Citations de Abu Hanifa

Abu Hanifa

« Sache que lorsque tu fais du tort à dix personnes, elles deviennent pour toi des ennemis, même si elles étaient pour toi des mères et des pères, et que si tu es bon avec dix êtres humains, qui n’étaient pas tes proches, ils deviennent pour toi des mères et des pères. Ainsi, si tu entres à Basra, et te rends auprès de rivaux, en affectant des airs, en faisant prévaloir ta science sur la leur et en t’abstenant de les fréquenter, ils s’éloigneront de toi comme tu t’éloignes d’eux, t’insulteront comme tu les insultes, t’égareront comme tu les égares, cet opprobre va nous poursuivre comme il va te poursuivre, et il te faudra fuir loin d’eux. Cela ne constitue pas la bonne solution, et n’est pas sensé celui qui, n’ayant pas d’autre choix que de ménager l’autre, ne le fait pas, en attendant que Dieu change la situation… Si tu entres à Basra, les gens t’accueilleront, te visiteront et t’accorderont tes droits. Reconnais donc à chaque homme le rang qui est le sien, traite avec générosité les gens de bien, respecte les savants et les sages, sois tendre avec les jeunes, rapproche-toi du peuple et sois indulgent avec les libertins, fréquente les vertueux, ne sois pas négligent avec les princes, ne méprise personne, ne te repose pas sur ta vertu, ne divulgue tes secrets à personne, n’accorde ta compagnie à qui que ce soit avant de l’avoir éprouvé, ne sois l’ami ni du médiocre ni du vil, ne t’habitue pas à ce qui est répréhensible, ne fréquente pas celui qui t’est apparemment hostile, et ne t’ouvre surtout pas aux sots… Sois indulgent, patient, endurant, de bonne composition et généreux, renouvelle les vêtements de ta garde-robe, choisis bien ta monture et recours abondamment au parfum… Dispense généralement ta nourriture, car aucun avare n’a jamais été malin. Aie un entourage qui te fasse connaître les gens de bien, lorsque tu entendras parler de corruption, tu t’empresseras de faire régner la vertu, et lorsque tu entendras parler de vertu, tu n’éprouveras que plus de désir pour elle. Visite ceux qui te visitent comme ceux qui ne te visitent pas, traite bien ceux qui te traitent bien comme ceux qui te nuisent, accepte le pardon et ordonne le bien, ne t’occupe pas de ce qui ne te concerne pas et abandonne tout ce qui te porte préjudice, empresse-toi de faire triompher le droit, visite de toi-même tes frères malades, prodigue-leur de l’affection, enquiers-toi de celui qui est absent et n’abandonne pas celui qui t’abandonne.
Sois amical avec les autres dans la mesure du possible, diffuse la paix, même chez les pervers… Et si, lorsque tu te retrouves avec d’autres personnes lors d’une séance ou à la mosquée, ils abordent un problème différemment de toi, ne manifeste pas cette différence, et s’ils t’interrogent, transmets-leur ce qu’ils connaissent, tout en leur disant : Il y a cependant un autre point de vue, qui est celui-ci…, et dont l’argumentation est la suivante… L’apprenant de toi, ils l’estimeront et t’estimeront. Et s’ils demandent : « Qui soutient cela ? », réponds : « Certains faqih ». Et s’ils retiennent ce point de vue, ils auront reconnu ta valeur et apprécié ton rang. Donne à tous ceux qui te fréquentent quelque science qu’ils puissent étudier, traite-les de façon conviviale et plaisante parfois avec eux, car l’amitié pérennise l’étude de la science. Nourris-les de temps en temps et pourvois à leurs besoins, reconnais leur valeur et ferme les yeux sur leurs bévues, sois doux avec eux et indulgent, ne manifeste d’impatience et d’ennui avec aucun d’entre eux, sois comme l’un d’entre eux, lutte contre ton ego en contrôlant ses fantaisies… N’impose pas aux autres ce qu’ils ne pourraient assumer, désire pour eux ce qu’ils désirent pour eux-mêmes, sois bien intentionné à leur égard, sois sincère et laisse de côté l’orgueil, ne trahis surtout pas, même s’ils te trahissent, reste confiant même lorsqu’ils te sont déloyaux, retranche-toi dans la piété, fréquente les hommes de religion et traite-les le mieux possible ».