Tradition

Ibn Ahmad At-Tusi al-Ghazzali

L’univers est constitué par deux mondes, spirituel et matériel, ou, si vous préférez, un monde des sens et un monde de l’intelligence ; ou encore un monde supérieur et un monde inférieur. Toutes ces expressions sont proches l’une de l’autre et la différence entre elle n’est qu’une question de point de vue.

Abu Hanifa

« Sache que lorsque tu fais du tort à dix personnes, elles deviennent pour toi des ennemis, même si elles étaient pour toi des mères et des pères, et que si tu es bon avec dix êtres humains, qui n’étaient pas tes proches, ils deviennent pour toi des mères et des pères. Ainsi, si tu entres à Basra, et te rends auprès de rivaux, en affectant des airs, en faisant prévaloir ta science sur la leur et en t’abstenant de les fréquenter, ils s’éloigneront de toi comme tu t’éloignes d’eux, t’insulteront comme tu les insultes, t’égareront comme tu les égares, cet opprobre va nous poursuivre comme il va te poursuivre, et il te faudra fuir loin d’eux. Cela ne constitue pas la bonne solution, et n’est pas sensé celui qui, n’ayant pas d’autre choix que de ménager l’autre, ne le fait pas, en attendant que Dieu change la situation… Si tu entres à Basra, les gens t’accueilleront, te visiteront et t’accorderont tes droits. Reconnais donc à chaque homme le rang qui est le sien, traite avec générosité les gens de bien, respecte les savants et les sages, sois tendre avec les jeunes, rapproche-toi du peuple et sois indulgent avec les libertins, fréquente les vertueux, ne sois pas négligent avec les princes, ne méprise personne, ne te repose pas sur ta vertu, ne divulgue tes secrets à personne, n’accorde ta compagnie à qui que ce soit avant de l’avoir éprouvé, ne sois l’ami ni du médiocre ni du vil, ne t’habitue pas à ce qui est répréhensible, ne fréquente pas celui qui t’est apparemment hostile, et ne t’ouvre surtout pas aux sots… Sois indulgent, patient, endurant, de bonne composition et généreux, renouvelle les vêtements de ta garde-robe, choisis bien ta monture et recours abondamment au parfum… Dispense généralement ta nourriture, car aucun avare n’a jamais été malin. Aie un entourage qui te fasse connaître les gens de bien, lorsque tu entendras parler de corruption, tu t’empresseras de faire régner la vertu, et lorsque tu entendras parler de vertu, tu n’éprouveras que plus de désir pour elle. Visite ceux qui te visitent comme ceux qui ne te visitent pas, traite bien ceux qui te traitent bien comme ceux qui te nuisent, accepte le pardon et ordonne le bien, ne t’occupe pas de ce qui ne te concerne pas et abandonne tout ce qui te porte préjudice, empresse-toi de faire triompher le droit, visite de toi-même tes frères malades, prodigue-leur de l’affection, enquiers-toi de celui qui est absent et n’abandonne pas celui qui t’abandonne.
Sois amical avec les autres dans la mesure du possible, diffuse la paix, même chez les pervers… Et si, lorsque tu te retrouves avec d’autres personnes lors d’une séance ou à la mosquée, ils abordent un problème différemment de toi, ne manifeste pas cette différence, et s’ils t’interrogent, transmets-leur ce qu’ils connaissent, tout en leur disant : Il y a cependant un autre point de vue, qui est celui-ci…, et dont l’argumentation est la suivante… L’apprenant de toi, ils l’estimeront et t’estimeront. Et s’ils demandent : « Qui soutient cela ? », réponds : « Certains faqih ». Et s’ils retiennent ce point de vue, ils auront reconnu ta valeur et apprécié ton rang. Donne à tous ceux qui te fréquentent quelque science qu’ils puissent étudier, traite-les de façon conviviale et plaisante parfois avec eux, car l’amitié pérennise l’étude de la science. Nourris-les de temps en temps et pourvois à leurs besoins, reconnais leur valeur et ferme les yeux sur leurs bévues, sois doux avec eux et indulgent, ne manifeste d’impatience et d’ennui avec aucun d’entre eux, sois comme l’un d’entre eux, lutte contre ton ego en contrôlant ses fantaisies… N’impose pas aux autres ce qu’ils ne pourraient assumer, désire pour eux ce qu’ils désirent pour eux-mêmes, sois bien intentionné à leur égard, sois sincère et laisse de côté l’orgueil, ne trahis surtout pas, même s’ils te trahissent, reste confiant même lorsqu’ils te sont déloyaux, retranche-toi dans la piété, fréquente les hommes de religion et traite-les le mieux possible ».

Ahmad ibn Hanbal

Je voudrais être dans un sentier de montagne de la Mecque, pour rester inconnu, car j'ai été mis à l'épreuve par la notoriété, et vraiment, je souhaite la mort du matin au soir.

Ibn Kathir

‘Abd ar-Rahmân ibn ‘Awf se mit à consulter tous les musulmans, les notables comme les gens ordinaires. Il le fit en public, en sʼadressant à des groupes de gens et en privé, en sʼentretenant avec certaines personnes en particulier. Il alla même jusquʼà demander leurs avis aux femmes qui ne quittaient guère leurs foyers, aux enfants qui apprenaient le Coran et aux voyageurs qui se rendaient à Médine en simples visiteurs.

