des attributs de Dieu. Car les Noms de Dieu, d'une part n'appartiennent qu'à Lui, mais d'autre part, ne peuvent Lui être soustrait. Tout comme une chaîne, les attributs doivent être liés nécessairement. Les noms de Dieu définissent l'idéale de la morale, qui devrait se traduire chez l'homme. Si Dieu est Le Clément, Le Miséricordieux, l'homme doit être à l'image de Dieu, c'est-à-dire miséricordieux. Excepté que contrairement à Dieu, l'homme est limité dans son comportement, et n’atteindra jamais le degré insondable de Clémence que Dieu manifeste.

Tout ce que vous possédez s'épuisera, tandis que ce qui est auprès d'Allah durera. Et Nous récompenserons ceux qui ont été constants en fonction du meilleur de ce qu'ils faisaient.

إِنَّ الَّذِينَ حَقَّتْ عَلَيْهِمْ كَلِمَتُ رَبِّكَ لَا يُؤْمِنُونَ

Coran, Sourate An-Nahl, Les Abeilles, Verset 96

Pour donner notre véritable position, la morale est en réalité, à l'origine, présente à l'extérieur de l'homme, dans la nature précisément, comme nous le verrons dans l'article suivant. Parmi les signes que Dieu a répartis sur la terre, sur lesquels nous devons méditer, beaucoup sont des références à la morale humaine. Notre esprit enregistre ce qu'il voit à l'extérieur, et donne du sens en y introduisant de la rationalité. Pour la morale, il s'agit de règles comportementales que nous intériorisons, puis que nous révisons, en fonction des enseignements tirés des conséquences. L'innéité de la dimension morale de l'homme ne se trouve que dans le discernement, c'est-à-dire le jugement du bien et du mal, qui lui-même peut malheureusement se retrouver dénaturé par l'environnement, donnant lieu à la conscience morale. Une preuve de l'innéité tout de même de la morale est le traumatisme dès les plus bas âges face à l'immoralité.

En réalité, nous avons un socle intérieur dès la naissance, la raison prête à recevoir tous les dogmes de la réalité, dont la morale fait partie. La propriété des objets, les lois physiques, les interactions humaines, tout ceci, notre cerveau l'enregistre, mais nous retenons, au début, que l'aspect extérieur. Par exemple, la gravité, le fait que les objets tombent, nous en avons très vite conscience dès l'enfance, bien que nous soyons incapable de fournir une explication rationnelle et scientifique. Il en va de même pour la morale, qui concerne les interactions humaines, au départ, nous ne retenons que la forme, mais pas forcément le fond. Il faut un certain temps à l'enfant pour comprendre la notion d'intention, si bien qu'il ne distingue pas au départ, le bien du mal, mais nous ne développerons pas plus (cf. travaux de Zelazo et al. ). Ce qui explique aussi pourquoi, l'homme n'est considéré responsable par les religions qu'à partir de l'âge de raison, lorsqu'il acquière tous les outils psychiques nécessaires pour discerner le bien du mal.

Les travaux de psychologie les plus intéressants sont ceux de Laurence Kohlberg , car ils ont le mérite de mettre en évidence les différences idéologiques de la morale, notamment les antinomies entre « être » et « avoir », responsable de conflit d'intérêt social, sachant que la religion positionne l'être en supériorité sur la propriété.

Tous les concepts de la morale sont en rapports à l'autre (l'Amour, la Justice, le Bien, la Liberté), ils ont une composante nécessairement sensible en rapport avec l'humain. Nous ne connaissons l'Amour que parce qu'il y a un autre ou une autre. Nous pouvons appliquer la Justice uniquement par rapport à un autre homme, nous sommes bons, nous sommes libres que par rapport à un autre être. Si nous nous retrouvions seuls sur terre, sans autres êtres vivants, nous ne pourrions aimer, nous ne pourrions être justes, nous ne pourrions pas faire le bien, et notre liberté n'aurait aucun sens sur la terre.

L'objectif principal pour se rapprocher de la morale véritable, est de pouvoir concilier les deux aspects du monde, le théorique, vision interne, et la réalité, qui est la perception externe. C'est également le secret du bien-être de l'homme.

