Citations de Ibn Khaldûn

Ibn Khaldûn

« L’établissement d’un imam est une chose d’obligation ; la loi, se fondant sur l’accord général des compagnons du Prophète et de leurs disciples, en a déclaré la nécessité. [...] Quelques docteurs ont enseigné que cette nécessité se comprend par le simple raisonnement et que l’accord général dont il s’agit est le résultat d’un jugement fondé sur la raison. [...] Ce raisonnement est identiquement celui qu’employaient les philosophes, lorsqu’ils voulaient démontrer que la faculté du prophétisme existe nécessairement dans l’espèce humaine, et j’ai déjà indiqué la faiblesse de leur argument. Je n’admets pas le principe qui déclare que l’établissement d’un modérateur auquel tout le peuple doit se soumettre avec confiance et résignation soit ordonné par la loi divine. »

Ibn Khaldûn

« On a nommé le khalife imam, parce qu’on l’a assimilé à l’imam qui dirige la prière publique, et dont les mouvements sont imités par toute la congrégation. De là provient l’emploi du terme grand imamat pour désigner la qualité de khalife. On adopta d’abord le mot khalife, parce que ce chef remplaça le Prophète auprès du peuple. On peut dire le khalife sans aucune addition, ou bien le khalife du Prophète de Dieu. Quelques personnes avaient d’abord employé le titre de khalifat Allah « le lieutenant de Dieu » ; mais cela donna lieu à une controverse : ceux qui admettaient cette forme s’appuyaient sur le fait que Dieu avait accordé aux hommes la lieutenance universelle (sur toutes les créatures). Il a dit, par exemple : Je vais instituer un lieutenant sur la terre (Coran 2:28), et : Il vous a institués comme ses lieutenants sur la terre. (Coran 6:165) La plupart des docteurs repoussent cependant l’emploi de ce titre, en déclarant que la signification des versets qu’on cite ne l’autorise pas. Ils s’appuient aussi sur la parole d’Abou Bekr, qui défendit aux musulmans de l’appeler lieutenant de Dieu. « Je ne suis pas son lieutenant, leur dit-il, mais le lieutenant de l’Apôtre de Dieu. » Celui qui est absent, disent-ils encore, peut seul avoir un lieutenant ; celui qui est toujours présent n’en a aucun besoin. »

Ibn Khaldûn

« Quelques légistes croient, cependant, que cette règle ne s’applique qu’à un seul pays ou à deux pays qui se touchent ; mais, quand il y a une telle distance entre les provinces que l’autorité de l’imam établi dans l’une ne pourra pas se faire sentir dans l’autre, ils déclarent qu’il est permis d’installer dans celle-ci un second imam, pour veiller au bien de la communauté. »