Ibn Khaldûn

« L’établissement d’un imam est une chose d’obligation ; la loi, se fondant sur l’accord général des compagnons du Prophète et de leurs disciples, en a déclaré la nécessité. [...] Quelques docteurs ont enseigné que cette nécessité se comprend par le simple raisonnement et que l’accord général dont il s’agit est le résultat d’un jugement fondé sur la raison. [...] Ce raisonnement est identiquement celui qu’employaient les philosophes, lorsqu’ils voulaient démontrer que la faculté du prophétisme existe nécessairement dans l’espèce humaine, et j’ai déjà indiqué la faiblesse de leur argument. Je n’admets pas le principe qui déclare que l’établissement d’un modérateur auquel tout le peuple doit se soumettre avec confiance et résignation soit ordonné par la loi divine. »

Ibn Khaldûn

« On a nommé le khalife imam, parce qu’on l’a assimilé à l’imam qui dirige la prière publique, et dont les mouvements sont imités par toute la congrégation. De là provient l’emploi du terme grand imamat pour désigner la qualité de khalife. On adopta d’abord le mot khalife, parce que ce chef remplaça le Prophète auprès du peuple. On peut dire le khalife sans aucune addition, ou bien le khalife du Prophète de Dieu. Quelques personnes avaient d’abord employé le titre de khalifat Allah « le lieutenant de Dieu » ; mais cela donna lieu à une controverse : ceux qui admettaient cette forme s’appuyaient sur le fait que Dieu avait accordé aux hommes la lieutenance universelle (sur toutes les créatures). Il a dit, par exemple : Je vais instituer un lieutenant sur la terre (Coran 2:28), et : Il vous a institués comme ses lieutenants sur la terre. (Coran 6:165) La plupart des docteurs repoussent cependant l’emploi de ce titre, en déclarant que la signification des versets qu’on cite ne l’autorise pas. Ils s’appuient aussi sur la parole d’Abou Bekr, qui défendit aux musulmans de l’appeler lieutenant de Dieu. « Je ne suis pas son lieutenant, leur dit-il, mais le lieutenant de l’Apôtre de Dieu. » Celui qui est absent, disent-ils encore, peut seul avoir un lieutenant ; celui qui est toujours présent n’en a aucun besoin. »

Ibn Khaldûn

« Quelques légistes croient, cependant, que cette règle ne s’applique qu’à un seul pays ou à deux pays qui se touchent ; mais, quand il y a une telle distance entre les provinces que l’autorité de l’imam établi dans l’une ne pourra pas se faire sentir dans l’autre, ils déclarent qu’il est permis d’installer dans celle-ci un second imam, pour veiller au bien de la communauté. »

Ibn Qayyim al-Jawziyyah

« En vérité, la charia est fondée sur la sagesse et le bien-être des serviteurs de cette vie et de lʼau-delà. Dans son intégralité, c’est la justice, la miséricorde, le profitable et la sagesse. Toute question qui abandonne la justice pour la tyrannie, la miséricorde pour la cruauté, lʼintérêt général pour la corruption et la sagesse pour la folie ne fait pas partie de la charia, même si elle y a été introduite par une interprétation. »

Ibn Qayyim al-Jawziyyah

Celui qui connait sa personne s’attachera à la rectifier plutôt que de s’intéresser aux défauts des gens. Et celui qui connaît son Seigneur, sera préoccupé par Lui plutôt que par ses passions.

Ibn Qayyim al-Jawziyyah

« L’ignorant ne voit que l’apparence, alors que l’homme doué de raison voit ce qui se cache derrière. »

Imam Shafi'ee

« Il devient avéré pour lʼauditeur que lʼinjustice est le fait de ses habitants et non de ces édifices qui ne peuvent pas au demeurant commettre dʼinjustice. »

Imam Maalik

« Chacun parmi nous peut rejeter une parole ou voir sa parole rejetée, sauf la parole de celui qui occupe cette tombe (Et il indiqua la tombe du Messager de Dieu ().) »

Imam Maalik

« Les Compagnons du Prophète () se sont dispersés à travers le monde, chacun ayant sa conception de lʼiftâ selon lʼépoque et le lieu : il en est ainsi des Mecquois et des Médinois. Et quant aux irakiens, ils sʼaventurent sur des terrains quʼils ne connaissent pas. »1

Professeur Muhammad Hamidullah

« Quoi quʼil en soit, Muhammad consulta ses fidèles ainsi que ses voisins non-Musulmans ; et tous réunis dans la maison dʼAnas (Bukhâri 96/16, N°18), décidèrent de se constituer en une cité-état. La loi constitutionnelle fut rédigée dans un acte, dont le texte nous a heureusement été conservé intégralement. Si cʼest la constitution du premier Etat musulman, cʼest également la première constitution-écrite dʼun Etat dans le monde entier. »

Proverbes/Sagesses Populaires

Les voies vers Dieu sont aussi nombreuses que les âmes des Hommes