« [...] un esprit sain dans un corps sain »

Juvenal

L'esprit sain représente la perception interne, l'aspect spirituel de l'homme, quant au corps sain, il symbolise la composante matérielle de l'homme, sa représentation externe. La maîtrise de ses deux aspects permet de ne faire qu'un avec la nature. Cette unité permet l'harmonie avec toutes les créatures de Dieu, et au niveau comportemental, cela se traduit par une bonne compréhension de la morale naturelle, qui dépasse sa propre conscience morale.

En résumé, la métaphysique est controversée pour son lien avec la morale, qui elle-même est controversée en raison de son rapport à l'idéologie directrice. Changer notre approche métaphysique de la morale peut influencer significativement l'idéologie qu'elle sous-tend, et ainsi modifier le sens et le but des hommes sur la terre.

Complémentarité de l'œil Interne et de l'œil Externe ?


Notre œil externe correspond symboliquement à notre perception du monde à l'aide de nos yeux, soit l'image que nous avons à l'instant présent de notre environnement réel. L'œil interne, lui symbolise notre conscience intérieure, notre construction théorique du monde et de ce que nous en comprenons. Certains ont des difficultés à accéder à leur perception intérieure. Lorsque vous fermez les yeux, vous constatez d'une part que vous ne cessez pas d'exister (!), mais d'autre part, avec le temps vous allez vous habituer, si bien que vous ne penserez plus à ce que vous voyez, l'image extérieure disparaîtra pour faire place à la réflexion et à la méditation.

Nous avons destiné beaucoup de djinns et d'hommes pour l'Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n'entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants.

وَلَقَدْ ذَرَأْنَا لِجَهَنَّمَ كَثِيرًا مِّنَ الْجِنِّ وَالْإِنسِ ۖ لَهُمْ قُلُوبٌ لَّا يَفْقَهُونَ بِهَا وَلَهُمْ أَعْيُنٌ لَّا يُبْصِرُونَ بِهَا وَلَهُمْ آذَانٌ لَّا يَسْمَعُونَ بِهَا ۚ أُولَٰئِكَ كَالْأَنْعَامِ بَلْ هُمْ أَضَلُّ ۚ أُولَٰئِكَ هُمُ الْغَافِلُونَ

Coran, Sourate Al-A‘râf, Les Murailles, Verset 179
Visage fermant les yeux

Ce verset du Coran démontre la complémentarité nécessaire de la perception interne et externe. L'homme qui ne donne pas de sens à son monde, parce qu'il néglige sa perception interne, ne verra que l'apparence des choses, et c'est ce qu'on appelle le matérialisme.

Nous avions vu que le prophète Muhammad méditait sur les signes de l'univers, avant même qu'il ne reçoive la révélation. Mais la question que nous devons poser est que signifie méditer ? Car le Coran demande aux hommes de méditer, à la fois sur les signes de l'univers et sur ses versets. En réalité, méditer consiste à voir au-delà des apparences, au-delà de la matière, donner un sens profond au monde, et aux textes.

En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d'intelligence,

إِنَّ فِي خَلْقِ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَاخْتِلَافِ اللَّيْلِ وَالنَّهَارِ لَآيَاتٍ لِّأُولِي الْأَلْبَابِ

Coran, Sourate Al-Imran, La Famille de ‘Imrân, Verset 190

Mais, est-ce que connaître la composition du soleil ou la taille de la lune suffit à comprendre qu'ils sont des signes divins ? Croyez-vous que Dieu, aurait laissé dans l'égarement les hommes n'ayant pas reçu les données scientifiques de notre époque, ou encore laissé ceux qui n'ont jamais été en contact avec une révélation. Qu'en est-il des hommes avant le Coran et l'arrivée du prophète ? Est-ce que Dieu a dit qu'il ne guidait pas ceux qui ne savaient pas lire ?

Toutes ces questions nous amènent à penser que la méditation sur le monde, sur les astres permet de retrouver des vérités, comme la morale et le bon comportement, indépendamment de la révélation. Le Coran n'est là que pour confirmer notre cheminement intérieur, et tracer les voies du droit chemin, afin d'éviter que nous nous en écartions. Et c'est aussi cela la métaphysique, la science de la connaissance du réel, indépendamment de l'époque et du lieu.

Nous construisons notre monde interne en fonction de notre vision externe, et nous percevons notre monde externe en fonction de notre construction interne. Elles détiennent chacune une influence réciproque l'une sur l'autre.

Nous leur montrerons Nos signes dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à ce qu'il leur devienne évident que c'est cela (le Coran), la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute-chose ?

سَنُرِيهِمْ آيَاتِنَا فِي الْآفَاقِ وَفِي أَنفُسِهِمْ حَتَّىٰ يَتَبَيَّنَ لَهُمْ أَنَّهُ الْحَقُّ ۗ أَوَلَمْ يَكْفِ بِرَبِّكَ أَنَّهُ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ شَهِيدٌ

Coran, Sourate Fussilat, Les Versets Détaillés, Verset 53

Le véritable croyant est celui dont sa théorisation du monde va pouvoir être en lien avec la révélation. Ce verset du Coran montre qu'il existe un lien entre les signes de l'univers, et ce qu'il y a en nous-même, comme la morale, mais aussi notre fonctionnement physiologique, ou encore les sentiments.

L'homme est moral par essence, seulement s'il néglige sa vision interne, qui est en rapport avec tous les concepts métaphysiques, la réflexion et la méditation sur la nature, alors, il ne fera que s'éloigner de la morale réel, se créant une conscience morale, qui lui est propre. Il faut faire confiance avant tout à son œil interne.

La méditation permet d'avoir un rapport plus profond avec le Coran et le monde. Si bien qu'un seul et même verset peut renfermer plusieurs sens. Lorsque l'on parle de différents sens, nous n'évoquons pas d'interprétations contradictoires, mais de degrés différents de compréhension. Traditionnellement, on parle de quatre degrés, qui vont du sens commun, accessible à tous musulmans, et même non-musulman, la face exotérique du texte, qui ne requière que la vision externe, allant jusqu'au sens spirituel, la face ésotérique accessible par une minorité, qui nécessite une maitrise de la perception interne harmonisée avec la perception externe du monde .

Le soleil et la lune sont des astres sur lesquels le Coran nous demande de méditer, ils n'ont pas été créé et mis à leur place par simple hasard. À l'aide de notre perception interne nous pouvons donner du sens aux comportements des astres : ils nous enseignent le bon comportement. À partir d'un verset du Coran, nous essaierons de montrer la différence de profondeur des sens qu'il peut cacher.

Il est Celui qui a rendu le soleil rayonnant et la lune une lumière, et Il a conçu ses phases afin que vous puissiez apprendre à compter les années et à calculer. Allah n’a pas créé tout ceci, si ce n’est pour un but précis. Il explique les révélations pour les gens qui savent.

هُوَ الَّذِي جَعَلَ الشَّمْسَ ضِيَاءً وَالْقَمَرَ نُورًا وَقَدَّرَهُ مَنَازِلَ لِتَعْلَمُوا عَدَدَ السِّنِينَ وَالْحِسَابَ ۚ مَا خَلَقَ اللَّهُ ذَٰلِكَ إِلَّا بِالْحَقِّ ۚ يُفَصِّلُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَعْلَمُونَ

Coran, Sourate Yûnus, Jonas, Verset 5

Premier sens (exotérique) : ce verset nous indique clairement la fonctionnalité du soleil et de la lune permettant alors à l'homme de calculer le temps, en semaines, mois et années.

Deuxième sens (exotérique) : il y a un miracle scientifique recensé dans ce passage du Coran, qui fait la distinction entre la lumière émise par le soleil et celle de la lune, dont le soleil rayonne, et la lune reflète sa lumière . Or cette connaissance n'était pas encore établie empiriquement au VIIème siècle.

Troisième sens (ésotérique) : la succession du soleil et de la lune, permet l'alternance du jour et de la nuit, qui permet ainsi à l'homme de se reposer la nuit, dans l'obscurité. Des études montrent l'importance de respecter le cycle du sommeil, et des problèmes de santé que rencontrent fréquemment les individus travaillant de nuit . (Ésotérique, parce que l'on met en rapport les signes de l'univers, avec la physiologie de l'homme.)

Quatrième sens (ésotérique et spirituel) : pour accéder à ce sens, il faut mettre en relation plusieurs versets, dont ceux que nous avons cités depuis le début de cet article. Le Coran répète à plusieurs reprises le fait que le soleil possède sa propre lumière, tandis que celle de la lune n'en est que le reflet. La lune, dans la nuit est parfaitement visible, elle n'aveugle pas, et est d'une telle clarté qu'on peut en saisir les détails. À l'inverse, le soleil aveugle en plein jour, il est impossible de le regarder plus de quelques secondes. Voilà ce que nous enseigne le Coran en lien avec le réel et l'homme : l'œil externe (le jour créer par le soleil) ne perçoit qu'une illusion (la matière), elle aveugle celui qui s'en contente, alors que l'œil interne (la nuit au clair de lune) perçoit la clarté, la nuance, et montre la nature des choses telles qu'elles sont réellement. Ainsi dans la nuit, on perçoit mieux que dans le jour, la vison interne perçoit mieux la nature des choses que la vision externe, car elle n'a pas besoin de se soumettre aux contraintes du langage.

Souvenez-vous également, que le mot Nûr, lumière en arabe, celle que nous transmet Allah, est le même mot qui désigne celui de la lumière de la lune, dans le Coran.

Rapporté par Abu Sa'eed Al-Khudri : Le Messager de Dieu () a dit : "Méfiez-vous de la clairvoyance (firâsah) du croyant, car il voit par la lumière d'Allâh".

Rapporté par Tirmidhi

https://sunnah.com/urn/641450

Tout comme le soleil éclaire la lune et lui donne de la clarté, Dieu éclaire le cœur des croyants, et leur donne du discernement. Cela vous permettra de comprendre, pourquoi en Occident le siècle des Lumières fut dévastateur pour la religion, en mettant l'homme, en tant que source de lumière, à la place du soleil, soit à la place de Dieu.

Il est important de rappeler que c'est d'abord l'œil externe qui est subjectif, contrairement à l'œil interne qui lui est objectif. De nos jours, nous aurions plutôt tendance à penser l'inverse, ce qui explique notre uniformité et notre conformisme. Concernant la vision interne du monde et la vision externe, nous reviendrons sur ces notions en détails dans le chapitre sur la psychologie.

Initiation à l'Ésotérisme Symbolique ?


L’ésotérisme est l'enseignement caché d'une doctrine, d'un dogme, d'un symbole, d'un texte. La connaissance de ces codes nécessite en règle générale une initiation, mais ils peuvent être décryptés par l'expérience et la connaissance, simplement parce qu'ils restent l'œuvre des hommes. L'illustration de la sagesse ésotérique que nous avons extraite du verset dans la partie précédente, nous avons pu la retrouver que par la mise en cohérence de l'ensemble des connaissances acquises antérieurement. Le Coran est un texte rempli de sagesses ésotériques. C'est également la raison pour laquelle, une vie entière ne suffirait pas à découvrir l'ensemble des secrets de l'ouvrage divin.

Pour rendre cela plus concret, nous effectuerons un exercice ésotérique, qui permettra de comprendre par la suite, la critique sur la philosophie des Lumières et de leur influence.

Reprenons notre schéma en forme de pyramide, sur le connaissable et l'inconnaissable (chapitre précédent). Si nous ne faisons fonctionner que notre perception extérieure des choses, nous ne voyons que la forme : la face d'une pyramide ressemble à un triangle, que nous avons découpé en plusieurs étages, et dans le meilleur des cas, nous l'analysons comme un simple graphique.

Maintenant, nous pouvons donner un sens plus profond à ce graphique, et au lieu d'y voir un triangle, en utilisant notre perception interne du monde et nos connaissances théoriques, nous pouvons effectuer du symbolisme ésotérique. Par exemple, le triangle ne correspond pas simplement à la face d'une pyramide, mais peut être interprété aussi comme un chemin en perspective, le droit chemin, le chemin spirituel qui s'élève et qui mène à Dieu. Nous avions vu que pour Kant, la métaphysique est comme le rempart pour la religion, alors que pour le véritable croyant, elle doit être le lien. Lorsqu'elle est un rempart, elle coupe le chemin, elle met un obstacle de sorte que nous ne puissions accéder à Dieu.

Si nous avons fait notre schéma sous la forme d'une pyramide, ce n'est pas par hasard. Cela nous permettra de faire un parallèle avec la pyramide Illuminati présente sur le billet de un dollar américain (cf. illustration 14). Il faut savoir que le symbolisme est utilisé par de nombreuses sectes, permettant aux fidèles de communiquer et de se reconnaître entre eux. Les Illuminés de Bavière (Illuminatis), formaient une société secrète, fondée en Allemagne par Adam Weishaupt, en 1776 (MDCCLXXVI, inscrit sous la pyramide). Pourtant ce symbole n'est pas appelé pyramide illuminati mais Grand Sceau des États-Unis d'Amérique.

Billet de 1$ américain

L'œil en haut de la pyramide, symbolise la vision externe de l'homme, puisqu'il s'agit de l’organe humain. Un seul œil donc une seule vision, sous l'emprise de l'illusion de la matière. Une négligence de la perception interne, par conséquent le sommet est séparé de la base ; mais en vérité, il n'est pas réellement détaché, la lumière aveugle la perception qui le relie au reste de la pyramide. Ainsi, toutes les faces de la pyramide, représentant les différents droits chemins qui mènent à Dieu, sont obstruées par l'illusion émise par les rayons. Le sommet devient donc détacher de la raison, puisqu'il s'agit de la pyramide de la connaissance. Ce sommet, qui est censé représenter Dieu, est remplacé par un dieu de croyance, qui n'est en réalité qu'un dieu trompeur, qui aveugle et fait passer le vrai pour le faux et le faux pour le vrai. Le soit disant vide entre le sommet et la base correspond donc à la Métaphysique. Elle est vide parce que par la simple vision externe (matérialiste), ne peut y avoir accès.

Ainsi, on comprendra mieux ce que signifie novus ordo seclorum, qui signifie le nouvel ordre séculier, devise des États-Unis d’Amériques, ayant pour but la sécularisation du monde, créer un monde matérialiste, en faisant des gens incapables d'utiliser leur vision interne, qui entraîne l'oubli de soi mais aussi des autres, de la responsabilité, créant alors une uniformité. Cela permet de donner l'illusion que Dieu n'est qu'une croyance, dans le sens d'une superstition afin d'écarter la religion du domaine de la rationalité et du pouvoir politique. Nous reviendrons dessus dans le livre évoquant l'Histoire, mais également dans le chapitre des philosophes des Lumières, car cet œil, on le retrouve également représenter dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

Ce tout matérialisme est très imprégné dans la culture américaine, mais aussi dans la science française, depuis le positivisme d'Auguste Comte, philosophe français du début du XIXème siècle. Il est à l'origine de la théorie des trois états qui inverse le sens de la pyramide de la connaissance. Pour lui, l'esprit humain va du théologique, en passant par la métaphysique, vers le scientifique. Il inverse le sens du cheminement intellectuel de l'homme sur la pyramide que nous avons établie, et positionne l'homme en haut de celle-ci, qui déplace son esprit vers le bas. Or, la réalité est tout autre en islam, car l'esprit de l'homme part de la science (l'expérience), pour comprendre les réalités dogmatiques de la métaphysique, afin de reconnaître véridique la révélation, soit la théologie. Le positivisme pousse l'homme vers le bas, lorsque la théologie élève l'homme à l'état spirituel, c'est-à-dire à dépasser l'apparence des choses. Auguste Comte positionne l'esprit de l'homme directement à la place de Dieu sur la pyramide de la connaissance, ce qui explique pourquoi il ne peut que régresser.

Rapporté par Abdullah ibn Omar : Le messager d'Allah () se leva parmi les gens, puis loua et glorifia Allah comme Il Le méritait, puis il mentionna Ad-Dajjal, en disant : « Je vous avertis à propos de lui, et il n'y a pas eu de prophètes, qui n'aient averti ses disciples de lui, mais je vais vous dire quelque chose sur lui qu'aucun prophète n'a dit à ses disciples: Ad-Dajjal est borgne tandis qu'Allah ne l'est pas ».

Rapporté par Bukhari, Muslim et Tirmidhi

https://sunnah.com/bukhari/92/74
https://sunnah.com/bukhari/92/78

https://sunnah.com/muslim/54/120

https://sunnah.com/tirmidhi/33/78

Dans la tradition islamique, cette représentation du mal qui veut prendre la place du messie, et se prendre pour dieu sur terre, est appelé Ad-Dajjal (Le Faux Messie, Celui qui induit en erreur, en tromperie). Nous considérons que nous vivons cette époque en Occident depuis les philosophes des Lumières, où l'apparence et la réalité sont opposées, et où l'homme s'est érigé à la place de Dieu, au nom de la Raison.

L'ésotérisme n'est pas toujours qu'une histoire d'interprétation de symbole, il peut s'agir également de concept, comme la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. C'est l'une des batailles de la métaphysique la plus importante, et c'est en cela que réside sa controverse. Faire de la métaphysique une science, revient à donner le pouvoir aux individus de reconnaître l'existence de Dieu rationnellement, et légitimer par la suite la discipline théologique.

Le Discours Théologique ?


Si l'islam est la religion de la vérité, alors tout ce qui est véridique ne peut s'y opposer, car l'occident, avec tous les défauts qu'il peut comporter, n'est pas et n'a pas été toujours entièrement mensonge, surtout que nous avons tendance à réduire et assimiler l'idéologie occidentale, à celle de la minorité agissante, soit du pouvoir en place, oubliant les peuples qui sont globalement bien plus proches de respecter les traditions religieuses.

Nous faisons, ce rappel pour montrer qu'en occident, il y a eu un empire chrétien, et par conséquent, sur le sujet de la théologie que nous allons aborder, il y a des points communs avec l'islam.

« Pour le scientifique qui a vécu avec une foi intangible dans la puissance de la raison, l’histoire se termine comme un mauvais rêve. Il a gravi les montagnes de l’ignorance; il est sur le point de conquérir le sommet le plus élevé et tandis qu’il se hisse sur le dernier plateau, il est accueilli par une bande de théologiens qui s’y trouvaient depuis des siècles. »

Robert Jastrow

Ce témoignage de Robert Jastrow démontre clairement que nous avions raison sur notre théorie de la connaissance, et qu'Auguste Comte, à l'origine du positivisme, a complètement inversé la réalité. Robert Jastrow est l'exemple même de l'homme qui, parti de la science, finira par comprendre le message théologique, et non l'inverse.

« La sagesse de la philosophie est soumise à la théologie. »

Roger Bacon

La théologie est la science qui étudie le divin. Son objet d'étude principal est la Révélation Divine, puisqu'elle est sensée émaner de Dieu, selon les traditions.

Théologie :
Science de Dieu, de ses attributs, de ses rapports avec le monde et avec l'homme. Cette science fondée sur la Révélation et la Tradition.
Trésor de la langue française informatisé

Encore une fois, nous rappelons que ces textes existent et ne peuvent pas être niés. La théologie consiste à construire un discours cohérent, logique, de manière à pouvoir mettre en relation les textes révélés avec notre monde. Par exemple, le discours islamique sur l'au-delà, c'est-à-dire de la vie après la mort, est d'une clarté fort intéressante. À partir du corpus islamique, les théologiens ont su construire une vision et un discours sur ce sujet contenant aucune contradiction, c'est-à-dire une cohérence du point de vue de la logique, des textes et de la réalité.

En ce qui concerne l'existence de Dieu, les théologiens également ont essayé d'établir des démonstrations et des preuves logiques. Sachant que le Dieu chrétien est le même que Celui de l'islam, pour les musulmans, les démonstrations théologiques chrétiennes ne rentrent pas en contradiction avec certaines conceptions de l'islam, lorsque le concept de Trinité n'est pas évoqué.

Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites : “Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons”.

وَلَا تُجَادِلُوا أَهْلَ الْكِتَابِ إِلَّا بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ إِلَّا الَّذِينَ ظَلَمُوا مِنْهُمْ ۖ وَقُولُوا آمَنَّا بِالَّذِي أُنزِلَ إِلَيْنَا وَأُنزِلَ إِلَيْكُمْ وَإِلَٰهُنَا وَإِلَٰهُكُمْ وَاحِدٌ وَنَحْنُ لَهُ مُسْلِمُونَ

Coran, Sourate Al-‘Ankabût, L'Araignée, Verset 46

Les Quinquae Viae (les Cinq Voies), sont les chemins qui mènent à Dieu par la raison, selon le théologien Saint Thomas d'Aquin, exposées dans son œuvre Somme Théologique.

« Que Dieu existe, on peut prendre cinq voies pour le prouver.

La première et la plus manifeste est celle qui se prend du mouvement. Il est évident, nos sens nous l’attestent, que dans ce monde certaines choses se meuvent. Or, tout ce qui se meut est mû par un autre. En effet, rien ne se meut qu’autant qu’il est en puissance par rapport au terme de son mouvement, tandis qu’au contraire, ce qui meut le fait pour autant qu’il est en acte ; car mouvoir, c’est faire passer de la puissance à l’acte, et rien ne peut être amené à l’acte autrement que par un être en acte, comme un corps chaud en acte, tel le feu, rend chaud en acte le bois qui était auparavant chaud en puissance, et par là il le meut et l’altère. Or il n’est pas possible que le même être, envisagé sous le même rapport, soit à la fois en acte et en puissance ; il ne le peut que sous des rapports divers ; par exemple, ce qui est chaud en acte ne peut pas être en même temps chaud en puissance ; mais il est, en même temps, froid en puissance. Il est donc impossible que sous le même rapport et de la même manière quelque chose soit à la fois mouvant et mû, c’est-à-dire qu’il se meuve lui-même. Il faut donc que tout ce qui se meut soit mû par un autre. Donc, si la chose qui meut est mue elle-même, il faut qu’elle aussi soit mue par une autre, et celle-ci par une autre encore. Or, on ne peut ainsi continuer à l’infini, car dans ce cas il n’y aurait pas de moteur premier, et il s’ensuivrait qu’il n’y aurait pas non plus d’autres moteurs, car les moteurs seconds ne meuvent que selon qu’ils sont mûs par le moteur premier, comme le bâton ne meut que s’il est mû par la main. Donc il est nécessaire de parvenir à un moteur premier qui ne soit lui-même mû par aucun autre, et un tel être, tout le monde comprend que c’est Dieu.

La seconde voie part de la notion de cause efficiente. Nous constatons, à observer les choses sensibles, qu’il y a un ordre entre les causes efficientes ; mais ce qui ne se trouve pas et qui n’est pas possible, c’est qu’une chose soit la cause efficiente d’elle-même, ce qui la supposerait antérieure à elle-même, chose impossible. Or, il n’est pas possible non plus qu’on remonte à l’infini dans les causes efficientes ; car, parmi toutes les causes efficientes ordonnées entre elles, la première est cause des intermédiaires et les intermédiaires sont causes du dernier terme, que ces intermédiaires soient nombreux ou qu’il n’y en ait qu’un seul. D’autre part, supprimez la cause, vous supprimez aussi l’effet. Donc, s’il n’y a pas de premier, dans l’ordre des causes efficientes, il n’y aura ni dernier ni intermédiaire. Mais si l’on devait monter à l’infini dans la série des causes efficientes, il n’y aurait pas de cause première ; en conséquence, il n’y aurait ni effet dernier, ni cause efficiente intermédiaire, ce qui est évidemment faux. Il faut donc nécessairement affirmer qu’il existe une cause efficiente première, que tous appellent Dieu.

La troisième voie se prend du possible et du nécessaire, et la voici. Parmi les choses, nous en trouvons qui peuvent être et ne pas être la preuve, c’est que certaines choses naissent et disparaissent, et par conséquent ont la possibilité d’exister et de ne pas exister. Mais il est impossible que tout ce qui est de telle nature existe toujours ; car ce qui peut ne pas exister n’existe pas à un certain moment. Si donc tout peut ne pas exister, à un moment donné, rien n’a existé. Or, si c’était vrai, maintenant encore rien n’existerait ; car ce qui n’existe pas ne commence à exister que par quelque chose qui existe. Donc, s’il n’y a eu aucun être, il a été impossible que rien commençât d’exister, et ainsi, aujourd’hui, il n’y aurait rien, ce qu’on voit être faux. Donc, tous les êtres ne sont pas seulement possibles, et il y a du nécessaire dans les choses. Or, tout ce qui est nécessaire, ou bien tire sa nécessité d’ailleurs, ou bien non. Et il n’est pas possible d’aller à l’infini dans la série des nécessaires ayant une cause de leur nécessité, pas plus que pour les causes efficientes, comme on vient de le prouver. On est donc contraint d’affirmer l’existence d’un Être nécessaire par lui-même, qui ne tire pas d’ailleurs sa nécessité, mais qui est cause de la nécessité que l’on trouve hors de lui, et que tous appellent Dieu.

La quatrième voie procède des degrés que l’on trouve dans les choses. On voit en effet dans les choses du plus ou moins bon, du plus ou moins vrai, du plus ou moins noble, etc. Or, une qualité est attribuée en plus ou en moins à des choses diverses selon leur proximité différente à l’égard de la chose en laquelle cette qualité est réalisée au suprême degré ; par exemple, on dira plus chaud ce qui se rapproche davantage de ce qui est superlativement chaud. Il y a donc quelque chose qui est souverainement vrai, souverainement bon, souverainement noble, et par conséquent aussi souverainement être, car, comme le fait voir Aristote dans la Métaphysique, le plus haut degré du vrai coïncide avec le plus haut degré de l’être. D’autre part, ce qui est au sommet de la perfection dans un genre donné, est cause de cette même perfection en tous ceux qui appartiennent à ce genre : ainsi le feu, qui est superlativement chaud, est cause de la chaleur de tout ce qui est chaud, comme il est dit au même livre. Il y a donc un être qui est, pour tous les êtres, cause d’être, de bonté et de toute perfection. C’est lui que nous appelons Dieu.

La cinquième voie est tirée du gouvernement des choses. Nous voyons que des êtres privés de connaissance, comme les corps naturels, agissent en vue d’une fin, ce qui nous est manifesté par le fait que, toujours ou le plus souvent, ils agissent de la même manière, de façon à réaliser le meilleur ; il est donc clair que ce n’est pas par hasard, mais en vertu d’une intention qu’ils parviennent à leur fin. Or, ce qui est privé de connaissance ne peut tendre à une fin que dirigé par un être connaissant et intelligent, comme la flèche par l’archer. Il y a donc un être intelligent par lequel toutes choses naturelles sont ordonnées à leur fin, et cet être, c’est lui que nous appelons Dieu. »

Saint Thomas d'Aquin

Pour démontrer l'existence de Dieu, Saint Thomas d'Aquin dans ses Cinq Voies, exerce de la métaphysique pure. Ce n'est pas de la simple philosophie, car il est dans le concept pur, et la réflexion des premières causes. Mais c'est également dans le même temps, un discours théologique, puisqu'il discute de Dieu, tout en s'appuyant sur le raisonnement métaphysique. En faisant cela, malgré les positions que le théologien détenait sur la religion musulmane, et tous les préjugés répandus à son époque qu'il pouvait avoir, sa démonstration reste universelle, et c'est pour cela qu'elle est compatible avec le Dieu de l'islam. Car la vérité ne peut s'opposer à la vérité. On sait aujourd’hui, que Saint Thomas d’Aquin s’est largement inspiré de la philosophie d’Avicenne et d’Averroès.

Pour en terminer avec la théologie, il faut savoir que certains intellectuels la considèrent comme la science la plus noble. Simplement parce qu'elle demande aux théologiens un effort considérable de réflexion et d'interprétation des textes, en vue de leur donner un sens devant traverser les époques.

Tome II - La Philosophie | Chapitre 4 - Les Limites de la Philosophie

Tome II - La Philosophie | Chapitre 4 - Les Limites de la Philosophie